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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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d’Avellino.
    — Le tissu mène à tout, éluda le marchand, et surtout au cœur du palais normand.
    Ces conversations orientales aux interminables détours mettaient le chevalier au supplice. Il coupa court :
    — As-tu trouvé ce que je t’ai demandé ?
    — Oui.
    Ibrahim hésita. Les renseignements qu’il avait recueillis étaient dangereux. Si quiconque apprenait... Si Maion de Bari savait... Ce n’était pas la prison qu’il risquait, mais la torture et la mort.
    Devinant ses pensées, d’Avellino remarqua :
    — Je te paye assez pour que tu n’aies plus de scrupules, le Chypriote. De toute façon, il est trop tard, tu le sais bien, nos sorts sont liés depuis longtemps par le sang et la mort.
    — Approchez-vous.
    Et le gros homme se pencha vers d’Avellino, murmurant de manière que nul autre qu’eux n’entende les renseignements qu’il avait eu tant de mal à se procurer. Il se redressa enfin.
    — Maintenant, il faut agir vite, fit le chevalier.
    — S’il y avait des changements, j’en aviserais Marco, à moins que vous ne préfériez que je vous fasse chercher ?
    — À partir de maintenant, moins nous nous verrons, mieux cela vaudra. Marco fera l’affaire.
    — Il se jetterait au feu pour vous, remarqua le Chypriote, qui avait parfois envié le dévouement de ce serviteur aux yeux glacés.
    — Qu’en sais-tu, peut-être l’a-t-il déjà fait ? À propos, dis-moi quels sont les derniers prisonniers arrivés à la prison royale ?
    — Doucement, messire, doucement. Vous êtes un client difficile et qui, tout comme moi, achète des marchandises de prix. Prenez cet ispahanis , déclara-t-il en tendant à son vis-à-vis un bout de l’étoffe qu’il n’avait cessé d’effleurer avec gourmandise. C’est le plus riche tissu d’Almería, et vous allez comprendre pourquoi, touchez ! C’est une merveille.
    — Je ne suis pas venu pour parler tissu, Ibrahim, s’impatienta le chevalier.
    — Pour vous renseigner, il faut que je sache comment vous m’aiderez à acquérir d’autres splendeurs.
    D’Avellino sortit une bourse qu’il posa sur l’un des coussins, défaisant les cordons afin qu’Ibrahim aperçoive la couleur des tarins, d’or comme le soleil.
    — Ne t’inquiète pas pour ça, tu auras de quoi acheter tous les siglatons, damas et marramas que tu voudras, fit-il sèchement. Mais réponds-moi.
    — Robert de Capoue. Il est arrivé hier... J’espère qu’il n’était pas de vos amis. Allah me pardonne, ses bourreaux lui ont déjà crevé les yeux. Il est comme un enfant gémissant.
    D’Avellino resta impassible.
    — Qui d’autre ?
    — Les autres, vous les connaissez déjà. Quant au jeune Tancrède de Lecce, il est toujours en prison, son geôlier prend soin de lui. Il est bien nourri et il ne lui arrivera rien.
    — Qu’as-tu encore à m’apprendre ?
    — Notre roi revient en vainqueur, il arrivera aujourd’hui avec la flotte dans le port de la Cala et il ramène nombre de prisonniers dont Geoffroi, comte de Montescaglioso.
    Le marchand baissa la voix comme si on pouvait l’entendre :
    — Il est question qu’on lui crève les yeux à lui aussi.
    Chef de la rébellion normande à la fois en Sicile et dans les Pouilles où il possédait de nombreux fiefs, Geoffroi avait donc fini par être capturé comme les autres.
    — Le roi a bien fait crever les yeux de Robert de Loritello après lui avoir promis de l’épargner, remarqua d’Avellino. Que sais-tu d’autre ?
    Le gros homme fixait son interlocuteur, une étrange lueur dans les yeux.
    — Certaines choses que peu savent. Une histoire de malemort... et de sacrilège.
    — Continue ! l’encouragea d’Avellino.
    — On a tué au palais la nuit dernière. Un garde et un eunuque.
    — Que dis-tu ?
    D’Avellino paraissait interloqué.
    — Un garde et un eunuque, répéta Ibrahim.
    — As-tu des détails ?
    — Non, si ce n’est qu’ils sont morts tous deux par le poignard, que le meurtrier a mis en lambeaux l’un des manteaux d’apparat du roi et qu’il y avait un message.
    — Ton informateur a-t-il été assez habile pour le lire ?
    — Non.
    Le silence retomba entre eux.
    — D’autres choses ? Entre la reine et Maion ?
    — Mon informateur me coûte fort cher, se plaignit le marchand.
    — Si tes renseignements m’intéressent, tu auras ton compte de tarins et tu le sais.
    Le Chypriote comprit qu’il ne gagnerait rien à regimber davantage. Et puis, il

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