Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
Vom Netzwerk:
se méfiait de la violence rentrée qu’il sentait chez son vis-à-vis.
    Ces deux-là s’étaient rencontrés bien des années auparavant. D’Avellino était alors l’ami d’un homme que le Chypriote révérait : Hugues de Tarse. Hugues qui, alors que des coupe-jarrets l’avaient pris à partie et menaçaient de le tuer, lui avait sauvé la vie. Hugues de Tarse, qui avait aidé le miséreux qu’il était alors à s’établir dans le commerce de tissu. Mais Hugues avait disparu du jour au lendemain. Et pour son malheur, il avait revu d’Avellino. Un d’Avellino changé. Transformé en démon. Il soupira. Entre le chevalier noir et lui, cela avait été une lente escalade, tout d’abord des renseignements sans importance, de petites trahisons, puis le sang avait coulé, il fallait éliminer l’un ou l’autre, et aujourd’hui... Ils trahissaient le roi lui-même et ce qu’il venait de transmettre risquait de lui coûter la vie. Où cela s’arrêterait-il ?
    — Maion a parlé à la reine d’un bâtard du défunt duc de Pouilles nommé Tancrède d’Anaor, qui deviendrait un prétendant possible au trône.
    — Va, va.
    — Elle a demandé qu’on le lui amène, mais elle a dit aussi qu’elle le jetterait peut-être en prison.
    D’Avellino se leva, laissant la bourse et jetant dessus quelques pièces d’or supplémentaires.
    — Prends, tu l’as mérité, continue à veiller sur le sort du jeune de Lecce. S’il y a des changements sur ce que tu sais, dis-le à Marco, il saura toujours où me trouver. Si je suis satisfait, tu seras récompensé.
    — Avez-vous donc tant d’or que cela ?
    Il y avait de la rancœur dans la voix d’Ibrahim. Né dans les faubourgs de Nicosie et abandonné sur le parvis d’une église, il avait toujours haï l’arrogance des riches. Enfant, il n’avait qu’une passion : le tissu. Ce tissu qui habillait les Byzantins et faisait rêver le mendiant en haillons qu’il était. D’Avellino était un homme de sang distribuant l’or pour des desseins qu’il ne comprenait pas. Un homme capable de tout, il le savait... et surtout du pire.
    — J’en aurai toujours pour ceux qui me sont fidèles.
    Et Bartolomeo d’Avellino laissa là le marchand qui repoussa d’un geste mécontent l’ispahanis qu’il avait cessé de caresser.
    Que préparait le chevalier ? Tantôt du côté du pouvoir, tantôt de celui des rebelles, il était de ces hommes fatals à qui les croise. Les pensées d’Ibrahim revinrent à son négoce. Si une nouvelle rébellion éclatait, qu’adviendrait-il de lui et de ses chers tissus ? Peut-être devrait-il songer comme nombre de ses amis à quitter la Sicile pour l’al-Andalus ?
    16
    — Que dois-je penser de vous qui êtes censés assurer notre sécurité ? tonnait Maion de Bari. On a tué au cœur du palais normand et vous, mes officiers, vous êtes vivants ! Comment est-ce possible ?
    La conjuration renaissait sous une autre forme. Comme il l’avait prévu, l’hydre avait plusieurs têtes et, cette fois, elle était dans la place. Pour l’instant, ses victimes étaient sans importance, mais qu’en serait-il ensuite ? Autant de questions qui torturaient l’émir sans qu’il puisse y apporter réponse. Dans l’heure suivante, il convoqua le maître capitaine Simon et ses principaux officiers.
    Vêtus de leurs longues capes noires, leurs cimeterres glissés à la ceinture, les soldats se tenaient alignés en silence devant lui, raides et mal à l’aise. Qu’auraient-ils pu dire pour se défendre ? Oui, on avait tué impunément deux hommes et saccagé le vêtement du roi. Et même si l’alerte résonnait encore et que les gardes continuaient à fouiller le palais, nul n’avait rien trouvé. Dans un cas comme celui-là, un mot de l’émir suffisait pour qu’ils finissent leurs jours en prison, à moins que ne leur soit donné l’ordre de poser leurs têtes sur le billot. Ordre auquel ils ne pourraient se soustraire.
    Après avoir tempêté, l’émir marcha droit sur son beau-frère.
    — Nous pourrions vivre dans une tente sur le port, nous y serions davantage en sécurité ! lui jeta-t-il.
    Sentant que le moment était peu propice à une quelconque réponse, Simon ne broncha pas et seule la rougeur des cicatrices qui le défiguraient indiqua son émotion. L’officier avait déjà mené une rapide enquête au sein du palais dont il avait suivi la fouille – que faire d’autre en si peu de temps ? -et constaté

Weitere Kostenlose Bücher