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Le Hors Venu

Le Hors Venu

Titel: Le Hors Venu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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musiciens... Il m’offrait des fleurs et des bijoux, des robes de soie, des mules brodées de pierreries comme celles que j’ai aux pieds, elles sont jolies, n’est-ce pas ?
    — Continue.
    — Il était si généreux...
    La jeune femme s’interrompit.
    À la voir ainsi, jouant avec ses bagues et ses bracelets, la lèvre boudeuse, Tancrède se dit qu’elle songeait davantage au désavœu du roi qu’à l’eunuque assassiné.
    — Le roi s’est éloigné de toi, m’a-t-on dit. Il en a choisi une autre, plus jeune, jeta le Gréco-Syrien.
    La repartie était si brutale que cela fit réagir Amina, ce qu’espérait Hugues.
    — Justement elle est trop jeune, elle a encore du lait au coin des lèvres et ne sait pas ce qu’est l’amour. Il me reviendra !
    — Reparlons de Philippe, si tu le veux bien. Il faut que tu m’aides à trouver son meurtrier. Savais-tu qu’on lui avait volé les clés du harem ?
    Elle secoua la tête.
    — Je n’ai pas envie de parler de ça, messire, geignit-elle, vaguement effrayée par le tour que prenait la conversation. Je ne sais rien, je vous dis.
    En cet instant, tout dans son attitude indiquait qu’elle mentait. Amina n’avait ni l’habileté ni la prudence de certaines courtisanes. Très à l’aise sur le terrain de la séduction, le reste ne l’intéressait guère, et cet homme aux questions si directes et au regard trop perspicace sur lequel ses tentatives de charme restaient sans effet la mettait mal à l’aise.
    — Tes envies sont bien mon dernier souci, Amina. Veux-tu finir dans une geôle de la prison royale ? Faut-il que j’appelle le maître capitaine ?
    La jeune femme blêmit et lança un coup d’œil implorant au caïd qui resta impassible.
    — Mais pourquoi dites-vous ça, messire ? balbutia-t-elle d’une voix plaintive. Je n’ai rien fait. Je vous le jure.
    — Je ne t’ai pas encore accusée, Amina. As-tu vu quelqu’un dans les couloirs cette nuit-là ?
    La femme hésita.
    — De quoi ou de qui as-tu peur ? continua Hugues. Ne sais-tu pas que rien n’est pire que les tourments de la prison royale et les mains des bourreaux ?
    Elle restait muette, mais, à son regard affolé, Hugues sentit que ses dernières résistances cédaient.
    — Où étais-tu le soir du meurtre ? Ne lasse pas ma patience.
    — Dans mon appartement, jeta Amina. Je n’arrivais pas à dormir, il faisait très chaud et je savais que le roi allait revenir.
    — Comment savais-tu qu’il revenait ?
    — Nous le savions toutes, messire.
    — Donc, tu ne dormais pas. Qu’as-tu vu ou entendu ?
    Elle avait commencé à parler et les paroles sont comme l’eau vive, une fois qu’elles ont trouvé leur chemin, rien ne peut les arrêter. Elle continua :
    — J’étais si nerveuse que je suis sortie de mes appartements pour marcher dans la grande salle. C’est parce que le dallage était humide que je l’ai vu.
    — Humide ?
    — Oui, j’ai failli tomber.
    — Et qui as-tu vu ?
    — Une ombre, messire. Une silhouette.
    — D’homme ou de femme ?
    — J’étais trop loin.
    — Amina !
    — D’homme, messire, d’homme. Mais très maigre, presque squelettique et à demi nu.
    — Crois-tu qu’il t’ait vue ?
    — Comme moi. Mal. Cela a été si rapide ! Je ne saurais le décrire.
    — Je suis sûr que ta curiosité a été plus forte que ta crainte. Tu as dû chercher à savoir où cette créature se rendait ? Recevoir un homme au harem est puni de mort, je crois ?
    Le caïd hocha la tête. Amina avala péniblement sa salive. Ce qu’elle avait à révéler devait être difficile. Elle essaya une nouvelle fois d’attirer l’attention de l’eunuque, mais celui-ci n’avait pas dévié son regard.
    — Alors ? s’impatienta Hugues. Où allait cet homme ?
    — Ne dites jamais que je vous en ai parlé, mais il m’a semblé, semblé seulement, qu’il entrait dans les appartements de Théodora.
    — Théodora... Qu’as-tu fait ensuite ? Es-tu restée là à voir s’il allait ressortir ?
    — Non, messire, j’ai pris peur et je suis retournée dans mes appartements.
    — Maintenant, dis-moi, sais-tu qu’on a volé le roi la nuit dernière ?
    La femme baissa la tête en signe d’acquiescement. Hugues se tourna à nouveau vers le caïd Pierre.
    — Quand le roi est arrivé hier, j’imagine qu’il est venu au harem ?
    — Oui, après ses entretiens avec l’émir des émirs et la reine, et il a demandé

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