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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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proposez d’habiter dans votre palais. Les mœurs siciliennes sont des plus étranges.
    — Ne vous méprenez pas, damoiselle, votre réputation sera sauve. Une gouvernante, dame Elvire, s’occupera de vous et nos rencontres n’auront lieu qu’en sa présence.
    — Vous croyant homme d’honneur, et étant habituée à assurer seule ma sécurité, je ne pensais même pas à cela, messire.
    — A quoi alors ?
    — Je ne suis pas une favorite de harem ! Je suis une femme libre.
    — Je le sais, damoiselle, et je vous assure que, là où vous voyez étrangeté, il n’y a que souci de votre sécurité.
    Le ton d’Eleonor se radoucit un peu quand elle demanda :
    — Une fois chez vous, messire d’Avellino, serai-je libre d’aller et venir à ma guise ?
    — Mon palais sera le vôtre, damoiselle, je vous en fais promesse.
    — Ne jouez pas sur les mots, messire. Pourrai-je me promener dans les rues ? chevaucher ? trouver quelques livres à étudier ?
    — Sans déplaire au comte, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous satisfaire.
    Eleonor soupira. Elle sentait intuitivement que la cage serait peut-être plus dorée que la précédente, mais serait tout de même une cage.
    — Avez-vous d’autres questions, damoiselle ?
    — Oui.
    — Je vous écoute.
    — Où sommes-nous ? Et dans quelle ville comptez-vous me conduire ?
    Le chevalier parut étonné.
    — Pardonnez-moi, damoiselle, je ne me rendais pas compte... Je croyais que vous saviez... il est vrai que vous ne parlez pas la langue de vos serviteurs.
    — Oui, et le seul homme qui parlait la mienne, un chevalier normand qui conduisait mon escorte, m’a laissée ici sans me dire où je me trouvais.
    — Vous êtes à Cefalù, à l’est de Palerme, et si vous m’y autorisez, je vous conduirai demain vers Palerme.
    — Je vous y autorise, chevalier, mais puis-je vous faire une requête ?
    — Allez-y.
    — Pourrais-je y aller à cheval plutôt qu’en voiture ?
    D’Avellino ne répondit pas tout de suite. Il la regarda puis déclara enfin :
    — Songez, damoiselle, qu’il ne serait guère convenable que le sire de Marsico apprenne que j ‘ ai mené sa future épouse en si piètre équipage.
    Le visage de la jeune Normande se rembrunit. Le chevalier poursuivit :
    — Néanmoins, si vous me faites promesse de n’en pas parler au comte et si vous acceptez de porter capuche...
    — J’accepte ! répondit Eleonor avec vivacité.
    — Alors permettez-moi de prendre congé. Faites préparer vos bagages, je viendrai vous chercher demain à l’aube avec ma plus belle haquenée.
    Une fois le chevalier sorti, la jeune femme courut vers sa malle et sortit la tenue cavalière qu’elle portait pendant la traversée. Savoir qu’elle allait pouvoir chevaucher, qu’elle serait à nouveau libre, l’emplissait d’une joie enfantine. Elle cria :
    — Gautier ! Gautier !
    Et soupira en réalisant que le ronflement sonore qui venait de la pièce d’à côté ne s’était aucunement apaisé depuis sa conversation avec d’Avellino. Elle retourna vers la fenêtre, saisit la cruche et se dirigea d’un pas décidé vers la chambre de son serviteur.
    25
    Après un copieux banquet et une discussion avec la reine et l’émir des émirs, le roi s’était dirigé vers le harem. Qu’étaient ces deux cadavres et cette affaire de manteau lacéré auprès de la victoire qu’il venait de remporter et du concordat qu’il avait obligé le pape Adrien IV à signer ? Le scepticisme de la reine et les craintes de l’émir, y compris sur ces hypothétiques Assassins qui en voudraient à sa vie, l’avaient agacé. L’heure était aux réjouissances, pas aux récriminations et encore moins à la peur !
    — L’autre bonne nouvelle, avait-il ajouté, ce sont ces présents offerts par Henri Plantagenêt. Il faudra organiser un banquet, que je reçoive dignement les guerriers fauves et leur jarl.
    Puis Guillaume avait coupé court aux mises en garde de Maion en lui disant qu’il préférait mourir d’un coup de poignard plutôt que des fièvres ! Il n’avait pas le même tempérament que celui-ci, rongé par la hantise de l’assassinat.
    Le roi haussa ses larges épaules, rejetant ces pensées moroses, et regarda les fityan , les eunuques du palais, qui se rangeaient sur son passage, le caïd Pierre, leur chef, devant eux. Blancs de peau, à l’exception d’un Africain de haute taille, d’origine slave pour la plupart,

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