Le grand voyage
large nez busqué
saillait dans un visage sans menton aux lourdes mâchoires. Ses arcades
sourcilières proéminentes se rejoignaient au-dessus du nez et les épais
sourcils en accentuaient le dessin, barrant son front d’une unique ligne de
poils broussailleux. De courtes jambes, arquées et velues, soutenaient un long
corps au torse impressionnant prolongé par de gros bras musclés. C’étaient les
traits du Clan, mais on ne pouvait pas le confondre avec les Têtes Plates.
Contrairement à eux, il ne possédait pas le front fuyant ni la tête comme
aplatie par un coup, et dont ils tiraient leur nom. Le front d’Echozar s’élevait
haut et droit comme celui des membres de la Caverne.
La laideur d’Echozar était pathétique. Il semblait l’antithèse
de la femme qui serait bientôt sa compagne. Mais ses yeux débordaient d’adoration
béate et auraient presque fait oublier l’indicible tristesse qui enveloppait
Joplaya.
Cet amour manifeste ne suffisait pas à atténuer la douleur qu’Ayla
ressentait pour Joplaya. Elle ne supportait plus ce spectacle et enfouit sa
tête contre la poitrine de Jondalar.
Lorsque le couple acheva son troisième tour, le silence fut
brisé par les vœux de bonheur lancés par les Lanzadonii. Ayla essaya de se
recomposer un visage. Poussée par Jondalar, elle alla présenter ses compliments
au jeune couple.
— Joplaya, je suis heureux que vous célébriez votre Union
en même temps que nous, déclara Jondalar en l’embrassant.
Elle le serra si fort qu’il lui lança un regard étonné. Il avait
le pénible sentiment qu’elle lui faisait des adieux définitifs, et qu’il ne la
reverrait jamais.
— Je te souhaite d’être toujours aussi heureux qu’aujourd’hui,
Echozar, déclara Ayla.
— Avec Joplaya, comment pourrait-il en être
autrement ? répondit-il.
Prise d’une impulsion subite, elle l’étreignit. Elle ne le
trouvait pas laid, au contraire. Pour elle, il avait un physique rassurant,
familier. Echozar ne réagit pas tout de suite. Il n’avait pas l’habitude d’être
embrassé par de jolies femmes et il ressentit une chaude tendresse pour l’étrangère
aux cheveux d’or.
Ayla plongea alors son regard dans des yeux aussi verts que ceux
de Jondalar étaient bleus, mais les mots qu’elle allait dire lui restèrent dans
la gorge. Elle tomba dans les bras de Joplaya, bouleversée par son renoncement
héroïque, et la jeune Lanzadonii lui tapota l’épaule comme si c’était elle qui
avait besoin de consolation.
— Ne pleure pas, Ayla, dit Joplaya d’une voix éteinte, les
yeux secs. Que pouvais-je faire d’autre ? Jamais personne ne m’aimera
autant qu’Echozar. Je savais depuis longtemps que je m’unirais un jour avec
lui, et il n’y avait plus de raison de remettre ma décision.
Ayla se dégagea, luttant contre les larmes, et vit Echozar s’approcher
doucement de Joplaya. Il enlaça timidement la jeune femme par la taille, sans
parvenir à croire tout à fait à ce qu’il lui arrivait. Il avait peur de se
réveiller et de découvrir qu’il avait rêvé. Il ne semblait pas se douter qu’il
ne possédait que l’enveloppe de la femme qu’il aimait. Mais l’enveloppe lui
suffisait.
— Euh, non... Je ne l’ai pas vu de mes propres yeux,
avoua Hochaman, et je ne l’ai pas cru. Mais si vous pouvez monter sur le dos
des chevaux et apprendre à un loup à vous suivre partout, pourquoi ne
monterait-on pas aussi sur le dos des mammouths ?
— Où cela s’est-il passé ? demanda Dalanar.
— C’était peu après notre départ, loin vers le levant. Ce
devait être un mammouth à quatre doigts, précisa Hochaman.
— Un mammouth à quatre doigts ? Je n’ai jamais entendu
parler de ça, s’étonna Jondalar. Pas même chez les Mamutoï.
— Les Mamutoï ne sont pas les seuls à chasser le mammouth,
tu sais. D’ailleurs, ils ne vivent pas assez à l’est. Crois-moi, ce sont
presque des voisins en comparaison. Quand tu approches de la Mer Sans Fin, les
mammouths possèdent quatre doigts à leurs pattes de derrière. Ils sont plus
foncés, et parfois presque noirs.
— Évidemment, si un lion des cavernes a porté Ayla sur son
dos, quelqu’un peut très bien monter sur le dos d’un mammouth, déclara
Jondalar. Qu’en penses-tu, Ayla ?
— Si on les prend assez jeunes, c’est possible. Je crois
que si on habitue n’importe quel animal à vivre parmi les humains quand il est
bébé, on peut le dresser. On peut en
Weitere Kostenlose Bücher