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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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et essaya de le calmer.
    — Tout va bien, Ruggero. Tancrède a donné sa parole.
    — Il n’a pas à le faire !
    La voix de Maion s’éleva à nouveau :
    — Puisque c’est ainsi, j’ai changé d’avis. Messire d’Anaor restera au palais.
    C’était sans appel. Le duc sentit qu’il avait été trop loin. Hugues baissa les yeux, furieux à la fois que son stratagème pour éloigner le jeune homme ait échoué et que Ruggero n’ait pas gardé son sang-froid. Seul Tancrède se réjouit du retournement de situation. Il se tourna vers l’aristocrate.
    — Messire, j’aurais été ravi d’accepter votre hospitalité, mais j’avoue n’être pas fâché de rester auprès de mon maître. Je lui serai peut-être de quelque utilité dans l’affaire qui le préoccupe. Tout est bien ainsi, croyez-moi. La proposition de l’émir des émirs est une faveur qui ne se refuse pas.
    Ruggero hocha la tête. Il avait enfin compris que la situation était plus complexe qu’il ne le croyait et que ses amis étaient prisonniers de Maion. Le visage encore rouge de colère, il s’approcha de l’émir, posant ses énormes poings sur la table.
    — Que rien ne leur arrive ou, par ma vie, je vous tuerai de mes mains, jeta-t-il avant de saluer et de sortir en claquant la porte.
    36
    — Quelle plaie que ces Normands et leur caractère ! commenta Maion en essuyant la sueur qui coulait de son front. Je ne connais pas d’hommes plus irascibles ! Asseyez-vous, asseyez-vous tous les deux et passons à l’affaire qui nous préoccupe ! Un de vos anciens amis, messire de Tarse, a demandé à assister à notre entretien et je ne voyais pas de raisons de lui opposer un refus.
    Au moment où il prononçait ces paroles, Bartolomeo d’Avellino entra.
    — Je me demandais quand je vous reverrais, Bartolomeo, déclara Hugues.
    — Je vous avais promis d’être en Sicile à votre arrivée, répondit le chevalier avant de se tourner vers Tancrède. Salut à vous, messire « écuyer ».
    Un peu surpris, le jeune homme lui rendit son salut.
    — Si vous faites allusion à la façon dont je vous ai présenté Tancrède lors de notre escale à Jersey {6} , intervint Hugues, je croyais inutile de vous nommer quelqu’un que vous connaissiez déjà.
    — Pour tout dire, rétorqua Bartolomeo, je ne l’ai vraiment compris qu’à mon retour en Sicile, grâce à un de mes amis de la Dohana baronum. Les documents attestant le legs du château et des terres fait par le duc Roger à son fils aîné Tancrède d’Anaor figurent dans l’un de ses registres.
    Sentant l’animosité qui montait entre les deux hommes, l’émir leva la main.
    — Du calme, du calme, messires ! ordonna-t-il. Nous avons des choses autrement importantes à régler que vos querelles personnelles.
    Il reporta son attention sur Hugues.
    — Vous m’avez demandé de vous renseigner sur cette affaire, je vais le faire, mais que ceci reste entre nous.
    Tous trois hochèrent la tête en signe d’assentiment et l’émir des émirs se lança dans le récit des premiers assassinats : ceux du geôlier, du garde et du fityan du harem, puis il revint au manteau lacéré, au vol de la couronne et aux meurtres des hommes de la Légion. Enfin, il parla du mystérieux évadé et s’arrêta, désignant les messages.
    — Nous avons trouvé ceci sur les cadavres.
    — Pas sur tous, si j’ai bien compris, constata Hugues.
    À nouveau le même trouble chez son maître quand on parlait de ces messages, remarqua Tancrède. En quoi cela le touchait-il si intimement ?
    1. Voir Les Guerriers fauves, op. cit.
     
    — C’est exact, répondit l’émir. J’en comprends le sens, mais je ne vois pas qui, parmi les ennemis du royaume, peut l’adresser au roi ni pourquoi.
    L’émir s’amusait. Rien ne lui plaisait davantage que de fabriquer des chausse-trapes comme celle qu’il était en train d’élaborer pour ferrer le sire de Tarse.
    — Rien ne nous dit qu’il soit adressé au roi, remarqua d’Avellino.
    — À qui d’autre alors ?
    — À vous peut-être, sire émir. N’a-t-on pas déjà essayé de vous nuire ?
    — Nuire est un mot bien faible, mais, comment dire... Le procédé était plus direct, rétorqua Maion. Et je ne vois pas pourquoi on aurait lacéré un des manteaux du roi ni volé sa couronne si c’était moi j qu’on voulait atteindre.
    — Il y a bien des façons de nuire. C’est peut-être une manière de vous discréditer auprès de

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