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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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nobles guerriers en plus et pour rien ! De part et d’autre. Alors, cesse de ruminer des regrets qui offensent tes propres devoirs de vassal… et qui m’offensent !
    Le comte Childebrand reprit :
    — Je te disais donc que ta fille n’a rien d’une femmelette à laquelle on en impose facilement, ni d’une nigaude qu’on mène par le bout du nez. Elle n’est pas de celles dont on force la vertu… Quant aux sentiments qu’elle éprouve pour le fils de Théobald, répondant sans doute à ceux qu’il lui porte, il m’étonnerait fort que tu n’en aies pas été averti depuis longtemps.
    Cette observation relança la colère du seigneur des Gérold :
    — Oui, j’en ai été averti, oui, je connaissais l’indigne projet de ce godelureau ! Oui, j’avais dit, redit et répété à Clotilde qu’elle devait y opposer une fin de non-recevoir. Définitive. J’avais, j’ai toujours pour mon unique fille d’autres visées qu’une alliance avec la famille de mes pires ennemis et que je m’abstiendrai, comte Childebrand, de qualifier devant toi à nouveau.
    — Tu feras aussi bien !
    — Car je sais pourquoi Frébald, avec la complicité de son fils Théobald, a manigancé tout cela : Albéric vise Clotilde, mais ce sont nos terres qu’ils guignent ! Pas un bonnier ! Ils n’en auront pas un bonnier ! De quelque façon qu’ils s’y prennent, pas même un arpent ! Que Clotilde me revienne et je lui enseignerai, moi, l’obéissance. Quant à cet Albéric…
    — Assez ! D’abord la sauver, les sauver ! Plus d’un danger peut les guetter. Imprécations, malédictions, c’est temps perdu. Il faut parer au plus pressé ! Donc, reprenons ! Selon les premiers résultats de vos recherches, Albéric et Clotilde, vers la deuxième heure, se sont rejoints du côté de Perrigny et se sont ensuite dirigés ensemble vers Monéteau, est-ce bien cela ?
    Isembard grommela une approbation.
    — Ont-ils pris là un bac pour traverser l’Yonne ?
    — Oui.
    — Quand ?
    — Un peu avant la mi-journée.
    — Et ensuite ?
    — Ils ont paru se diriger vers le nord.
    — Est-ce tout ?
    — Nous n’avons pas mené nos investigations plus avant… La nuit, c’est impossible. C’est tout !
    — Comptes-tu les reprendre demain ? continua Childebrand nullement découragé par la mauvaise humeur que manifestait son interlocuteur.
    — Évidemment. Nous les reprendrons.
    — Et nous, nous les entreprendrons ! Je te saurai gré de coordonner vos recherches avec les nôtres.
    Le seigneur des Gérold qui avait fait des efforts pour se contenir se leva en respirant fortement, s’éloigna du missus, puis revint vers lui pour lui dire avec une voix qui exprimait une inflexible détermination :
    — Comte Childebrand, il s’agit de ma fille – je n’en ai qu’une –, il s’agit de son enlèvement, il s’agit de sa sauvegarde, il s’agit de son honneur, il s’agit du nôtre, il s’agit de châtier des canailles ! Rien de cela ne ressortit au ban impérial, rien de cela ne ressortit donc à votre justice. Avec les miens, je mènerai les recherches comme je l’entends, conformément aux droits que me confèrent ma race et mon rang, celui d’un vassal direct du souverain. Nous, les Gérold, nous n’en avons que trop supporté. Nous ne nous laisserons pas leurrer une nouvelle fois. Désormais nous répondrons coup pour coup. Le nouvel outrage que nous venons de subir ne restera pas impuni. Et si les Nibelung se mettent à la traverse, tant pis pour eux : il leur en cuira !
    Le missus dominicus, debout, impressionnant, déclara alors d’une voix calme :
    — Avec notre garde, renforcée par la milice du comté, nous participerons dès l’aube aux recherches pour retrouver, sains et saufs, Clotilde et Albéric, je dis bien « et Albéric ». Ne doute pas que nous ne tolérerons aucune manœuvre vicieuse, aucune provocation, aucun trouble, aucun acte de violence de quelque nature qu’il soit, aucun affrontement ; ce serait là violation du ban impérial, contre laquelle nous aurions le droit et le devoir de sévir ! Et ne va pas croire que de vaines paroles d’intimidation sont sorties de ma bouche, qui ne seraient suivies d’aucun effet ! Avec l’abbé Erwin, je suis ici pour Ordre et Justice, pour combattre et vaincre les détestables pratiques de jadis, notamment celles de la vengeance. Il me déplairait – ô combien ! – de faire verser un sang qui ne devrait

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