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Le granit et le feu

Le granit et le feu

Titel: Le granit et le feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Voici le premier malandrin que nous verrons de près… Vas-y, Ogier, je prendrai le suivant.
    Tenant Confiance à deux mains, le garçon courut au-devant du routier.
    Il avait son âge, peut-être son ambition. Pas de heaume ; un crâne nu. Visage imberbe convulsé de fureur, mais reflétant aussi l’effroi et l’ahurissement d’avoir seul atteint le but pour lequel tant d’autres avaient péri. Une peau de mouton le couvrait des épaules aux genoux ; il tenait une targe de couleur vermeille qu’il jeta sur Haguenier, lequel s’était aussi porté à sa rencontre. L’écuyer trébucha.
    — Laisse-le-moi ! cria Ogier.
    Puis au routier :
    — Que tu sois Goddon ou Gascon, c’est ici qu’est ta mort.
    — Je suis Gascon… Vive Édouard d’Angleterre !
    Dans la nuit rouge de flammes et de sang, les épées luirent et s’entrechoquèrent.
    Bras bourrelés de muscles, cuisses épaisses : tout chez ce gars était puissant et souple. Il portait un collier de dents d’animaux et ses poignets s’ornaient de larges anneaux de cuivre.
    — Tu es le premier que j’occirai, damoiseau !
    — N’en sois pas si asségur.
    Ogier songea tout à coup à Tancrède. Qu’eût-elle fait, l’épée en main, devant un gars de cette trempe !… Était-elle parmi ces femmes décidées à courir à la rescousse des hommes quand trop d’entre eux seraient hors de combat ? Non : son orgueil le lui interdisait.
    Le routier était habile. Son épée large à pointe aiguë avait la longueur de Confiance. Que se passait-il autour d’eux ? Comment le savoir ? Il y avait cet ennemi, cette épée. Rien d’autre.
    Ogier évita quelques taillants vigoureux tout en reculant pour s’éloigner de la presse et donner plus d’aisance à ses coups. Comme il parait une attaque en se penchant, il aperçut deux autres malandrins au-devant desquels se portaient Blanquefort et Jean. Le vétéran estoqua presque aussitôt son adversaire. Et un quatrième homme apparut, comme une vague en suit une autre.
    — Ces linfars sont nombreux ! hurla le sénéchal en se portant au-devant du routier, la lame de son arme gluante de sang.
    — Laissez-le-moi, amigo ! Entendido ? Laissez-le-moi !
    « Ça y est : Pedro del Valle est là… et Blasco, Martinez ! »
    — On les aura !… cria Margot quelque part.
    « Je ne vois plus rien, mais d’autres ont pris pied sur le mur… Ah ! là là, pourvu qu’on les refoule !… Toi, Gascon, bien que tu sois habile, il te faut mourir promptement ! »
    Employer un coup audacieux, une astuce risquée ; Guillaume et Blanquefort y excellaient.
    Ogier baissa les bras, tout en conservant son épée demi-haute. Aussitôt, son adversaire leva la sienne pour le décapiter.
    L’ouverture apparut : le damoiseau pointa de toutes ses forces à la poitrine. La lame creva la peau de bête et pénétra dans la chair.
    Il sentit béer un organe – poumon ou cœur – tira Confiance, tandis que, crachant le sang, le routier tombait, bousculant un compagnon qui se portait à son secours, et que Pedro del Valle estoqua.
    À cet instant, sur le rebord de la paroi, une main chercha une prise. Ogier l’aperçut et l’écrasa du talon. Elle demeura. Une seconde se montra. Champartel, d’un coup de cognée, la trancha.
    — Et voilà, messire.
    Il devait y avoir maintenant deux échelles, car un homme bondit au créneau voisin. Maigre, blond, chevelu, il avait pour arme une francisque à long manche. Il la mania en hurlant, contraignant les défenseurs, même Champartel, à reculer. Le damoiseau se demandait comment l’affronter lorsqu’un trait siffla contre son oreille et se planta dans la poitrine du routier.
    — Seigneur… Si j’avais bougé davantage, j’étais mort !
    Il se retourna. Renaud agitait joyeusement son arbalète.
    — Leurs échelles tiennent bon ! dit Girard.
    — Leurs sagettes continuent de tomber !
    — Par le sang de mes aves, ils ne nous auront pas !
    — Faut-il faire monter les dernières réserves ?
    — Non… Attendons !
    Partout, en cet endroit, ce n’étaient que cris sauvages, heurts métalliques, graillements de rage. Quatre routiers morts ; mais d’autres affrontaient Pedro del Valle, Jean, Blasco et Haguenier.
    — Il nous faut rejeter ces échelles, dit Guillaume, l’épée en l’air, dans l’attente d’un nouveau larron.
    — Une vient de tomber, hurla Blanquefort.
    Ogier aperçut un homme titubant, essayant d’extraire de sa

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