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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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donnerai la permission de guérir pour le sabbat. Il a hâte de reprendre ses activités habituelles et l’isolement lui pèse.
     
    Le samedi matin, le destin joua un tour pendable à maître Mordecai. Après avoir été contraint de se faire passer pour malade pendant cinq jours, voilà qu’il se réveillait avec la gorge endolorie. Furieux, il appela la gouvernante qui était toujours en chemise de nuit. Elle appela à son tour la servante qui déjeunait à la cuisine. Et bientôt tout le personnel se rassembla devant sa chambre.
    — Ah, vous ne savez pas faire quelque chose de simple sans ameuter la terre entière, se plaignit Mordecai. J’ai besoin d’un remède pour ma gorge, que quelqu’un aille chercher le médecin.
    — Lequel, maître ? s’enquit la gouvernante.
    — Maître Isaac ! tonna-t-il avant de grimacer de douleur. Quel autre médecin pourrais-je consulter ?
     
    — Je m’excuse sincèrement de ne pouvoir m’empêcher de rire, maître Mordecai, dit Isaac, et de vous avoir demandé de vous livrer à cette supercherie.
    — Et pourquoi ?
    — Parce qu’il est clair que nous n’appréciez pas le calme et le repos. Il suffit de vous éloigner du dur labeur, des problèmes, des gens malades et autres difficultés pour que vous tombiez malade vous-même. Mais je pense que nous allons bientôt mettre un terme à cette épreuve. Continuez à boire du bouillon chaud et à manger ce que vous pouvez. Des aliments peu nourrissants vous affaibliraient davantage. Je vais vous laisser du sirop destiné à apaiser votre gorge. Prenez-en une cuillerée immédiatement puis une autre quelques heures plus tard – quand les cloches sonneront à nouveau, par exemple. Et appelez-moi si vous vous sentez plus mal, dit Isaac en se préparant à quitter la pièce.
    — Restez encore un instant. Je suis devant un dilemme, Isaac, et c’est pourquoi je suis tombé malade. Dès que je n’ai eu rien d’autre à méditer, je n’ai plus songé qu’à ça.
    — De quoi s’agit-il ? Si je peux me permettre une telle question.
    — Isaac, je ne sais que faire. En dépit de ce que j’ai pu vous dire, je crois possible que le garçon qui s’est présenté ici sous le nom de Rubèn soit réellement le fils de Faneta. Et qu’il soit vivant. Le récit de sa mort n’était pas convaincant. Le corps retrouvé pouvait être celui de n’importe quel infortuné capable de s’acheter des bottes.
    — Dites-moi, avez-vous écrit à sa mère pour lui parler de sa mort ?
    — Non, répondit sèchement Mordecai.
    — Et pourquoi ?
    — Parce que je ne croyais pas qu’il s’agissait de son fils et aussi parce que je n’étais pas sûr qu’il fût mort. Mais, Isaac, si le fils de Faneta est encore en vie, il doit recevoir cet argent avant la fin du mois de Nissan.
    — Il ne vous reste donc plus que trois semaines.
    — J’ai reçu de la communauté de Besalu une lettre fort aimable où ils me demandent s’il existe un héritier pour cette somme ou s’ils peuvent espérer en disposer. Pis encore, j’ai également reçu une lettre de ce garçon. Il m’est désormais impossible d’ignorer le problème.
    — Une lettre de ce garçon ? répéta Isaac. Mais d’où ?
    — De Majorque.
    — Comment explique-t-il son comportement ?
    — Il raconte qu’il fut capturé par des pirates à Sant Feliu de Guíxols alors qu’il sortait voir ce qui se passait. Mais, heureusement, il avait sur lui des pièces d’or, cousues dans son habit, dit-il, et il réussit à persuader ses ravisseurs de le déposer plus loin, sur la côte. De là, il s’est rendu à Majorque, où il a passé l’hiver avec sa mère et sa grand-mère.
    — Cela semble possible…
    — Oui, mais cela n’explique pas tout. Selon mon représentant, selon Daniel également, il n’est pas sorti par curiosité, mais il est parti en courant comme s’il s’enfuyait.
    — Peut-être ont-ils mal interprété son geste.
    — Je veux bien l’admettre. Et je marque à son crédit qu’il a parlé d’événements survenus à Majorque et dans le Call qui, je le sais, se sont de fait déroulés cet hiver. Ce qui me pousse à croire qu’il s’y trouvait bel et bien. Il a ensuite expliqué qu’il avait trouvé du travail et qu’il repartirait dès qu’il aurait assez d’argent. Il espérait que cela se ferait en peu de temps.
    — Je n’en serais pas surpris outre mesure, dit lentement Isaac.
    — Hier, j’ai fait appeler le

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