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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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pas un diable. Laissez-moi partir.
    — Ah, vraiment ? Tu n’es pas le diable ? Alors, prouve-le-moi. Prouve-moi que tu es un serviteur de Dieu et agenouille-toi devant moi.
    — Ça non. Je ne me mettrai à genoux devant personne, surtout pas devant un imposteur. Vous n’êtes pas un vrai prêtre.
    Desdémone ricana avec délices.
    — Soit. Que d’orgueil ! Libre à toi de contester mon autorité divine. Mais, ce faisant, tu viens de nous montrer ton vrai visage, vassal de Satan. N’est-ce pas, mes frères et sœurs ?
    Il prenait le groupe à témoin. Personne ne répondit, sauf les bien-portants qui abondèrent dans le même sens. Il se tourna de nouveau vers Louis.
    — Prie très fort, Louis, dit-il. Veille et prie sans relâche. Demande l’intercession du Très-Haut. Car demain tu seras introduit au sein de notre communauté. Après quoi je procéderai à un exorcisme pour le salut de ton âme. Je puis te garantir qu’alors, que tu le veuilles ou non, tes genoux sauront fléchir.
    Le faux prêtre se détourna.
    — Magister, attends, dit Desdémone.
    La vigoureuse femme blonde s’approcha en joignant des mains charnues dans une fausse attitude de dévotion. Elle demanda :
    — Puis-je l’avoir cette nuit ?
    Magister rit doucement.
    — Ah, ma bonne amie. Tu sais bien que je ne puis rien te refuser. D’accord. Sois sa marraine. Va, et veille bien sur lui.
    Desdémone eut besoin de l’aide des deux hommes pour maîtriser Louis et lui lier les poignets dans le dos à l’aide d’un bout de sa chemise.
    — Prenez garde, il faut le ménager pour demain. Et je le veux intact, leur dit-elle, le regard animé d’une lueur malsaine, alors qu’ils maintenaient le prisonnier immobilisé devant elle.
    — Apaise-toi maintenant, mon Louis. Je vais te donner du bouillon chaud à boire.
    Elle passa la main dans les cheveux fournis de l’adolescent. Ils avaient allongé ces derniers mois, et les mèches humides avaient récolté quelques feuilles brunes dont elle le débarrassa, en même temps qu’elle repoussait vers l’arrière une mèche folâtre qui tombait dans les yeux de son nouveau protégé. La femme se pencha et voulut lui baiser les lèvres. Ses dents gâtées lui donnaient une haleine fétide. Louis détourna son visage, dégoûté, refusant avec véhémence la seule pensée que cette bouche malodorante pût effacer sur ses lèvres le souvenir des derniers baisers d’Églantine.
    Desdémone éclata de rire et lui assena deux gifles retentissantes. Elle lui prit le menton entre ses doigts.
    — Je vais te réchauffer, moi, tu vas voir.
    Puis, aux hommes :
    — Tenez-le bien.
    Desdémone se passa une langue avide sur les lèvres et dénoua les braies de l’adolescent. Elle y glissa la main et lui pétrit les organes génitaux. Louis se débattit en vain. Il se sentit envahi, souillé jusqu’au tréfonds de son être où étaient conservées les précieuses images enluminées par la poussière du foin de sa couche et par les cheveux blonds de son aimée. Desdémone sourit et lui demanda :
    — Es-tu encore puceau, mon beau petit démon ?
    — Lâche-moi ! Ne me touche pas avec tes mains sales !
    Il tenta de la repousser à coups de pied, mais Godefroy, ricanant, le fit trébucher.
    — Allez, petit, laisse-toi faire un peu. Je suis sûr que tu vas aimer. Desdémone en profita pour serrer davantage.
    — Réponds-moi, ordonna-t-elle.
    Mais Louis, farouche, refusa de dire un mot. Il ne voulait pas profaner la mémoire d’Églantine en parlant d’elle à cette affreuse putain.
    — M’est avis qu’il l’est, dit le comparse de Godefroy.
    La main de Desdémone ressortit du vêtement pour frapper de nouveau Louis au visage. Elle lui accrocha le nez avec l’une de ses grosses bagues et il se mit à saigner.
    — Emmenez-le avec les autres pour qu’il aille aider à dresser le camp dès qu’on aura trouvé une bonne clairière. Je m’en occuperai après.
    On l’avait ligoté en position assise au poteau central de la tente de Magister, sa « chapelle privée », disait-il. L’abri servait parfois aussi aux membres privilégiés de la secte. Quant aux membres mineurs ou aux prisonniers, ils dormaient à la belle étoile, serrés les uns contre les autres, sous la surveillance de deux gardiens qui se relayaient toutes les trois heures.
    La nuit était peuplée de plaintes étouffées, certaines de jouissance, d’autres de douleur, à l’occasion ponctuées d’un

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