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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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d’un pas mal assuré, se demandant quelles autres horreurs recelaient ces lieux. Ils descendirent quelques marches et arrivèrent bientôt à la Salle, une pièce glacée et humide où étaient déposés des cadavres serrés dans des linceuls souillés. Un sergent s’employait à noter dans son registre les noms des morts. Il suspendit son geste en voyant entrer Simon et le salua avec respect. Quelques instants plus tard, il leur ouvrait la porte de la cellule du mystérieux évadé.
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    Pendant qu’Hugues détaillait l’intérieur de la geôle : la civière et la lance que Simon avait donné ordre de laisser sur place, la tarentule dans sa toile, l’ouverture par laquelle s’était glissé le détenu, le dallage, le soupirail... le regard de Tancrède s’arrêta sur ce qu’il prit pour un dessin dissimulé par un tas de paille souillée.
    Ce fut comme s’il avait entendu la question que lui posait si souvent son maître :
    — Qu’avez-vous vu ?
    C’était un jeu que tous deux pratiquaient depuis des années. Hugues, aux moments et dans les lieux les plus insolites – église, route, auberge –, faisait appel à la mémoire de son protégé, l’aiguillonnant avec des sujets aussi divers que la couleur d’une mosaïque, les boutons d’un vêtement, le nombre de soldats d’une patrouille, les canards posés au milieu d’un étang...
    Tancrède se pencha, écarta la paille et découvrit des encoches dans la pierre. Il y en avait tant qu’il mit un moment à les compter. Si chacune représentait un jour, c’étaient des mois qui étaient couchés là. Il rejoignit son maître et lui glissa quelques mots à l’oreille, l’attirant de ce côté. Hugues hocha la tête et seul l’éclat de ses yeux fit comprendre à son protégé qu’il y avait là matière à réflexion.
    Impassible, le maître capitaine les observait. Enfin, il remarqua :
    — J’ai déjà fouillé cette pièce et je me suis fait expliquer l’existence de ce regard.
    Avec la rigueur d’un soldat, il relata tout ce qu’il avait appris sur la présence d’une ouverture menant aux qanats du palais.
    — Vous avez retrouvé le corps du geôlier ?
    — Oui. Il a été tué d’un coup de poignard. Une arme arabe. Comme les autres.
    — Pas si vite, voulez-vous ? fît Hugues d’une voix douce. Quel armement portent les geôliers de la prison royale ?
    — Une lance, parfois un gourdin, toujours un poignard.
    — De quel type ?
    — Une lame arabe. Elles sont faites par un des forgerons de la Kalsa.
    — Notre meurtrier a donc utilisé l’arme de sa victime. Je suppose que vous ne savez toujours pas qui il était ?
    Simon, qui avait en vain étudié tous les registres et interrogé les geôliers, secoua la tête négativement.
    — Vous avez eu, m’avez-vous dit, les plans des qanats ?
    — Oui. Et j’ai aussitôt posté des gardes devant tous les regards ouvrant à l’intérieur du palais.
    — Ces regards débouchent dans des canaux remplis d’eau ?
    — Oui.
    — Et ces canalisations se retrouvent partout dans le palais mais aussi, dites-moi si je me trompe, elles courent sur des lieues et des lieues et mènent en d’autres endroits, dans la campagne environnante et même jusqu’au port de la Cala. Les muqannis ont dû vous donner un relevé de ce réseau dans et en dehors de la Galca.
    — C’est exact.
    Tancrède se demanda où son maître voulait en venir puis la réponse lui apparut. Le condamné aurait pu s’enfuir, or il ne l’avait pas fait. À moins que les autres crimes ne soient pas de sa main.
    — Il n’est pas tant important de savoir qui il est que de comprendre ce qu’il a fait et pourquoi. Maintenant, je voudrais voir les lieux des autres crimes. La salle d’audience et là où on a tué le fityan.
    — C’était non loin du harem et du tiraz.
    La voix de Simon s’était faite moins ferme. Cet homme allait-il oser lui commander de le conduire dans le harem du roi ?
    — Mais je ne peux vous mener dans cette partie du palais, affirma-t-il. Vous êtes des étrangers...
    — L’émir des émirs nous a donné un laissez-passer valable partout ?
    — Oui, répondit Simon à contrecœur.
    — Alors conduisez-nous là où je vous l’ordonne ! conclut Hugues avec autorité.
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    Quelques instants plus tard, alors qu’ils étaient dans la salle d’audience, Simon leur expliquait la mort du garde.
    — Vous dites une lame effilée comme celle du premier

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