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Le jeu de dupes

Le jeu de dupes

Titel: Le jeu de dupes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne-Laure Morata
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je voulais te parler.
    Agacé par cette réaction, François le fixa, sourcils levés, attendant la justification de son interruption.
    – Morbleu, expliquez-vous, en quoi l'assaut mené contre mon château vous concerne-t-il ?
    – Nolwenn, votre épouse, est bien née demoiselle de Trémazec ? s'enquit l'aristocrate espagnol.
    – C'est exact, comment diable…, s'énerva François à l'évocation du nom de jeune fille de sa compagne que nul ne connaissait à part ses proches par mesure de précaution pour que personne ne puisse faire le lien avec son ancienne identité.
    – Je suis à la recherche de votre domaine depuis la disparition de celle que j'aime et qui, je l'espère, s'est réfugiée auprès de vous dans la seule parentèle qui lui reste, révéla l'hidalgo scrutant François en quête d'une confirmation.
    Le gentilhomme le regarda, méfiant et garda le silence. Arnaud, subitement dégrisé, intervint :
    – Explique-toi, Javier. Comment as-tu appris ce nom ?
    – C'est Violette qui m'avait raconté avoir par hasard aperçu sa cousine Nolwenn de Trémazec au palais en compagnie de son époux et de l'avoir rencontrée avant qu'ils ne regagnent leurs terres d'Auvergne. Je n'ai fait un lien avec les Rohan Montauban qu'hier grâce aux propos de Louise qui m'avait invité à déjeuner. Nous parlions de l'état déplorable des routes lorsqu'elle a fortuitement fait allusion à Nolwenn, sa belle-sœur, et au domaine de Mont Menat où sa cousine était allée la visiter en endossant le rôle de messager surprise et qu'elleespérait être arrivée saine et sauve. Por eso quise verte primo, para confirmarlo 6 .
    François, qui ignorait tout de cette entrevue, extrêmement tendu, s'approcha de San Juan presque à le toucher. Arnaud fit un signe d'apaisement dans sa direction et encouragea Javier à continuer.
    – Violette et moi nous sommes disputés début décembre. Je voulais qu'elle change de mode de vie mais elle a refusé. Du jour au lendemain elle a fui me laissant sans nouvelles. La busco por todo… 7 Quand Louise m'a parlé de Nolwenn, je me suis demandé s'il n'était pas envisageable que ce soit la fameuse cousine qu'elle avait mentionnée. Comprenez-moi, mes intentions sont pures : quiero pedirle su mano 8 or je dois prochainement repartir en Espagne, aussi me faut-il lui parler rapidement. Violette était-elle effectivement à Mont Menat ? comment va-t-elle ?
    Javier braqua des yeux pleins d'espoir et d'angoisse sur François. Les épaules du gentilhomme s'affaissèrent sous le poids de la déception : il avait cru obtenir des informations qui expliqueraient l'assaut de son domaine et le désappointement marquait ses traits. Une immense lassitude l'envahit à l'idée qu'il allait devoir annoncer l'assassinat de Violette à son amant.
    1 Voir L'héritier des pagans .
    2 Voir L'héritier des pagans .
    3 Très inquiets.
    4 Aussi suis-je intervenu.
    5 Mon Dieu !
    6 C'est pour cela que je voulais te voir, cousin, pour en avoir confirmation.
    7 Je la cherche partout…
    8 Je souhaite demander sa main.

4
    17 février 1651
    François se réveilla dans d'agréables draps frais fleurant bon la lavande, senteur qui lui rappela immédiatement qu'il se trouvait dans sa chambre de l'hôtel Bessières. Paris, la veille, n'avait été du matin au soir que mouvements de foule, feux de joie, manifestations de satisfaction bruyante autour du retour des princes libérés par Mazarin de leur prison du Havre. Son Éminence, réfugié à Lillebonne, avait voulu les délivrer et ainsi prendre de vitesse les envoyés de Gaston d'Orléans : le président du parlement Viole, qui le haïssait copieusement, accompagné de l'orgueilleux La Rochefoucauld. Après une arrivée éclatante, escorté par ses trois cents cavaliers, le cardinal avait cependant dû affronter seul les illustres détenus, le responsable du pénitencier l'obligeant à laisser ses hommes aux portes de la ville. Les paroliers s'en donnaient à cœur joie en inventant chaque jour des chansons décrivant le dîner qui avait réuni les quatre convives, moquant un Mazarin prêt à toutes les bassesses pour plaider sa cause, assurant de son indéfectible amitié un Grand Condé ironique et goguenard.
    Le prince, son frère Conti et son beau-frère Longueville venaient de faire le seize février une entrée triomphale dans la capitale aux côtés de Monsieur dans son carrosse somptueusement harnaché pour l'occasion. Le peuple était d'autant plus en

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