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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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ressembler à une enfant.
    — Je dormais, messire. J’aime dormir. Je dors beaucoup. Parfois, Théodora me dit que je dors trop. Ici, au palais, j’ai un joli lit tout plein de coussins et des draps si doux et légers que même quand il fait chaud, je ne les sens pas sur ma peau. Et puis, Sucre reste tout près de moi.
    — Tu n’as rien vu d’anormal ?
    — Non, messire. Qu’aurais-je dû voir ?
    — Rien. As-tu entendu l’orage la nuit dernière ?
    — Euh, non, messire. J’étais avec le roi.
    — Merci, Rochésie.
    Il fit signe au caïd que l’entretien était fini.
    — Je veux voir Amina.
    L’eunuque demanda à la jolie rousse de le suivre.
    — Au revoir, messires. Viens, Sucre !
    La porte se referma.
    — Pourquoi aller si vite ? demanda Tancrède en revenant vers Hugues.
    — Ce n’est qu’une enfant insouciante. Et elle est ici depuis trop peu de temps.
    Après un bref moment d’incompréhension, le visage du jeune homme s’éclaira :
    — Les traces sur le mur de la prison.
    — Continuez ! l’encouragea Hugues.
    — Si l’homme de la prison est le même que celui venu au harem, il n’aurait pu connaître la petite Rochésie.
    — Vous progressez, fit Hugues. Vous n’aurez bientôt plus besoin de moi.
    — J’aurai toujours besoin de vous, protesta Tancrède. Même si l’on imagine que notre mystérieux évadé n’a pas indiqué tous les jours, il était là depuis au moins six mois.
    Il se tut puis ajouta :
    — Et si c’était quelqu’un de sa famille ? Un père ou un frère ?
    — Les Esclavons ne sont pas conduits à la prison royale et notre fugitif est un homme de guerre.
    Des coups discrets retentirent à la porte.
    Le caïd revenait, accompagné d’une Orientale vêtue de longs voiles de couleur, des rubans dans ses cheveux dénoués, des mules serties de pierreries aux pieds : Amina, l’ancienne favorite de Guillaume I er .
    Ronde et de petite taille, parfumée d’ambre et de musc, les yeux noirs, le visage large, les lèvres pleines, Amina ne retenait pas l’attention au premier regard comme Rochésie. C’était en la voyant bouger qu’on percevait ce qui devait séduire ses amants. Cette sensualité molle et enveloppante qui vous faisait comprendre que cette femme-là n’avait de force que pour la volupté.
    — Je vous présente Amina, fit le caïd. Désirez-vous que je vous laisse seuls avec elle, messires ? Elle parle l’arabe et le latin.
    — Non, restez, je vous en prie. Nous parlerons arabe.
    Très à l’aise, malgré la présence d’étrangers, la femme s’était assise sur des coussins en face d’eux, étalant ses longs voiles autour d’elle, mettant en valeur l’opulence de son buste et la finesse de ses chevilles.
    — Pierre m’a dit que vous étiez des amis de l’émir des émirs.
    — Quelque chose comme ça, Amina, éluda Hugues. En vérité, j’aimerais que tu répondes à mes questions.
    — Je me garderai de déplaire à l’émir ou à vous, messire, fit la courtisane avec un sourire qui découvrit des dents d’une blancheur éclatante.
    Elle devait sourire ainsi à tous ses amants.
    — Depuis combien de temps vis-tu au harem ?
    — Je ne sais...
    Elle fit mine de réfléchir :
    — Quatre ans, je crois.
    — J’aimerais que tu me parles de ta vie ces derniers jours.
    La jeune femme arrangea la ceinture dorée qui maintenait les plis de ses voiles. Puis, d’un air provocant, demanda :
    — Que voulez-vous savoir au juste, messire ? L’heure à laquelle je me déshabille pour prendre mon bain ? Celle où je brosse mes cheveux ? Où les eunuques massent mon corps pour rendre ma peau douce et parfumée ?
    — Rien de tout cela, répondit Hugues. Es-tu au courant des meurtres du palais ?
    — Je... Oui, bien sûr.
    Un court instant désarçonnée, Amina se reprit.
    — Tout le monde est au courant. Mais je ne sais rien.
    — Je crois au contraire que tu sais bien des choses et que nous allons les découvrir ensemble. Connaissais-tu Philippe, l’eunuque qu’on a assassiné ?
    — Oui. (À nouveau un sourire éblouissant.) Ce n’est pas parce que c’était un cousin de Pierre, mais je l’aimais bien.
    — Il possédait les clés du tiraz ?
    — Oui, il nous y conduisait parfois.
    — Tu travailles à l’atelier de tissage ?
    — Pas souvent. Le roi préférait que je m’occupe de lui. Il m’emmenait au palais de Maredolce, nous partions sur des bateaux avec des

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