Le grand voyage
des poulains dans leur ventre, poursuivit-il
en aparté.
— Autant chercher un bon emplacement pour camper, suggéra
Ayla. Nous devrions aussi envisager une chasse. Il y a peut-être des lagopèdes
dans les arbres qui bordent la rivière.
— Dommage qu’il n’y ait pas de source chaude, regretta
Jondalar. J’adore les bains chauds, on est si détendu après.
Ayla contemplait de très haut une nappe d’eau sans fin.
De l’autre côté, les vastes plaines herbeuses s’étendaient à perte de vue. Elle
apercevait, tout près, une prairie de montagne à l’aspect familier, bordée par
une muraille rocheuse creusée d’une petite grotte. Un buisson de noisetiers en
cachait l’entrée.
Elle avait peur. La neige qui tombait dehors bouchait l’entrée
de la grotte, mais lorsqu’elle écarta les branches de noisetiers et sortit, c’était
le printemps. Les fleurs s’épanouissaient et des oiseaux chantaient. Partout la
vie jaillissait. Dans la grotte, un nouveau-né affamé pleurait.
Portant le bébé sur sa hanche, dans les plis de sa cape, elle
suivait quelqu’un qui descendait la montagne. Il boitait en s’appuyant sur un
bâton et portait sur son dos une chose qui saillait sous sa cape. C’était Creb,
et il protégeait son nouveau-né. Ils marchèrent, marchèrent une éternité,
couvrirent une distance immense, à travers les montagnes et de vastes plaines
et arrivèrent enfin dans une vallée où ils trouvèrent un pré bien protégé,
fréquenté par des chevaux.
Creb s’arrêta, ôta sa cape et l’étendit sur le sol. Ayla crut
voir le blanc d’un os, mais un jeune cheval marron sortit en courant de la cape
et se précipita vers une jument louvette. Ayla siffla, mais la jument s’enfuit
avec un étalon clair.
Creb se retourna et lui fit un signe dans un langage qu’elle
ne connaissait pas. Il essaya d’autres signes. « Viens, nous y serons
avant la nuit. »
Elle se retrouva dans le long corridor d’une caverne
profonde. Une lumière scintilla au loin. C’était l’ouverture de la caverne.
Elle gravissait un sentier escarpé qui longeait une muraille rocheuse d’un
blanc crème, et suivait un homme qui marchait à longues enjambées. Elle
connaissait cet endroit et elle se hâta de rejoindre l’homme.
« Attends ! Attends-moi, j’arrive »,
cria-t-elle.
— Ayla ! Ayla ! appela Jondalar en la
secouant. Encore un de tes cauchemars ?
— J’ai fait un rêve étrange, mais ce n’était pas un
cauchemar.
Elle se leva, mais prise de nausée, elle s’allongea de nouveau
en espérant que cela passerait.
Jondalar agita la couverture en peau devant l’étalon clair
et Loup le harcela en aboyant pendant qu’Ayla glissait un harnais sur la tête
de Whinney. Rapide, solidement attaché à un arbre, portait tout le matériel
excepté un panier dont Ayla chargea Whinney.
Puis, elle enfourcha la jument et la poussa au galop vers l’autre
extrémité du pré. L’étalon clair se lança à leur poursuite, mais plus ils s’éloignaient
plus il ralentissait. Il finit par s’arrêter, se cabra et hennit vers Whinney
une dernière fois avant de retourner au galop près des femelles que d’autres
étalons, profitant de son absence, commençaient à courtiser. A proximité du
troupeau, il se cabra de nouveau, défiant les audacieux d’un hennissement
sonore.
Ayla remit Whinney au trot, puis l’arrêta pour attendre Jondalar
monté sur Rapide qui arrivait au galop, Loup dans son sillage.
— Si nous nous hâtons, nous arriverons avant la nuit, dit
Jondalar. Ayla guida Whinney au côté de Rapide. Elle avait l’étrange impression
d’avoir déjà vécu ce moment.
— Ainsi, nous allons toutes les deux avoir un petit, dit
Ayla. Et nous avions toutes les deux un mâle la première fois. C’est bon signe.
Nous attendrons la naissance ensemble.
— Il y aura beaucoup de monde autour de toi pour attendre
ce moment, Ayla.
— Tu as sans doute raison, mais j’aurai plaisir à partager
cela avec Whinney... Elle est plus jeune que moi, ajouta-t-elle après un long
silence. Moi, je suis déjà vieille pour avoir un bébé.
— Tu n’es pas vieille, Ayla, protesta Jondalar. C’est moi
qui suis vieux.
— J’ai eu dix-neuf ans ce printemps. C’est beaucoup pour
avoir un enfant.
— Et moi, j’ai plus de vingt-trois ans. Et je n’ai encore
jamais créé de foyer ! C’est très vieux ! Te rends-tu compte que je
suis parti cinq ans ? Je me demande si on se
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