Le grand voyage
montée
sur l’armature, expliqua Jondalar. Si je fais bouillir les sabots et les chutes
de peau avec des os, ça fera un bouillon épais et collant qui durcira en
séchant. Dans quoi pourrais-je cuire mon mélange ?
— Oh, on trouvera bien. Ça doit bouillir longtemps ?
— Oui. Il faut le faire réduire pour qu’il s’épaississe.
— Dans ce cas, il faudra qu’il chauffe directement sur le
feu, comme une soupe... un récipient en cuir ferait l’affaire. Il faudra le
surveiller, et l’humecter de temps en temps... attends, j’ai une idée. Pourquoi
pas l’estomac de l’aurochs ? Il m’a servi d’outre pour l’eau, il ne risque
pas de sécher. Je pensais l’utiliser pour la cuisine, mais ça fera un bon
récipient.
— Ce n’est pas sûr, objecta Jondalar. Il ne faut pas
ajouter d’eau. Au contraire, il faut que le liquide s’épaississe.
— Alors, utilise donc un panier étanche et des pierres
chaudes. J’en fabriquerai un demain matin.
Elle ne réussit pas à trouver le sommeil. Elle ne cessait de
penser au meilleur moyen de cuire la mixture dont Jondalar avait besoin, et
elle ne trouvait pas de solution. Elle allait s’endormir quand une idée lui
vint.
— Ça y est, Jondalar ! Je m’en souviens. Jondalar qui
sommeillait se réveilla en sursaut.
— Hein ? qu’y a-t-il ?
— Tout va bien. Je viens de me rappeler comment Nezzie
faisait fondre la graisse, et je crois que ce serait le meilleur moyen pour
cuire ton mélange. Tu creuses un trou dans le sol, de la forme d’un bol, et tu
le calfeutres de peau – il reste assez de peau d’aurochs. Tu broies
des os en petits morceaux et tu en garnis le fond, tu verses l’eau, les sabots
et tout ce que tu veux. Tu laisses bouillir le temps que tu veux, tu n’as qu’à
rajouter des pierres chaudes, et les morceaux d’os empêchent les pierres de
toucher la peau et de la brûler.
— Excellent. C’est ce qu’on fera, approuva Jondalar, à demi
endormi.
Il se retourna et ne tarda pas à ronfler.
Mais Ayla était toujours soucieuse. Elle avait projeté de
laisser l’estomac d’aurochs aux habitants du Camp, afin qu’il leur serve d’outre.
Mais pour cela, il fallait l’arroser constamment, lui conserver son humidité.
Une fois sec, il durcissait et perdait ses qualités de souplesse et d’étanchéité.
Il finirait par devenir poreux et l’eau s’évaporerait. D’autant qu’elle
ignorait quand les occupants reviendraient.
Soudain, elle trouva. Elle faillit crier, mais se retint à
temps. Elle ne voulait pas réveiller Jondalar. Elle ferait sécher l’estomac
pour doubler son nouveau sac à viande fraîche, en le moulant pendant qu’il
était encore humide. Elle s’endormit apaisée. Elle avait enfin découvert le
moyen de remplacer le précieux parflèche.
Les jours suivants, pendant que la viande séchait, ils furent
tous deux très occupés. Ils terminèrent la coquille de noix qui devait leur
servir d’embarcation, l’enduisirent de la colle que Jondalar avait fabriquée en
cuisant les sabots, les os et les chutes de peau. En attendant qu’elle sèche,
Ayla confectionna des paniers, pour la viande qu’ils comptaient offrir aux
habitants du Camp, et pour remplacer ceux qu’elle avait perdus. Elle ramassait
chaque jour des légumineuses et des herbes médicinales, et en mettait de côté une
partie pour le Voyage.
Un jour, Jondalar l’accompagna. Il cherchait de quoi fabriquer
des pagaies. Ils venaient de se mettre en route quand il eut la chance de
trouver le crâne d’un cerf géant, mort avant de perdre ses andouillers palmés.
Bien qu’il fût encore tôt, il passa le reste de la matinée avec Ayla afin d’apprendre
à reconnaître certaines plantes. Il découvrait peu à peu toute l’étendue du
savoir de sa compagne. Sa connaissance des plantes et de leurs vertus était
tout simplement prodigieuse. De retour au Camp, Jondalar tailla les larges
andouillers, les attacha à de courts manches en bois assez solides pour faire
de bonnes pagaies.
Le lendemain, il décida d’utiliser l’équipement qui lui avait
servi à assouplir le bois de l’armature du bateau, pour fabriquer des hampes de
sagaie bien rectilignes. Même avec ses outils spéciaux, soigneusement rangés
dans un étui de cuir, il lui fallut deux jours pour les façonner et les polir.
Chaque fois qu’il passait à l’endroit où il avait jeté la pointe de sagaie
brisée, il s’assombrissait. Quel dommage, se disait-il,
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