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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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d’arriver à la résidence et demandait à être reçu d’urgence pour une communication de la plus extrême gravité.
    Mais déjà l’homme d’armes, bousculant le garde, s’était avancé vers les missi dominici et se tenait devant eux, haletant, avec un visage exprimant son angoisse.
    Childebrand, d’un geste de la main, l’invita à exprimer.
    — Seigneurs, dit Mélior d’une voix étouffée, Clotilde, noble fille de mon maître Isembard, a disparu depuis ce matin.

CHAPITRE VI
     
    Le seigneur des Gérold que Childebrand avait mandé se présenta, à la nuit, au missus dominicus avec un visage bouleversé par la colère et par l’inquiétude. Il repoussa d’un geste une boisson qu’un serviteur lui offrait, s’assit en face du comte à l’invitation de celui-ci et demeura un moment sans rien dire. Puis il annonça d’une voix sourde :
    — On ne les a pas retrouvés !
    Il serra les poings.
    — Ah, si je le tenais ! gronda-t-il.
    — N’avez-vous aucune piste ? demanda Childebrand.
    — Si, jusqu’à Monéteau où ils ont passé l’Yonne. Des colons, près de Perrigny, ont vu une cavalière qui se dissimulait, bien mal d’ailleurs, ont-ils dit, à l’orée d’un bois. Elle montait une jument grise. Clotilde sûrement. Elle était seule.
    — Quand ?
    — Vers la deuxième heure. Un peu plus tard, ils ont aperçu un cavalier qui a rejoint Clotilde. Sans nul doute ce méprisable suborneur… Ah, Dieu, fais qu’il me tombe entre les mains !
    — Laissons Dieu en dehors de tout cela et continue plutôt !



— Ce répugnant freluquet chevauchait lui aussi avec un lourd bagage…
    — Pourquoi « lui aussi » ?
    Isembard s’essuya le front car, maintenant, il transpirait à grosses gouttes.
    — Pardonne-moi… ces crimes… et maintenant cet enlèvement… Clotilde n’avait pas assisté au déjeuner ce matin, ni à la collation de la mi-journée. Je ne m’en étais pas inquiété à l’excès. Il lui est arrivé souvent de dîner avec sa grand-mère… Cependant, étant donné ce qui s’est produit ces jours-ci… Donc, afin d’être rassuré, je me suis rendu chez ma mère, Helma, dans l’après-midi. Elle n’avait pas vu Clotilde. J’ai commencé à m’alarmer sérieusement. J’ai interrogé serviteurs et domestiques. Un palefrenier m’a appris qu’elle était partie dès la première heure avec un bagage beaucoup plus important que pour une simple inspection vers des manses éloignés. Je pus constater, par la suite, qu’elle avait prélevé dans son coffre tuniques, voiles, ceinture et qu’elle avait emporté d’autres affaires personnelles… A quoi aurait servi de faire fouetter garçons d’écurie et femmes de chambre…
    — A rien ! Mais il est pour le moins curieux qu’aucun d’entre eux n’ait donné l’alerte.
    — Curieux ? Dis plutôt criminel ! La corruption, voilà l’explication ! Un enlèvement préparé de longue main : par blandices et cautèle, on séduit la fille, par deniers on achète des complicités, par quelque machination on brusque les événements…
    Avec un visage empourpré par la colère, Isembard s’écria :
    — Il ne leur suffisait donc pas, à ces bâtards, d’avoir assassiné Wadalde, d’avoir fait supprimer leur propre intendant, d’avoir attenté à la vie de mon fils ! Il leur faut aussi ma fille ! Et cette petite crapule d’Albéric, conseillé sans doute par son père, par ce Théobald…
    — Je veux croire, interrompit Childebrand, que les accusations que tu viens de lancer devant moi t’ont été dictées par la colère ; il appartient à nous seuls, missi dominici, de déterminer et de proclamer la culpabilité… Mais surtout, quelles que soient ton ire et ton angoisse, tu devrais d’abord te féliciter de savoir Clotilde en vie et sous la protection d’Albéric, fils de bonne race, qu’on ne m’a pas décrit comme un fourbe ou un couard. Rien n’indique qu’il ait l’intention d’attenter à sa vie.
    — A sa vie, non, mais à son honneur, donc au nôtre !
    — Oh ! Isembard, je n’ai aperçu ta fille qu’une seule fois, ce jour où elle est venue me prévenir de l’assaut que ton fils voulait conduire contre la résidence des Nibelung…
    — Ah, je me mords encore les doigts de l’en avoir empêché. Si cette race dégénérée avait reçu la leçon qu’elle mérite, nous n’en serions pas là !
    — Certes pas ! Il y aurait seulement quelques cadavres de

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