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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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Louis qui s’affala dans un nuage de poussière. En un instant, Magister arriva, prêt à lui fracasser le crâne avec son crucifix.
    — À mort le perfide !
    La crosse s’abattit sur le sol. Le crucifix s’éleva de nouveau, cette fois à la manière de l’arme qu’il était en réalité. Louis sauta sur ses jambes et brandit la dague. Le bras mort tomba de son manteau. Les deux combattants s’affrontèrent en silence. Magister dit enfin :
    — Ah, Louis. As-tu donc perdu tout respect des pauvres défunts ? C’est toi le responsable de cette pagaille, n’est-ce pas ?
    — C’est lui, Maître. Je l’ai vu délivrer les martyrs, dit Firmin.
    Il le tenait enfin.
    Louis ne répondit pas. Il serrait contre sa poitrine le précieux levain d’une main et pointait sa dague de l’autre.
    — Tu as décimé ma communauté. Ces ingrats sont retournés à l’obscurité de leur cloaque. Ils auront ce qu’ils méritent. Je prierai pour le salut de leur âme…
    Sa voix tremblait de rage contenue et il serra les mâchoires.
    Louis l’interrompit :
    — Qu’ont-ils besoin de vos prières ! Vous auriez dû les nourrir quand il était encore temps. Je m’en vais. J’emporte votre démon avec moi.
    Un rat audacieux vint renifler le bras du pendu aux pieds de Louis.
    — Le Ratier, murmura Firmin.
    Ses yeux suivirent l’hésitation de la lame meurtrière que tenait Magister. Il lui fallait trouver quelque chose, vite. Et soudain, il sut.
    — La dague, Maître. C’est celle de Godefroy. C’est lui qui l’a si ignoblement occis !
    Il n’en fallut pas davantage pour faire enfin réagir le prêtre. En un éclair doré, le crucifix chercha le ventre de Louis, qui put à temps l’éloigner d’une parade. Un duel inégal s’ensuivit. Magister, d’abord empêtré dans sa longue hampe, s’en débarrassa. Le crucifix devint ainsi une arme redoutable dans sa main. Étant donné son inexpérience et sa faiblesse, Louis se retrouva bien vite en état d’infériorité et ne fut en mesure que de se défendre. Avec un sourire cruel, Magister s’amusa à le fatiguer avec d’incessantes offensives qui, toutes, auraient pu le blesser.
    — J’admire ta vaillance, Louis. Quel dommage que tu doives périr. Mais, après tout, n’était-ce point là ton vœu initial ?
    La dague de Godefroy s’éleva dans l’air. Avant qu’elle ne fût retombée, Firmin avait frappé Louis à la tête par-derrière avec la crosse abandonnée. Le gros homme se laissa tomber sur son fils et lui serra le cou comme un forcené pour lui cogner la tête au sol. Il exulta lorsqu’il sentit la vigueur de son fils l’abandonner. Il se releva et dit à Magister :
    — Voilà. C’est la seule façon d’en venir à bout.
    *
    Il ne restait plus du nouveau campement forestier qu’un feu de braises volontairement entretenu. Un jour entier avait passé. Les rares fidèles qui restaient à Magister s’étaient éloignés discrètement, excepté quatre hommes qui devisaient à voix basse près du foyer. Un cinquième individu était ligoté à un arbre. On l’avait déshabillé sans remarquer le pot qui était tombé de sa chemise et qui avait roulé dans l’herbe piétinée.
    — Je voudrais l’y voir crucifié, dit Firmin.
    — C’est hors de question, répondit Magister. La crucifixion est un châtiment sacré. Cette créature infernale qui a osé porter la main sur un homme de Dieu ne mérite pas la même mort que le Christ.
    — C’est prêt, dit le gros homme qui avait retiré du feu un tisonnier porté au rouge. L’idée était de lui et nul n’y trouva à redire. On laissa Firmin seul.
    Magister souriait. « Plus l’homme est vil, plus il obéit », se disait-il.
    Firmin s’approcha de son fils, ce rebut d’humanité destructeur, cet être sulfureux. Il avait le front de lui opposer le regard troublant de la bête abattue qui se savait mortellement frappée, mais qui ne s’y résignait pas encore.
    — Tu voulais me faire peur, à moi ? Vois donc où ça t’a mené.
    Ses joues grasses furent prises d’un tremblement nerveux. Il dit d’une voix saccadée, humide de sanglots retenus :
    — Je n’ai jamais voulu de toi. Jamais. Toutes ces années où je t’ai enduré, où j’ai été pris avec toi… Je te l’ai dit : tu es une erreur. Maintenant, je tiens enfin ma chance de me débarrasser de toi, et de ma honte !
    Le fer rouge s’abaissa sur les parties génitales de Louis. Une odeur acre de

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