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Le Gué du diable

Le Gué du diable

Titel: Le Gué du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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l’enjeu, on risque vraiment que le pire advienne.
    — Et Childebrand ? demanda Timothée.
    — Il a fait continuer la poursuite, avec plus d’ardeur que jamais. Puisse-t-il arriver à temps et, nous, puissions-nous le rejoindre avant longtemps ! souhaita Doremus en mettant son cheval au trot, imité en cela par le Goupil et les deux éclaireurs qui les escortaient.
    Les deux assistants des missi progressèrent vers le nord sur une demi-lieue. Le chemin forestier, assez dégagé, leur permit d’avancer rapidement, d’autant que l’ancien rebelle ne marquait aucune hésitation quant à la route à suivre, comme s’il l’avait reconnue auparavant. Brusquement, il fit signe à Timothée de s’arrêter. Doremus et son ami s’engagèrent dans des halliers avec de grandes précautions pour ne pas donner l’éveil. Ils arrivèrent ainsi à la lisière de la forêt.
    Au-delà, sur une prairie qui descendait en pente douce jusqu’à une habitation en rondins couverte de bardeaux, et que des boqueteaux dissimulaient à moitié, se faisaient face deux lignes de cavaliers : d’un côté, semblant protéger le chalet, à quelque deux cents pas devant celui-ci, se tenaient les Nibelung, aisément reconnaissables à la tunique vert et jaune que portaient certains ; vis-à-vis d’eux, sur le haut de la pente, Isembard et les hommes d’armes des Gérold, vêtus de bleu, semblaient se préparer à charger.
    Doremus et Timothée se montrèrent et, à cet instant, virent arriver vers eux, au galop, le comte Ermenold qui s’était précipité à leur rencontre dès qu’il les avait aperçus. Il s’arrêta près d’eux en cabrant son cheval et leur annonça, avec un visage auquel il voulait donner une expression de navrement mais qui montrait, malgré lui, sa jubilation :
    — Albéric et Clotilde se sont réfugiés dans l’habitation que vous voyez là-bas, dans les arbres. Bernard, à la tête des Nibelung, est arrivé ici presque en même temps qu’Isembard et les Gérold. Ils se sont disposés tout de suite front à front. Isembard a exigé le passage pour, dit-il, « aller libérer Clotilde enlevée par un bâtard ». Bernard, rendu furieux par ces paroles, et craignant aussi, sans doute, que ses ennemis ne veuillent s’en prendre à Albéric, à grand dommage pour celui-ci, a refusé sèchement, hurlant qu’il n’appartenait pas à une race dégénérée de « proférer des insanités pareilles » et que « si Clotilde était une catin, les Gérold n’avaient qu’à s’en prendre à eux-mêmes ». Évidemment, à de telles insultes n’ont pas tardé à succéder des menaces. Et maintenant…
    Le comte d’Auxerre, d’un geste significatif, montra les glaives brandis et les arcs bandés.
    — Le comte Childebrand et nos gardes, où se trouvent-ils ? coupa sèchement Doremus.
    — Je n’en ai aucune nouvelle. Je crains qu’ils se soient égarés, répondit Ermenold d’un air désolé. Aussi ai-je envoyé mon vicomte et mon vicaire de Toucy à leur recherche.
    Il jeta un coup d’œil vers les vassaux du souverain qui paraissaient sur le point de s’affronter.
    — Puisse le missus dominicus et sa garde arriver à temps, ajouta-t-il, sans parvenir à y mettre de la conviction.
    A cet instant, deux cavaliers jaillirent du sous-bois et, au galop, s’approchèrent de la maison forestière, puis mirent pied à terre et coururent vers la porte qu’ils commencèrent à frapper à coups redoublés en criant, exigeant sans doute qu’elle leur fût ouverte.
    — Robert ! s’exclama Ermenold. Je le reconnaîtrais entre mille. Ah, j’aurais dû m’en douter !
    — Et celui qui débouche à présent, n’est-ce pas Badfred ? constata Doremus.
    — … accompagné de Mélior ? compléta Timothée.
    Entre Robert, son valet, Badfred et Mélior une vive discussion semblait s’être engagée tournant à l’empoignade. Bernard, ses frères et les Nibelung qui, auparavant, faisaient face aux Gérold, avaient fait exécuter un demi-tour à leurs montures pour observer la péripétie qui venait d’intervenir près de l’habitation. Esquissèrent-ils un mouvement pour venir au secours des fugitifs, craignant qu’ils ne soient menacés par Robert, Badfred, ou par l’un et l’autre ? Les Gérold crurent-ils que leurs ennemis allaient attaquer le frère et le fils d’Isembard, qui seraient ainsi en péril de mort ? Ou voulurent-ils profiter d’une position favorable, puisqu’ils se

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