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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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aussi.
    — Croyez-vous qu’il suffise d’être loyal pour vivre à la cour de Palerme ? rétorqua Maion.
    — Cela suffisait au temps de Roger II ! répliqua Hugues. Vous le savez bien, vous qui l’avez conseillé avec succès pendant des années.
    Maion de Bari ne répliqua pas. Il caressait sa chaîne d’or d’un air méditatif. En bon joueur et en stratège averti, il aimait les adversaires de valeur, c’était si rare... Même si ensuite, une fois l’amusement passé, il les jetait en prison ou les faisait tuer !
    — Si vous voulez que mon propos ne vous déplaise pas, insista Hugues, et que la partie soit belle, peut-être vaudrait-il mieux m’éclairer sur ce que vous attendez de nous ?
    Était-ce ce mot « partie » qui avait décidé l’émir ? D’un coup, il repoussa sa chaise et se leva :
    — Soit. Venez tous les deux !
    On leur banda les yeux et, quelques instants plus tard, ils ouvraient les paupières dans la pénombre d’une salle souterraine. À leurs pieds gisaient trois cadavres aux membres raidis.
    34
    — Vous savez où nous sommes ? demanda l’émir des émirs.
    Hugues de Tarse hocha la tête, se reprochant d’avoir mené Tancrède dans ce qui ressemblait de plus en plus à un piège. Avec cette affaire, son protégé ne risquait pas seulement l’emprisonnement, mais une mort atroce aux mains des bourreaux du roi.
    Que s’était-il passé dans la salle du Trésor ? Il peinait à le deviner, cependant son intuition lui disait qu’il lui faudrait résoudre l’énigme qu’on lui présentait. Sinon, le Gréco-Syrien l’avait compris, son protégé et lui feraient des boucs émissaires tout désignés.
    Qu’attendez-vous de moi ? demanda-t-il sèchement.
    — On m’a dit que vous possédiez quelque savoir en médecine. Comme vous l’imaginez, je ne tiens pas à ce que cette affaire s’ébruite et j’aimerais avoir votre avis.
    Après avoir observé ce qui les entourait et remarqué le buste vide au centre de la pièce, Hugues se pencha. Ses yeux s’arrêtèrent un instant sur le parchemin. L’écriture était la même que sur celui que lui avait montré Maion de Bari dans son bureau.
    Il déchiffra le message rédigé en arabe :

    À cette lecture, une sueur froide l’inonda. Pourquoi fallait-il qu’il les croise à nouveau sur sa route ? Ce poème lui en rappelait un autre déposé sur le corps de son frère aîné. La Perse. Ispahan. Les Assassins. La forteresse d’Alamut et le Vieux de la Montagne. Tout cela était si lointain, si douloureux...
    Masquant son trouble, il s’efforça de recouvrer son calme et reporta son attention sur les plaies béantes. Seul Tancrède, qui ne l’avait pas quitté des yeux, avait remarqué l’effet que le singulier message avait eu sur lui.
    — Alors ? demanda l’émir des émirs.
    C’est d’une voix calme, de ce ton détaché qu’il employait quand quelque chose le touchait de trop près, qu’Hugues répondit :
    — Ils sont morts de la même main. Un poignard à la lame courbe... et effilée. Très tôt ce matin, ou avant la mi-nuit, c’est difficile à dire vu la quantité de sang qu’ils ont perdue.
    — Rien d’autre ?
    — Si... Ils n’ont pas été tués ici.
    — Qu’est-ce qui vous conduit à penser cela ?
    Hugues leva sa torche, éclairant les corps jetés les uns sur les autres.
    — Trois choses : de simples gardes n’ont rien à faire à l’intérieur de cette salle, leurs postures sont anormales et il n’y a aucune trace sur le sol.
    Hugues se redressa.
    — L’homme qui a fait ça devait être à la fois informé du mouvement des patrouilles, y compris des mesures récentes que vous aviez pu prendre, émir, et extrêmement rapide. Les hommes de la Légion sont des soldats d’élite.
    — Comment a-t-il pu les approcher ? demanda Maion que l’aisance d’Hugues déconcertait.
    — Vous me demandez de résoudre une énigme sans me donner tous les éléments que vous détenez, sire Maion. Pour vous donner réponse, je dois regarder où ils ont été tués.
    Maion fit signe au garde d’ouvrir la porte. Après un bref coup d’œil circulaire, Hugues repéra les traces brunâtres sur le dallage. Il s’agenouilla, effleurant le sol du bout des doigts :
    — Soit notre homme connaissait ses victimes, soit quelque chose... Mais n’y avait-il pas un orage hier au soir ? Un coup de tonnerre serait une diversion suffisante. Ensuite, notre criminel n’a plus eu qu’à

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