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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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sais pas de quoi je suis capable. Regarde, je vais te montrer.
    Elle se mit debout et se dévêtit entièrement. Après quoi, elle s’agenouilla devant lui et défit ses braies. Il n’y avait aucun moyen d’éviter les attouchements qu’elle entreprit de lui prodiguer d’une main experte. Elle prit son membre flasque entre ses mains en coupe et se l’enfouit goulûment dans la bouche. L’adolescent écarquilla les yeux et s’en voulut de se montrer réceptif aux attentions de cette femme vulgaire, qui ne comprenait pas. Il dut se faire une raison : il n’y avait peut-être qu’un seul moyen de se sortir de ce guêpier.
    — Si j’accepte de coucher avec toi, me laisseras-tu partir ?
    — Tu vois, aucun homme ne me résiste, pas même les beaux petits rebelles comme toi.
    Obnubilée par ses propres fantasmes de débauche, elle n’avait même pas entendu sa question. Elle se laissa choir sur lui et l’enlaça des bras et des jambes.
    Assis avec les autres autour du feu, Magister rit comme un dément lorsqu’il vit que les pans de sa tente s’étaient mis à onduler et que le vent n’était pas en cause.
    — On dirait bien qu’il l’a montée solidement, hein, le Gros. Je parle de la tente, cela va de soi.
    Des rires gras éclatèrent. Au rougeoiement fumeux du foyer, toutes les faces, glabres ou non, paraissaient barbouillées de sang.
    — À ce rythme-là, ils en seront quittes pour recevoir tout ce gréement sur la tête.
    — Peu importe. Avec la belle Desdémone, il ne s’en rendra même pas compte.
    Le Gros opina et ricana à son tour. Il lança en l’air une petite noix qui lui retomba directement dans la bouche. Sa face velue, congestionnée, lui donnait l’air sournois d’un sanglier et d’affreuses soies brunâtres dépassaient de ses oreilles dont les lobes étaient croûteux. Comme les autres membres du groupe, il était sale à faire peur. Des poux évoluaient ostensiblement sur sa peau, qui n’étaient sans doute qu’un avant-goût de la vermine grouillant sous sa chevelure hirsute.
    — Ah, vraiment, c’est pain bénit que nous ayons mis la main dessus, pas vrai, le Gros ?
    Louis ne put dormir de la nuit. Desdémone le contraignit à des ébats qu’elle seule pouvait apprécier.
    *
    — Debout !
    Un coup de pied dans les côtes projeta Louis, nu, hors de la tente. Un autre fut destiné à ses vêtements entremêlés à ceux de Desdémone.
    Magister recula d’un pas. Tout le groupe s’était rassemblé et attendait.
    — Ne remets pas ta tunique. Les braies suffisent, dit l’ancien prêtre. Qu’on me donne l’escourgée*.
    Il tendit la main vers Godefroy qui lui remit un fouet à lanière simple.
    — Tu auras droit à quelque chose de mieux plus tard, dit-il en souriant à l’adolescent. Approche !
    Le visage blême de terreur, Louis refusa.
    — Desdémone, dit le prêtre.
    La putain fit avancer son protégé d’une poussée du pied dans les reins. Louis plongea tête la première entre les jambes de Magister, qui ne s’attendait pas à le voir se redresser aussi vite. Il le fit tomber, mais cette manœuvre fut inutile ; l’adolescent fut rapidement maîtrisé par les chefs du groupe qui le couvrirent d’injures. Derrière, les autres prisonniers chuchotaient entre eux.
    — À genoux, suppôt de Satan, toi qui oses porter la main sur un homme de Dieu, dit Godefroy.
    Louis fut ligoté à un arbre dans cette position, le dos tourné vers eux.
    — Que d’ardeur. Et en plus, il m’a foutie* par deux fois, chuchota Desdémone au Gros.
    — Pourquoi pas ? En autant qu’il ne t’a pas refilé une chaude-pisse.
    — Que l’initiation commence, ordonna Magister qui frappa le premier.
    Ce fut ensuite au tour de Godefroy. Louis se mordit les lèvres pour ne pas crier. Cette lanière ne produisait pas du tout le même effet que la ceinture de Firmin : il sentait les traits brûlants se transformer presque instantanément en boursouflures. Certaines se fendirent. Le fouet passa ainsi de main en main afin que chaque membre du groupe puisse donner à la nouvelle recrue son coup rituel. Ceux qui étaient détenus passèrent en dernier. Certains devaient être poussés, d’autres étaient contraints d’appliquer un second coup s’ils s’efforçaient de ménager l’adolescent au dos bientôt couvert de zébrures dont plusieurs saignaient. S’il sursauta à chaque coup reçu, il supporta tout vaillamment, retenant ses cris. Sa lèvre inférieure

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