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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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renforcée de barres de fer et étouffa un soupir.
    Comme s’il avait deviné ses pensées, le chevalier ; ajouta :
    — Je vous fais promesse qu’il y aura d’autres promenades.
    Ils entraient dans la maison et elle allait le remercier quand une grande femme maigre vêtue d’une robe noire apparut au bout d’un couloir.
    — Voilà celle qui va s’occuper de vous, déclara Bartolomeo. Son nom est dame Elvire. C’est une femme dévouée, vous verrez, et que le travail n’effraie pas. Ne m’en voulez pas, mais je dois vous laisser, on m’attend au palais.
    — Je vous en prie, faites, chevalier. Et merci d’avoir tenu votre promesse.
    — Je tiens toujours mes promesses, rétorqua-t-il.
    La femme s’était avancée et dès l’instant où Eleonor croisa son regard, elle comprit qu’elle serait un geôlier plutôt qu’une alliée. Était-ce la froideur de ces yeux noirs, ce sourire contraint, la sécheresse du corps, ces doigts aux ongles trop longs ou le discret regard de connivence entre elle et son maître ? Eleonor ne le savait, mais elle se raidit malgré elle quand l’autre la salua :
    — Damoiselle de Fierville, je suis contente de vous rencontrer enfin. Mon nom est Elvire... pour vous servir.
    — Après toute cette route, la damoiselle est fatiguée, veuillez la conduire à ses appartements en attendant de lui servir son repas, ordonna d’Avellino.
    Puis il ajouta :
    — Vous lui obéirez comme à moi-même. Son serviteur Gautier et ses bagages arriveront bientôt dans une carriole, vous veillerez à ce qu’il soit installé dans les communs.
    — Oui, messire, fît la femme.
    Marco avait rejoint son maître avec lequel il s’entretint un moment avant de disparaître en sa compagnie. Eleonor entendit le mot « Chypriote », puis celui d’« Assassin », les voix s’éloignèrent. Elle soupira, elle était à nouveau prisonnière. Une pensée pourtant la rasséréna. Hugues était proche. Tout proche.

 
    LE HORS VENU

 
    32
    Tancrède se dit qu’il n’oublierait jamais son entrée dans la Galca. Passé ces nouvelles portes, plus surveillées encore que celles de la cité, on était dans un autre monde, une ville à l’intérieur de la ville. Derrière ces hauts murs et ces tours de défense vivaient le roi normand et sa cour.
    Leur petite troupe avait longé des makhzan , des magasins royaux où flottaient les étendards de Sicile, avant de s’engager sur une large allée sinuant au milieu de luxueuses maisons et de jardins. Au nord de l’enceinte se dressait le palais normand dont la silhouette trapue surplombait les autres édifices.
    Le jeune homme ne pouvait détacher son regard de l’énorme forteresse, ne sachant distinguer la joie de l’anxiété dans la foule de sentiments qui s’emparait de lui. Il entendit les sonneries des cors prévenant de leur arrivée. Sans bien savoir comment, il se retrouva dans la cour principale.
    Des palefreniers accouraient. Hugues avait sauté à terre. Le chef du détachement leur fit signe de le suivre. Le jeune Normand avait l’impression de vivre un rêve, et s’il percevait de façon aiguë le moindre détail de ce qui l’entourait – des délicates frises dorées des mosaïques aux gouttes de sueur sur le visage de leur guide –, il se sentait en même temps étrangement détaché de tout comme s’il n’habitait plus en lui-même. D’instinct, il savait qu’il était en train de vivre un événement essentiel de son existence, et que les minutes à venir pourraient bien être autant un aboutissement qu’un nouveau départ à l’énigmatique voyage qu’avait été sa vie. Et pourtant, tout était si nouveau...
    — Venez, Tancrède ! l’appela Hugues alors qu’il restait figé à contempler un jardin intérieur où s’ébattaient de délicates gazelles.
    L’intonation particulièrement solennelle de la voix de son mentor fit écho aux fortes impressions qui s’emparaient de Tancrède.
    Le palais était un labyrinthe de corridors, de salles décorées de peintures aux couleurs vives. Des Normandes, jeunes aristocrates vivant à la Galca avec leur époux ou leurs parents, s’arrêtaient pour laisser passer les nouveaux venus, mais surtout pour mieux les observer. Habillées à la musulmane, elles riaient en masquant à demi leurs traits sous des voiles, portaient des étoffes de soies brochées d’or et des babouches ornées de pierreries. Des Grecs discutaient près d’une fenêtre. Au détour

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