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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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écuyer arabe disait : « On se rend maître du cheval comme du serpent, en lui tenant la tête. » Il faudra le faire en douceur. Quant à vos étriers, vous les chausserez courts, talons reculés, pointes de pieds dirigées vers le sol et genoux avancés. Une position qui vous permettra, s’il y a combat, d’être dressé et de manier avec aisance le sabre, la lance ou l’arc.
    Tancrède monta en selle, la jument le salua d’un hennissement joyeux et, après un dernier adieu à l’émir Khalil, la troupe se mit en marche, regagnant la via Alloro. Hugues chevauchait devant avec Mustapha, discutant des affaires du palais.
    Avec toute l’insouciance de la jeunesse, le jeune Normand, oubliant qu’on les conduisait vers le redoutable maître de Palerme, redressa les épaules. Le pas d’Obeya était long et rapide. On la sentait prête à prendre le galop et à le tenir. Un sentiment de fierté, que renforçaient les regards admiratifs des gens qui se rangeaient sur leur passage, emplit le jeune homme. Pour la première fois, il montait un cheval de roi.
    31
    Aucun des deux amis ne remarqua la petite troupe qui, débouchant de la Porta Termini, ralentit pour leur céder le passage. Bartolomeo d’Avellino et trois de ses hommes encadraient un cavalier enveloppé d’un long mantel à capuche. Eleonor, car c’était elle, reconnut aussitôt la silhouette d’Hugues et celle de Tancrède. Elle aurait voulu les appeler, au lieu de quoi, elle resta muette. D’Avellino, qui les avait remarqués, conduisit sa monture près de la sienne.
    — Le monde est petit, n’est-ce pas ? Vous avez reconnu nos anciens compagnons de voyage ?
    — Oui, répondit Eleonor dont la voix s’étrangla malgré elle.
    Les larmes lui montaient aux yeux et elle dissimula son visage dans l’ombre de sa capuche. Seuls ses doigts crispés sur le pommeau de la selle la trahissaient.
    — En avant ! ordonna d’Avellino que cette rencontre semblait avoir rempli d’une soudaine bonne humeur.
    Hugues et Tancrède étaient déjà loin, mais l’étendard de la Légion restait visible au-dessus de la foule qui s’était refermée derrière eux. Eleonor s’en voulut de l’émotion qui l’avait envahie. Elle ne devait penser qu’à l’arrivée de son époux, non à Hugues. Mais voir ce dernier si proche après cette longue séparation l’avait bouleversée. Elle talonna sa monture pour rejoindre d’Avellino. Le grand chien s’élança à ses côtés. Pendant un moment, ils suivirent l’étendard qui remontait la via Marmorea, la longue avenue rectiligne qui menait de la mer au Qasr, puis le chevalier noir obliqua vers la gauche, entraînant Eleonor dans un dédale de ruelles où leurs chevaux avaient du mal à se frayer un passage.
    — Nous sommes tout près de la Giudecca, le quartier juif, c’est là que j’ai mon palais, l’informa Bartolomeo.
    La jeune femme n’osait se confier, mais elle se sentait perdue, égarée dans un monde qui n’était pas le sien, où elle ne possédait ni repères ni amis.
    — Je n’ai jamais vu d’autre ville que Caen, murmura-t-elle ; et Palerme est si différente. Les cris de la rue ne sont pas les mêmes, il y a tant de couleurs, et de peuples divers. Et toutes ces langues ou ces dialectes que je ne comprends pas.
    — Vous vous habituerez, fit Bartolomeo d’un ton léger.
    Un portail, de hauts murs... Ils entrèrent bientôt dans une grande cour dallée, où un homme aux cheveux blancs et au visage sévère dirigeait avec rudesse un valet. Un court instant, il releva la tête pour observer la femme qui accompagnait son maître. Son regard était si vide d’expression, si mort qu’Eleonor en eut le frisson.
    — Le chef de ma maison quand je ne suis pas là, le présenta Bartolomeo, Marco. Un de nos parents. Il s’est occupé de ma sœur et de moi pendant des années.
    — Vous avez une sœur ? demanda la jeune femme que la perspective d’avoir une compagne réjouissait.
    — Elle est morte, répondit le chevalier.
    Rougissante, Eleonor bégaya quelques mots d’excuse. Les vantails se refermèrent. La jeune Normande se laissa glisser à terre et rabattit sa capuche, laissant ses boucles brunes s’échapper. Le chien s’était assis à ses côtés, la langue pendante. Après ce mois d’inactivité, il semblait heureux de cette longue course.
    — Venez, damoiselle, je vais vous conduire à vos appartements, la pressa d’Avellino. Eleonor regarda les murs, la porte

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