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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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accusé s’écria :
    — Je confirme avoir, maintenant, témoigné sous serment, m’exposant ainsi aux lourdes peines qui sanctionnent le parjure. Je suis prêt à me soumettre au jugement de Dieu.
    — Nous avons nos méthodes pour faire éclater la vérité, répliqua l’abbé saxon. Elles valent bien une ordalie. Certes nous implorons l’assistance du Tout-Puissant. Mais elle a, crois-moi, d’autres moyens de se manifester que des braises ardentes, de l’huile bouillante ou des crochets de fer meurtrissant les chairs.
     
    La collation de la mi-journée, prise très tardivement, réunit les missi et leurs assistants auxquels s’étaient joints le diacre Dodon et le chef de la garde Hermant. Les serviteurs avaient disposé sur la table en une seule fois tous les plats du repas, fruits secs, soupe aux fèves, carpes farcies, entremets au miel, venaison en sauce accompagnée de tourtes, ainsi que des vins de Loire, sans oublier l’hydromel. De la sorte les missionnaires du souverain et leurs collaborateurs immédiats pourraient tenir conseil hors de toute présence indiscrète.
    Après avoir félicité le frère Antoine, Timothée et Doremus pour « avoir fait bonne récolte », Erwin, à qui revenait en général le rôle d’esquisser un bilan, le commença en soulignant que l’assassin ou les assassins demeuraient certainement à proximité de leurs crimes !
    Il se tourna vers le Grec.
    — C’est ce que confirme la découverte que tu as faite ce matin, celle du « bai de la clairière ». Que faisait-il là ? Si nous excluons l’hypothèse, bien hasardeuse, d’un démon criminel, monté sur un animal infernal, il est évident que l’assassin de Wadalde est venu au gué sur sa propre monture, tout à fait chevaline, et est reparti de même, son forfait accompli. Restait donc, sans maître désormais, celle de Wadalde. Elle ne s’est pas rendue toute seule dans une clairière reculée. Qui l’y a menée ? L’assassin lui-même, au crépuscule ?
    — J’imagine mal, dit Doremus, qu’un criminel venant de commettre un meurtre atroce, qui l’a peut-être éclaboussé de sang, conduise tranquillement par la bride, à travers champs, un cheval tout harnaché, en chevauchant lui-même le sien… comme l’a fait tout à l’heure notre Timothée… Pour passer inaperçu, il y a mieux ! Non, je le vois plutôt mettre son vivant butin à l’abri des regards, au cœur de fourrés, attaché à quelque tronc, dans la perspective de venir le reprendre à la nuit tombée.
    — En cette matière, je fais entièrement confiance à… ton expérience, commenta Childebrand non sans un sourire de connivence.
    — Cela ne résout pas entièrement le problème suivant : qui est revenu, dans l’obscurité, pour reprendre ce cheval et le conduire au bois de Chazelles ? dit Erwin.
    — L’assassin de Wadalde ? avança Timothée.
    — C’est le plus probable, en effet. Autre question : comment a-t-il regagné le Gué du diable ?
    — Évidemment à pied !
    Erwin fit le geste d’applaudir.
    — Très bien ! « Évidemment à pied » ! Venons-en maintenant au meurtre de Malier. Dans les écuries, au moment de ce forfait, ne manquait aucune monture dont l’absence aurait pu désigner un suspect. Sur quel cheval s’éloignait donc, de Diges, cet homme repéré par le plus grand des hasards, sinon sur le bai de la clairière ? Mais comment s’est-il rendu au bois de Chazelles dans le but de s’en servir, comment, une fois qu’il l’y eut ramené, en est-il reparti ?… Oui, à pied ! Voilà donc la preuve, irréfutable que le ou les meurtriers ne pouvaient, ne peuvent toujours, demeurer loin ni du Gué du diable, ni de la clairière.
    — Cela laisse encore beaucoup de monde à l’intérieur du cercle des suspects, souligna Childebrand.
    — Ce cercle, nous pouvons maintenant en diminuer la surface en faisant entrer en ligne de compte ce que nous avons appris sur les motifs et circonstances des forfaits. Pour le meurtre de Wadalde, qui peut-on soupçonner ? Son silence obstiné, les mensonges de son père, ses aveux tardifs concernant sa présence au Gué du diable en fin de soirée, tout semble désigner Théobald malgré ses dénégations, malgré son serment. On peut aussi penser qu’il a voulu protéger quelqu’un d’autre, qui serait le vrai criminel.
    — Qui ? Son fils Albéric, par exemple ? demanda Timothée.
    — Pourquoi pas ? Lui ou tout autre Nibelung, sauf

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