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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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Contre ces forcenés, tous les Nibelung sont à leur disposition.
    — Voilà une initiative d’autant plus avisée que les missi dominici se sont saisis de l’enquête concernant les deux meurtres qui viennent d’être perpétrés, précisa le frère Antoine. Tout dépend d’eux désormais, et directement, y compris le règlement des conflits, de quelque nature qu’ils soient, et, à l’évidence, la répression des troubles. Ils ont jugé que, pour l’heure, c’est ici que vous serez le plus utiles. En cas de besoin, il sera fait appel à vous pour intervenir par ailleurs… Maintenant, Doremus et moi-même nous allons rejoindre le comte Childebrand. Dieu sait ce qui est advenu entre-temps.
    Arrivés à une demi-lieue d’Auxerre, les deux assistants des missi aperçurent, non loin de la basilique Saint-Amâtre, sur une hauteur, une cinquantaine de cavaliers armés qui s’étaient déployés de manière à barrer la route qui menait à Chevannes, Escamps et, plus loin, vers les tenures des esclaves. Approchant encore, ils distinguèrent l’enseigne de la mission et se dirigèrent vers elle. A côté du garde qui la tenait se trouvaient le comte Childebrand et Hermant. Les cavaliers, qui faisaient face à la ville, étaient revêtus de la broigne et portaient lance et glaive. Entre eux se tenaient des fantassins protégés par de grands boucliers, essentiellement des archers et quelques piquiers. Des éléments de cavalerie légère qui appartenaient à la milice comtale étaient disposés aux deux ailes.
    Quand Childebrand vit arriver ses deux assistants, il leur désigna d’un geste ample un rassemblement de plusieurs centaines d’hommes, diversement armés, qui se tenaient en contrebas, à quelque cinq cents pieds de là, et semblaient être prêts à l’assaut.
    — Ils n’oseront pas, estima le chef de la garde.
    — Je le souhaite, déclara le comte. Ce n’est pas que j’hésiterais à faire expédier en enfer bon nombre de ces imbéciles. Mais notre devoir est de garantir ordre et paix, et j’aimerais mieux ne pas en en arriver là.
    A cet instant apparurent, venant du nord, deux cavaliers qui se dirigèrent au galop vers une petite butte située à mi-distance de la garde et de la masse des émeutiers. Ils y arrêtèrent leurs montures. Childebrand secoua la tête, incrédule :
    — Nom de Dieu, s’écria-t-il, mais c’est Erwin ! Et l’autre, quel est l’autre ? Ne dirait-on pas Ermenold ? Mais c’est lui, par les tripes du diable ! Mais qu’est-ce qu’ils font là ? Ce Saxon, qu’est-il encore allé inventer ?
    Déjà Doremus, qui s’était emparé d’un arc et d’un carquois, s’était élancé ainsi que le frère Antoine vers Erwin.
    L’arrivée de l’abbé saxon, apparemment sans arme, en compagnie du comte d’Auxerre, avait suscité chez les émeutiers surprise et perplexité, comme un flottement.
    — Comte Ermenold, dit Erwin à celui qui était à son côté, regarde bien, oui, regarde ! Voici le résultat de tes manœuvres coupables. Je t’avais mis en garde. Tu as haussé les épaules. C’était une faute grave et surtout c’était discourtois. Tu avais tort. Voici le moment de vérité. Les chiens que tu as lâchés, tu croyais qu’ils obéiraient toujours à ta voix. Mais ils sont là, sous tes yeux. Ils grondent et montrent les crocs, prêts à tout mordre… y compris toi-même. On ne déclenche pas impunément la sédition contre l’autorité. Ce que tu as provoqué suffirait à te faire destituer par l’empereur. Je te laisse une chance cependant : il t’appartient d’apaiser cette canaille et de la faire rentrer au chenil. Sinon… De ce que tu vas tenter maintenant dépend ton propre avenir et celui de ta lignée.
    A tout le moins, le comte d’Auxerre Ermenold ne manquait pas de courage. Sans un mot, sans un regard pour le missus dominicus, il se redressa et fit avancer son cheval d’une centaine de pas en direction des émeutiers, cependant que le frère Antoine et Doremus parvenaient à la hauteur de l’abbé saxon. Ceux qui dans la foule réclamaient encore, un instant auparavant, en brandissant leurs armes, une justice sommaire et profitaient de cette occasion pour exhaler leurs rancœurs, et pour se venger par l’imprécation et l’insulte des avanies qu’ils avaient subies, s’étaient tus maintenant, tout yeux et tout oreilles.
    La voix du comte d’Auxerre retentit dans le silence :
    — Moi, Ermenold, comte

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