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Le jardin d'Adélie

Le jardin d'Adélie

Titel: Le jardin d'Adélie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie Bourassa
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exécution de quelque manière que ce soit devra faire face aux réprobations de la cour.
    — Vas-y, Baillehache ! À la hart, à la hart, le traître ! criaient des voix.
    Le bourreau s’approcha lentement de Firmin et le regarda. Le vieil homme sursauta, comme s’il revenait soudain à lui. Il se tourna légèrement et leva la tête pour dire :
    — Maître…
    C’était la première fois qu’il employait ce titre pour s’adresser à lui.
    — Je n’ai rien fait. Je le jure devant Dieu. Tout ceci, c’est une erreur. Dites-le au roi. Vous, au moins, il va vous écouter. Ayez pitié de moi…
    Il tentait désespérément de se retourner vers Baillehache et de se dégager de sa poigne de fer, mais ce faisant il se cogna le nez contre la poitrine du bourreau. Louis lui fit aisément faire volte-face. Firmin poursuivait :
    — Grâce, ne me faites pas ça. Je promets de vous donner tout ce que vous voudrez. Je suis riche, très riche et…
    — Ça suffit. Je ne peux rien faire pour toi.
    — … Je me fais vieux. Il me reste si peu de temps, de toute façon. Et j’ai une famille.
    — Tu avais un fils. Il n’est plus.
    Firmin hoqueta. Savaient-ils donc tout à son propos ? L’exécuteur l’entraîna vers la potence.
    — Pitié. J’aimerais entendre une dernière prière.
    On ne pouvait refuser une telle requête. Le moine s’approcha donc et fit une prière avec le condamné. Firmin demanda à boire. L’un des assistants lui apporta un peu d’eau-de-vie. Il eut besoin de se soulager et on le lui permit. Après cela, il ne sut plus que faire. Il se laissa passer la corde au cou, la vraie, et le bourreau fit signe au moine, qui commença à lire la prière aux morts.
    — Attendez. Je veux écouter cela, dit Firmin à Baillehache.
    Une fois la prière terminée, le condamné voulut adresser quelques propos héroïques à la foule bruyante :
    — Vous allez voir mourir un innocent. Ce que j’ai fait, vous l’auriez fait aussi. Je l’ai fait pour vous !
    Il redemanda à boire et se plaignit à l’exécuteur :
    — Oh, la corde… c’est serré. C’est trop serré.
    — Calme-toi. Il n’y en aura pas pour longtemps.
    Tout se fit effectivement très vite, avec une sorte de rage. Moins de cinq minutes plus tard, Firmin se débattait au bout de sa corde. Baillehache sentait le jet se tortiller dans sa main comme une vipère tandis qu’il observait la déformation humiliante que produisait la strangulation sur ce visage connu, détesté entre tous. La foule ravie hurlait de plus en plus au fur et à mesure que le châtiment se prolongeait.
    Baillehache finit par tirer le condamné à lui à l’aide du jet et entreprit de scier le nœud coulant avec sa dague. Firmin s’écroula sur la plate-forme comme un pantin aux fils sectionnés. À demi étranglé, une cheville tordue, il haletait bruyamment et ne bougeait pas. Les assistants allèrent le ramasser, lui enlevèrent la corde et l’entraînèrent vers la croix où il fut solidement ligoté.
    — Baillehache ! Baillehache ! criait la foule.
    Celui dont on scandait le nom s’approcha avec un couteau qui ressemblait à ceux dont se servaient les chasseurs. Firmin secouait avec vigueur sa tête qui était privée de tout support. Le bourreau entreprit de couper sa chemise. Le plat de la lame froide glissa le long du bras droit, depuis l’épaule jusqu’au creux du coude. Sans avertissement, le couteau tourna discrètement dans sa main : le fil entama la surface de la peau et la lame pratiqua trois petites entailles superficielles dans l’avant-bras du supplicié. Firmin sursauta et tourna la tête vers les traits parallèles et sinueux sur lesquels bientôt se formèrent trois chaînes de rubis. La signature des Ruest pleurait des larmes de sang. Baillehache se déplaça un peu et posa la lame le long de cette coupure. Sa main fit un mouvement de va-et-vient qui fit s’écarquiller les yeux de sa victime.
    — Non ! Arrêtez. ARRÊTEZ ! AAH ! Vous n’allez tout de même pas me faire ça ?
    L’exécuteur posa un regard impersonnel sur sa victime. C’était irrémédiable.
    — J’ai bien peur que si.
    Baillehache leva la main au-dessus de sa propre tête et retira sa cagoule. Les spectateurs retinrent leur souffle. Les lazzis avaient cédé leur place à des murmures incrédules. Guy et Mathurin s’entre-regardèrent, pendant que le bailli s’avançait précipitamment en bousculant une haie de

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