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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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pas à être inaperçu.
    — Cela, c’était à l’aller. L’as-tu vu au retour ?
    — Non, maître. Quand il est passé à l’aller, le soir tombait. La nuit est venue très vite avec des nuages… Une nuit très noire.
    — Par l’enfer, grommela Doremus, nous n’avions pas besoin de cela : un témoin, mais un esclave, et frison, reconnaît un cavalier qui a peut-être joué un rôle capital dans un meurtre… et voilà qu’on ne peut savoir avec certitude de qui il s’agit !
    — Je n’y peux rien. Aurais-tu voulu que je nomme l’un ou l’autre, comme ça, sans savoir vraiment ?
    — Certainement pas ! Tu as agi comme il fallait. De toute façon, à partir de ce que tu m’as dit, nous arriverons bien à déterminer lequel des deux ! Apprends encore ceci : ce n’est pas parce que Héribert ou Théobald se rendait au Gué du diable qu’il est forcément à mes yeux le meurtrier de Wadalde. L’allure à laquelle il chevauchait… Mais passons, mes maîtres en jugeront mieux que moi.
    Comme l’assistant des missi se levait pour partir, Van le retint.
    — Je n’ai pas tout à fait terminé. Si tu voulais – je t’en prie humblement – venir jusqu’à ma chaumière, je te remettrais quelque chose.
    — Soit !
    Après une demi-heure de route à travers champs, puis par un chemin forestier, Van, transporté par un véhicule cahotant que conduisait une femme, et Doremus sur sa monture arrivèrent à un hameau composé d’habitations en torchis et établi dans une vaste clairière. Les trois gardes, conduits par Harmel, y étaient déjà parvenus et on s’affairait pour leur préparer gîte et nourriture. Tout, chaumières, étables, lavoir, auges, poulaillers et clapiers, était remarquable de propreté. Van, qu’on avait descendu de la charrette, fit entrer l’assistant des missi dans sa demeure. Il demanda à sa femme et à ses deux fils de le laisser seul avec « son noble hôte », qualificatif qui fit sourire Doremus sans qu’il le rectifiât cependant.
    Le Frison, s’appuyant péniblement sur un bâton, sortit de la chaumière et revint peu après, apportant dans un linge un objet assez lourd. Il déroula son enveloppe et découvrit un glaive court dont la poignée était ouvragée et le fil particulièrement tranchant : une arme d’excellente facture.
    — Quand as-tu trouvé cette arme et où ? demanda Doremus.
    — Ce n’est pas moi, mais ma femme en cherchant des champignons de printemps dans un bois qui se trouve près du chemin d’Escamps.
    — Tu dis bien le chemin d’Escamps ?
    — Aucune erreur possible… Crois-tu qu’il s’agit du glaive de Wadalde ?
    L’ancien rebelle examina l’arme attentivement. Il crut apercevoir quelques taches sombres sur la lame.
    — En tout cas, le fourreau de Wadalde, mort, était vide… dit-il. Je vais emporter cette arme. En dehors de ta femme, qui est au courant ?
    — Moi seul !
    — Tu sais garder un secret, tu en as donné la preuve. Garde celui-ci ! Je n’ai pas besoin de t’en souligner l’importance… Est-ce tout maintenant ?
    — Oui, maître.
    — J’avertirai Frébald des dispositions que nous avons appliquées ici. Elles ne diminuent en rien son autorité sur vous.
    Exténué, Van put à peine se lever pour saluer le départ de son hôte qui, avant de reprendre la route, alla contrôler les mesures prises pour ses gardes. Ceux-ci se déclarèrent « à peu près satisfaits », ce qui voulait dire que Marike avait bien œuvré. Doremus confirma les consignes de prudence et de fermeté qu’il leur avait déjà données, puis il quitta, non sans inquiétude quand même, le hameau des Frisons.
     
    Timothée, de retour d’Escamps, n’en crut pas ses yeux : ce qui, aux premières heures de la matinée, lui avait paru une effervescence anodine avait manifestement dégénéré en troubles graves. En s’approchant d’Auxerre, il aperçut, se dirigeant vers la ville, de petits cortèges d’hommes portant des faux, des coutelas, des mailloches et de solides bâtons, et qui allaient à la rencontre de groupes formés de gens eux aussi armés, certains même avec des piques et des glaives. Les uns et les autres criaient des insultes et des menaces qui visaient surtout les esclaves frisons, accusés de tous les maux, mais qui n’épargnaient guère les Nibelung et les Gérold, les missi dominici eux-mêmes étant parfois mis en cause.
    Le Grec renonça à gagner la résidence de la mission en

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