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Le guérisseur et la mort

Le guérisseur et la mort

Titel: Le guérisseur et la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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retard à un rendez-vous. Il y a quelques minutes, ces cloches sonnaient midi, n’est-ce pas ? Il nous reste peu de temps.
    — J’espère qu’il est sur le chemin du retour, dit Raquel assez sèchement. Le voyage à Majorque, c’est votre idée, papa.
    — Ne revenons pas là-dessus. J’espère seulement qu’il rapportera, que ce soit dans sa tête ou sur un morceau de parchemin, la clef de cette énigme.
    — Et moi j’espère qu’il ne lambinera pas une fois à Barcelone, ajouta Romeu.
    — Ne vous inquiétez pas, j’y ai veillé, conclut Isaac.

XVI
No sap los mals qui la mort li percacen Il ne sait quels maux cherchent sa mort
    La traversée ne fut plus très longue une fois que la Santa Felicitat eut trouvé un vent favorable qui dura deux heures environ. Elle arriva au port de Barcelone sous le soleil de midi. Les voiles n’étaient même pas repliées que déjà les passagers s’entassaient dans le canot. Quand il mit le pied sur la jetée de pierre, Daniel éprouva un immense soulagement. Il jeta son balluchon sur son épaule et se dirigea vers la ville.
    Il avait à peine fait quelques pas qu’un garçon bien habillé l’aborda, un bout de parchemin grossièrement plié à la main.
    — Êtes-vous maître Daniel ben Mossé ? lui demanda-t-il sur un ton à la fois poli et ferme.
    — C’est moi, mais comment savais-tu que j’étais là ? s’étonna Daniel.
    — Je guette la Santa Felicitat depuis hier, messire. J’ai ordre de vous dire que vous devez m’accompagner jusqu’à l’endroit où vous attend votre mule.
    — Je devais passer la soirée avec des amis. Cela ne peut attendre à demain ?
    — C’est très important, et voici une lettre qui explique pourquoi.
    Daniel lut la lettre, qui répétait en quelques mots écrits à la hâte ce qu’on venait de lui dire.
    — Que s’est-il passé ? s’inquiéta le jeune homme, lui que son expérience majorquine avait rendu prudent.
    — À ma connaissance, rien de particulier, messire.
    — Pars devant et je te suivrai.
    Le garçon s’engagea d’un pas rapide vers la rue menant aux écuries.
     
    — Maître Daniel, dit le jovial patron des écuries, je suis heureux de vous voir. Mon garçon vous a-t-il trouvé sans peine ?
    — Dès que j’ai mis le pied sur la terre ferme, il était là. Mais qu’est-ce que cela signifie ?
    — Je ne sais au juste, mais j’ai reçu un message m’enjoignant de vous retrouver dès votre descente du bateau, et de vous faire partir pour Gérone le plus rapidement possible. Ma femme vous a préparé une collation et du vin pour la route. Je vais vous donner un cheval rapide, vous devriez y être dans la soirée.
    — Qui a envoyé ces instructions ? demanda Daniel alors qu’on le poussait vers la cuisine.
    — Le médecin, naturellement. Maître Isaac. Savez-vous qu’un jour – il était jeune et venait me louer une mule –, il a guéri ma femme d’un abcès et ma plus belle jument de la colique ? Elles étaient toutes deux grosses à l’époque. J’ai gardé le poulain, qui est plein de vigueur aujourd’hui, et c’est mon fils qui est venu vous chercher. Nous étions pauvres en ce temps-là et je l’ai payé d’un repas, mais il a insisté pour régler la location de la mule. Je lui dois beaucoup. Vous pouvez vous rafraîchir par ici pendant que ma Marta vous sert à déjeuner, ajouta-t-il en montrant à Daniel une petite pièce attenante à la cuisine.
    Daniel monta une petite jument vive et robuste, la tête bourrée d’instructions concernant les soins à lui prodiguer.
    — Faites pas trop attention au vieux Roger, dit un homme en s’approchant de lui. Il aime bien s’écouter. Est-ce que vous allez vers le nord ? Dans ce cas, on pourrait faire la route ensemble. Je passe la nuit dans une ferme des environs de Gérone.
    — Est-ce là que vous vivez ? dit Daniel qui ne lui trouvait pas l’air d’un fermier.
    — Moi ? Oh non ! J’ai une chambre dans la maison de ma sœur, c’est tout. Je suis courrier.
    — J’ai toujours cru que les courriers partaient aux aurores.
    — Seulement quand on vous en laisse le choix. C’est un peu tard, je vous l’accorde, mais je fais ce qu’on me dit. Et ne vous inquiétez pas, ajouta-t-il un sourire aux lèvres, on n’ira pas trop vite. J’ai monté cette jument quand ma Nineta était malade et je sais exactement quelle distance elle peut couvrir sans se fatiguer. C’est une bonne idée de voyager à

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