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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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    Il rit doucement et laissa ses prunelles pâles errer sur les mains souillées de Louis.
    — Le bon air et le médicament de la belle Jacinta me font du bien.
    — Vous devriez descendre avec les bergers, Papy, dit Hugues.
    — Voyons, tu sais bien que c’est impossible. Je me fais trop vieux pour arriver à les suivre dans leurs déplacements. Je ne veux être un embarras pour personne. Et j’aime ma colline. Nous allons bien ensemble. Elle est aussi sèche et revêche que moi.
    Hugues rit. Louis leva les yeux sur l’homme et se mit en quête d’une branche inexistante à écorcer pour embrocher le lièvre.
    — Ne te donne pas cette peine, mon garçon. J’ai un trou tapissé de pierres, par là-bas. Nous y ferons un feu plus tard.
    Le vieillard pointait un endroit que cachait un piton rocheux à l’est de la grotte. Garin préférait la tendreté d’une viande cuite lentement sous les braises. Il reprit :
    — Je me sens déjà un peu mieux, vous savez. Je jacasse comme une pie. J’aime bien reparler la langue d’oïl {99} . Cela faisait bien longtemps.
    Louis fit un signe d’assentiment et chassa la mouche bleue du revers de la main avant de se rasseoir, sachant que les chiens de berger allaient s’occuper des entrailles du lièvre avant la tombée de la nuit. Garin lui demanda :
    — Que faisais-tu, à Paris ? Étais-tu moine ?
    — Postulant. Mais je suis parti et j’ai volé ce froc. Il n’y avait pas d’autres vêtements.
    — C’est vrai ? Tu voulais devenir moine ? demanda Hugues, incrédule.
    — Qu’y a-t-il de mal à ça ? Je suis moi aussi un moine, dit Garin.
    — Oh ! Je n’y vois pas de mal, au contraire. Me voici donc en très pieuse compagnie. Ça me vaudra sûrement le paradis !
    Garin rit et se leva péniblement. Hugues s’approcha pour lui venir en aide.
    — Je puis vous trouver une canne, lui proposa Louis.
    — Pour quoi faire ? Non, non ! Je n’en ai nul besoin. Prenez le lièvre et suivez-moi, tous les deux. J’ai quelque chose à vous montrer.
    Ils retournèrent tranquillement à la grotte et dépassèrent ce qui à première vue avait semblé l’unique salle. Elle était munie d’une petite fosse à feu au-dessus de laquelle un trou d’échappement naturel permettait l’évacuation de la fumée.
    — Je tâche de n’allumer mon feu qu’à la brune, dit Garin en entraînant ses hôtes derrière une grande couverture de cuir qui dérobait au regard une seconde salle plus petite.
    Comme il y régnait une obscurité quasi totale, le vieillard se mit à la recherche de ce qu’il voulait à tâtons.
    — Ça y est, j’y suis. Toi, le grand, approche. Prends garde au plafond bas.
    C’était un réduit. Louis y éprouva immédiatement un sentiment d’oppression qu’il réprima de son mieux.
    — Grimpe là, sur cette pierre plate. Attention, elle penche un peu. Voilà. Maintenant, touche la paroi juste devant. Bien.
    Louis obéissait docilement à ces mystérieuses instructions, sans savoir qu’il portait la main sur d’admirables peintures rupestres.
    — Sens-tu une sorte de brèche qui s’en va vers la droite ? Tu l’as ? Bon, suis-la. Lorsque tu sentiras que cette brèche en croise une autre presque verticale, arrête-toi.
    — Je la sens, là.
    — Parfait. Maintenant assure-toi une bonne prise et tire.
    Louis comprit : ce geste lui fit déloger une pierre bosselée derrière laquelle se dissimulait une cache dans la paroi irrégulière.
    — Sors-en ce qui s’y trouve.
    — Il y a un trésor là-dedans, chuchota Hugues d’une voix émue.
    — Un quoi ? demanda Garin.
    Louis en sortit avec difficulté un coffre ainsi qu’une épée ancienne. Le vieil homme prit l’arme avec déférence et laissa le coffre aux soins de ses hôtes. L’épée qu’il tenait était munie d’une lame lourde telle qu’on n’en faisait plus depuis près d’un siècle. Peu maniable, elle n’en restait pas moins redoutable lorsque convenablement utilisée.
    — Retournons au soleil, dit Garin.
    Une fois dehors, il tendit l’arme à Louis et ouvrit le coffre.
    — C’est là tout ce qui reste de ma vie. Je désire être mis en terre avec tout ceci. Je n’ai plus de parentèle, et mes compagnons, s’il y en a qui sont encore de ce monde, sont depuis longtemps partis autre part. Le trésor qu’il y a ici en est un de gloire passée. Il ne s’agit que des souvenirs d’un vieil homme. Ce trésor n’est pas d’or, mais de

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