Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le grand voyage

Le grand voyage

Titel: Le grand voyage Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
Vom Netzwerk:
travers la pluie et les nuages.
    Ils s’arrêtèrent et Ayla mit pied à terre pour reposer Whinney
et Jondalar l’imita. Ils cherchèrent à deviner à travers la nuit noire ce qui
se passait dans la vallée qu’ils venaient de fuir. Un éclair zébra le ciel au
loin, et le tonnerre gronda. Comme pétrifiés, ils scrutaient par-delà le
gouffre noir essayant de découvrir quelle calamité détruisait la vallée. Ils se
rendaient compte qu’ils avaient échappé à un terrible désastre dont ils n’appréciaient
pas encore l’ampleur.
    Ayla sentit d’étranges picotements dans sa tête, et elle
entendit un craquement sourd. Ses narines frémirent en décelant un âcre parfum
d’ozone, comme une odeur de brûlé qui ne serait pas due au feu, mais à un
phénomène céleste. Elle comprit soudain que l’odeur devait provenir des
éclairs. Les yeux dilatés de peur, tremblante d’effroi, elle s’agrippa à
Jondalar. Au-dessous d’eux, un grand pin abrité des vents acérés par une
excroissance rocheuse s’embrasa d’une inquiétante lueur bleue.
    Jondalar, qui aurait bien voulu la protéger, entoura Ayla de son
bras, mais il était aussi effrayé qu’elle. Impuissant à dompter le feu céleste,
il ne pouvait que la serrer dans ses bras. Alors, une boule de feu décrivit un
arc de cercle à travers les nuages embrasés, explosa en une gerbe de flèches
rougeoyantes, et dans un éclair aveuglant, foudroya le grand pin. Ayla sursauta
au craquement, si violent que ses oreilles tintèrent, et elle se tassa en
entendant les échos du tonnerre se répercuter à travers toute la voûte du ciel.
L’intensité du rayonnement lumineux leur avait fait découvrir la gravité de la
destruction à laquelle ils venaient d’échapper.
    La vallée était ravagée. Le sol tout entier n’était plus qu’un
immense maelström. Sur le versant opposé, un glissement de terrain avait
recouvert le lit de la rivière d’amas de rochers et d’arbres arrachés, laissant
derrière lui, dans le sol éventré, une profonde cicatrice de terre rougeâtre.
    Cette averse torrentielle était due à un concours de
circonstances assez courant. Tout avait commencé à l’ouest, dans les montagnes,
à cause de dépressions atmosphériques au-dessus de la mer intérieure. Des
tourbillons d’air chaud saturé d’humidité avaient été aspirés vers le haut et s’étaient
condensés en formant d’énormes nuages houleux, accrochés au sommet des collines
rocheuses. L’air chaud s’était heurté à un front froid, créant une turbulence
qui s’était résolue en un orage d’une intensité peu commune.
    La pluie s’était déversée des cieux surchargés, engorgeant la
terre qui bientôt avait débordé de ruisseaux bouillonnants. Charriant des
rochers, ils s’étaient enflés en torrents dévastateurs. Puis, en prenant de la
vitesse, les eaux tumultueuses nourries par le déluge continuel avaient dévalé
les collines abruptes, renversant les obstacles, grossissant d’autres torrents,
devenant une force dévastatrice qui saccageait tout sur son passage.
    Lorsque l’inondation avait atteint le vert vallon, l’eau avait
jailli au-dessus de la cascade et, dans un grondement vorace, s’était engouffrée
dans la vallée. Mais la plaine riche et verdoyante réservait une surprise aux
eaux bouillonnantes. Dans l’ère en cours, d’amples mouvements du relief avaient
soulevé la terre, élevant le niveau de la petite mer intérieure, et lui ouvrant
des passages au sud sur une mer encore plus vaste. Pendant les dernières
décennies, le soulèvement avait fini par clore la vallée, la transformant en un
bassin étroit qu’irriguait la rivière. Elle était alors devenue un petit lac
protégé par un barrage naturel. Mais une brèche s’était creusée quelques années
auparavant, asséchant le petit réservoir d’eau, laissant toutefois assez d’humidité
pour nourrir une vallée forestière au milieu de steppes arides.
    En aval, un second glissement de terrain avait maintenant rebouché
la brèche, arrêtant le déferlement des eaux tumultueuses qui butèrent sur le
mur des collines en un gigantesque ressac. Devant ce spectacle, Jondalar pensa
qu’il faisait un cauchemar. Il n’en croyait pas ses yeux. La vallée tout
entière n’était qu’un immense magma clapotant de boue et de rochers, écumant de
broussailles et d’arbres déracinés, broyés par le ressac.
    Nul être vivant n’aurait survécu, et Jondalar frémit

Weitere Kostenlose Bücher