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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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passant par les rues et ruelles du centre de la cité. Il savait d’expérience combien est vulnérable un cavalier avançant seul entre deux rangées de maisons très rapprochées ; le moindre incident, la moindre provocation pouvait déclencher une agression dont il aurait peu de chances de sortir vivant. Il contourna Auxerre par l’ouest et le nord, gagna les bords de l’Yonne à hauteur de l’abbaye Saint-Germain, puis la mission, non sans avoir été pris pour cible au passage par quelques lanceurs de pierres.
    Dans la grande cour de celle-ci, il aperçut une trentaine de gardes impériaux et une vingtaine de miliciens du comté, les uns et les autres en armes, et auxquels Hermant adressait ordres et recommandations comme pour un affrontement.
    A l’intérieur, Childebrand, visiblement à son affaire, l’accueillit gaillardement.
    — Ah, te voici, toi ! Enfin, j’en tiens un ! Où sont passés tes deux complices ?…
    — Tu sais bien, seigneur…
    — Oui je sais bien : Doremus est chez ces Frisons qui… enfin, passons !… et notre frère Antoine chez les Gérold où, je l’espère, il ne va pas s’éterniser. En attendant, tu as vu et entendu tous ces braillards qui se disent prêts à « faire bonne et prompte justice ». On sait ce que cela veut dire. Ils voudraient qu’on les laisse faire ! Par le ventre Dieu, on va leur en foutre ! Ils vont voir, ces justiciers de broussailles et de tavernes !
    Le comte marqua une courte pause.
    — Comme tu l’as vu, j’ai rassemblé nos gardes ici… et puis aussi l’essentiel de la milice dont Hermant a pris le commandement.
    — Et le comte Ermenold, dans tout cela ?
    — Disparu !… Je ne sais pas où il est. Au fond de sa villa, peut-être…
    — Apparemment, il a été débordé.
    — Débordé ? Tu peux même dire, Goupil, dépassé, mis cul par-dessus tête ! Il a ourdi une machination qui est en train de le prendre lui-même au piège… nous aussi d’ailleurs, par la même occasion. Mais nous avons de quoi riposter. Vigoureusement, tu peux m’en croire.
    — Oh ! je t’en crois, seigneur !
    — Toi, voici quelle est ta tâche : je te charge d’aller poster deux gardes et un milicien en chaque endroit important de la ville comme l’évêché, la résidence comtale…
    — Je vois.
    — Prélève les contingents qu’il te faut après avoir prévenu Hermant. Je ne veux pas de combat. Ne faites que répondre aux agressions, s’il y en a. A mon sens, d’ailleurs, le centre de la cité demeurera calme. Aussi excités que soient nos boutefeux, ils ne vont pas se lancer dans des désordres à grands risques pour leurs familles et leurs biens. D’ailleurs, si ce que mes informateurs m’ont rapporté est exact, les plus agressifs semblent converger vers les portes sud où ils se rassemblent en vociférant… Dès que frère Antoine sera de retour, je l’enverrai à Escamps pour recommander aux Nibelung de se mettre en défense. Si les énergumènes déclarent vouloir s’en prendre avant tout aux Frisons, rien ne dit que, s’échauffant les uns les autres, il ne leur viendra pas l’envie, en chemin, de faire un détour dévastateur par Escamps. Mais je doute qu’ils y parviennent… Maintenant, Timothée, exécution !
    Comme le Grec s’éloignait, Childebrand lui lança :
    — Sois prudent ! Malgré tout, je détesterai de perdre.
    — Et moi donc ! répondit le Goupil avec un rire.
     
    Quand Doremus arriva à la résidence des Nibelung, il tomba en pleins préparatifs de défense : les uns transportaient et mettaient en place des rondins et des fascines, les autres apportaient des piques, d’autres encore disposaient des pierres pour les frondes, d’autres s’étaient déjà armés d’un arc et d’un carquois.
    L’ancien rebelle s’approcha du frère Antoine qui discutait un peu à l’écart avec le fils aîné de Frébald.
    — Je viens justement d’indiquer à Bernard, expliqua le moine, les mesures de sécurité que nous avons décidées pour protéger ses esclaves frisons et que tu es allé mettre en œuvre. Nous avons été bien avisés car, à Auxerre, les choses n’ont pas traîné.
    Il relata alors de quelle manière et avec quelle rapidité la situation s’était aggravée dans la ville et à ses alentours.
    — Mon père, compléta Bernard, est parti pour Auxerre afin d’y rencontrer les missionnaires du souverain et d’arrêter avec eux toute mesure qui leur paraîtra utile.

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