Le grand voyage
s’étaient
arrêtés en haut de la colline. Il était satisfait de leur progression, et
envisageait la suite du voyage avec plus d’optimisme. Sa sérénité nouvelle n’échappa
pas à Ayla. Elle l’attribua à l’amélioration de ses qualités équestres.
Jondalar avait souvent monté Rapide, mais ce long voyage lui donnait l’occasion
de se familiariser avec sa personnalité, ses manies, ses préférences, et
permettait au cheval de mieux connaître son cavalier. Les muscles de l’homme
avaient appris à épouser les mouvements de la monture, son assiette était plus
assurée, et donc sa position plus confortable pour lui, mais aussi pour le
cheval.
D’après Ayla, l’aisance accrue de Jondalar n’expliquait pas
tout. A ses gestes moins brusques, elle déduisait en outre que son inquiétude s’était
apaisée. Bien qu’elle ne vît pas son visage, elle devinait que les plis
soucieux de son front s’étaient effacés et qu’il était d’humeur souriante. C’était
si bon de le voir sourire ! Elle observait ses muscles rouler sous sa peau
bronzée au rythme de Rapide dont l’allure était souple et uniforme, et fut
envahie par une bouffée de chaleur qui ne devait rien à la température
ambiante... Comme elle aimait le regarder !
Loin vers l’ouest, ils apercevaient les montagnes pourpres, dont
les sommets d’un blanc brillant perçaient les nuages noirs accrochés à leurs
flancs. Ils avaient rarement l’occasion de voir des pics enneigés, et Jondalar
s’émerveillait de ce plaisir unique. D’habitude, les sommets immaculés étaient
noyés dans les nuages, fourrure blanche qui les cachait comme des objets
précieux, ne s’entrouvrant que le temps de révéler leur éclat mystérieux, les
rendant d’autant plus désirables.
Jondalar avait chaud, lui aussi, et il aurait bien voulu être
plus près de ces montagnes enneigées, chez les Sharamudoï par exemple. Lorsqu’il
aperçut le miroitement de l’eau au fond de la vallée, il observa la position du
soleil, et bien qu’il fût encore tôt, il décida de s’arrêter. Ils chevauchaient
à un bon rythme, plus rapidement qu’il ne l’aurait cru, et il ignorait quand
ils trouveraient le prochain point d’eau.
De riches herbacées, principalement des tiges ligneuses, des
fétuques et des espèces annuelles à germination rapide, poussaient sur le
versant de la colline. L’épaisse couche sédimentaire offrait un terreau noir
fertile, riche en humus, suffisant pour que poussent des arbres, pourtant rares
dans les steppes de ces régions, exception faite de quelques pins rabougris aux
racines vivaces qui allaient chercher l’eau profond dans le sol. Des bois où se
mêlaient bouleaux, mélèzes et conifères qui perdaient leurs aiguilles en hiver
étaient remplacés par des bosquets d’aulnes et de saules à mesure qu’on
descendait. Dans la vallée, au bord de la rivière dont le murmure lui parvenait
aux oreilles, Ayla eut la surprise de découvrir des chênes nains, des hêtres et
des tilleuls. Depuis qu’elle avait quitté la caverne de Brun, située au sud de
la péninsule bien irriguée qui avançait dans la mer de Beran, elle n’avait
guère vu d’arbres à feuilles larges.
Le petit cours d’eau avait creusé son lit en zigzaguant à
travers les buissons. Une de ses boucles, toutefois, était bordée de saules
frêles et élancés qui délimitaient la zone forestière du versant opposé.
Jondalar et Ayla préféraient traverser les rivières avant d’installer leur
campement pour ne pas avoir à se mouiller en partant le lendemain. Ils
décidèrent donc de planter leur tente près des saules. Ils longèrent le courant
à la recherche d’un gué, et trouvèrent un large passage pierreux où ils traversèrent.
Tout en installant la tente, Jondalar se surprit à observer
Ayla. Charmé par son corps chaud et bronzé, il s’estimait heureux. Elle n’était
pas seulement belle – tout en elle lui plaisait, sa force, sa grâce,
sa souplesse, son assurance –, elle était de surcroît une merveilleuse
compagne de voyage, et elle apportait sa part équitable à leur bien-être. Bien
qu’il se sentît responsable d’elle et qu’il brûlât de la protéger, il trouvait
agréable de pouvoir compter sur elle. Voyager avec Ayla était à bien des égards
comme voyager avec son frère qu’il avait toujours essayé de protéger, lui
aussi. Prendre soin de ceux qu’il aimait, c’était dans sa nature.
Il y avait
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