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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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sa voix, les lévriers couchés à ses pieds se dressèrent d’un bond et se réfugièrent à l’autre bout de la salle. La colère de Guillaume était telle qu’il se leva, heurtant l’un des vases de porphyre qui bascula sur le dallage et vola en éclats.
    « Si au moins, songea l’émir, c’était l’or qui avait attiré l’Assassin. Mais de tous les joyaux entassés sous la tour Pisane, coffres, vases, coupes précieuses, bijoux... un seul a retenu son attention : l’emblème du pouvoir. »
    — Maion, je t’ai posé une question ! s’écria le roi.
    — Oui, mon roi, pardon.
    L’émir chuchota presque :
    — On a volé la couronne royale et il y avait le même message sur le corps des gardes.
    — La couronne !
    Cela paraissait si invraisemblable que Guillaume mit un moment avant de comprendre la portée de cette disparition. Puis d’un coup, il saisit son fauteuil à pleines mains, le souleva et le fracassa contre le mur. Enfin, il se tourna vers l’émir. Ces mois de guerre et de privations avaient redonné à son visage empâté sa beauté d’origine. Ses cheveux roux tombaient sur ses épaules, et n’eût été cette barbe noire héritée du sang espagnol de sa mère et son teint violacé, en cet instant, il ressemblait trait pour trait à son père Roger II. Il dominait Maion de sa haute taille et ce dernier, pendant un bref instant, se dit que la colère du roi allait l’anéantir. Pour distraire ses courtisans, le roi n’hésitait pas à tordre des barres de fer à mains nues ou à soulever un cheval avec son cavalier ! Alors la nuque d’un émir...
    — Retrouve-la, Maion. Et vite ! ordonna Guillaume d’une voix sifflante.
    — Oui.
    L’émir allait sortir à reculons en saluant son souverain, mais celui-ci le retint d’un geste.
    — Où en es-tu de ton enquête sur ces Assassins et leur île ?
    — Le maître capitaine a fouillé la Kalsa en vain. Il n’y aurait pas de groupe ismaélien dans notre cité. Je me suis aussi longtemps entretenu avec notre géographe Al-Idrisi, qui juge cela improbable. Par contre, il n’est pas exclu que quelques hommes envoyés par ce Vieux se soient infiltrés parmi nos serviteurs ou nos gardes. Je fais au mieux, mon roi, je vous le jure.
    L’émir se demanda s’il devait parler du mystérieux évadé, mais le regard terrible de Guillaume l’en dissuada. Il salua et s’empressa de sortir. Il venait à peine de rejoindre ses appartements qu’on frappait à sa porte. Le visage pointu de Gaetano apparut :
    — La reine arrive, ô émir des émirs.
    30
    Après un copieux déjeuner où le lait de chèvre et les confitures de roses et de figues l’avaient disputé aux pains chauds et aux pâtés sortis des fours de Sélim, Hugues et Tancrède allaient prendre congé de l’émir Khalil quand un bruit de pas précipités interrompit leurs adieux. Un serviteur apparut, qui s’agenouilla devant l’émir :
    — La Légion, mon maître. Ils sont là ! s’écria-t-il.
    — Tu veux dire à notre porte ?
    — Oui, mon maître. Leur chef dit qu’ils viennent chercher les sires de Tarse et d’Anaor.
    Khalil se tourna vers Hugues :
    — Aucun des miens n’a pu nous trahir, mon ami, cela veut dire que j’ai sous-estimé le service de renseignements de notre révéré émir. Que désires-tu ? Il y a ici une sortie secrète que nul ne connaît, hormis moi, et j’ai suffisamment d’hommes pour que tu aies le temps de t’enfuir avec Tancrède...
    — Il n’en est pas question, Khalil ! le coupa Hugues avec véhémence. Pourquoi fuir ? Pour avoir la Légion à nos trousses ? Tancrède doit être présenté au roi. Sa place est ici. Et il devra aussi rencontrer l’émir des émirs.
    — Et la reine... N’oublie pas la reine. Et méfie-toi d’elle. Je la crois capable de tout pour garder le pouvoir. On la dit proche de Maion, très proche... Si tu vois ce que je veux dire.
    — Je vois.
    — Ne puis-je faire autre chose pour vous ?
    — Non, tu as assez fait.
    — Et par Allah, je continuerai, pour toi ou pour le fils de notre duc, tu le sais.
    Il se tourna vers son serviteur.
    — Dis à l’officier de la Légion que messires de Tarse et d’Anaor arrivent... Et ordonne à mes gens de se grouper dans la cour, en armes.
    L’homme partit en courant. L’émir fit signe à ses amis de le suivre.
    — Venez ! J’ai un présent pour vous.
    Ils quittèrent la douceur du jardin intérieur et débouchèrent bientôt

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