Le jeu de dupes
pensées.
Quand il se retourna, un coup d'œil à son cousin l'aida à se calmer. L'adolescent était ravagé par ce qu'il avait fait et payait un lourd tribut en portant le fardeau de la mort d'un enfant et certainement de sa dulcinée. C'était une terrible punition. François le revit au bord de la tombe de ses parents, petit orphelin accroché à ses basques pour ne pas sombrer. Comprenant qu'il partageait un chagrin similaire, il parvint au prix d'un terrible effort à contenir sa colère.
– Nous allons voir comment surmonter un tel désastre… En attendant, je te demande de te préparer à rejoindre ton établissement. Lorsque j'aurais achevé ma discussion avec Belfond, il t'y reconduira. Je compte sur toi pour avoir désormais une attitude exemplaire.
Malo ne cilla pas sous son regard, il savait que François faisait preuve de beaucoup de volonté pour ne pas céder à la tentation de le réduire en pièces. La seule chose qu'il pouvait faire était d'obéir en tout point. Il se leva et entreprit de rassembler ses affaires.
François redescendit au rez-de-chaussée d'un pas lourd. Une tenture représentant une Dianechasseresse attira son attention. La ressemblance avec Nolwenn le frappa douloureusement. Sans pouvoir se contrôler, il se mit à marteler de ses poings la tapisserie, s'abîmant les jointures jusqu'au sang en appelant son prénom dans un mélange de rage et de désespoir. Louise, alertée par ses cris, le retrouva prostré dans l'escalier. Elle l'entoura de ses bras et caressa sa nuque tout en formulant des paroles d'apaisement. Elle l'écouta raconter l'entretien qu'il venait d'avoir afin de mieux le consoler.
– François, rien n'est perdu, il faut garder la foi… Nolwenn est une battante, vous devez croire en vos retrouvailles.
– J'ai l'impression d'être maudit. Dès que j'aime une femme, le destin s'acharne.
– Il n'existe pas de fatalité, mon frère, uniquement la folie des hommes. Retrouvez ceux qui ont enlevé votre épouse et sauvez-la. Je vais prier pour que vous réussissiez.
Le gentilhomme se releva.
– Vous avez raison. Elle mérite mieux que mes gémissements. Je dois m'accrocher à l'espoir qu'elle est encore en vie. Si le Crochu voulait la faire soigner comme me l'a rapporté Malo, c'est qu'elle a encore de la valeur à ses yeux.
François embrassa sa sœur sur le front, elle le regarda avec tendresse puis examina ses plaies. Gervais, en retrait, annonça que Monsieur Henri, réveillé par le tapage, voulait voir son fils.
– Et notre père, de quelle manière se porte-t-il ? s'enquit François.
– Il est toujours très faible. Il dort la majeure partie du temps. Il sera soulagé de pouvoir vousserrer dans ses bras, il s'est beaucoup inquiété à votre sujet. Venez, je vous accompagne dans ses appartements.
– Plus tard. Je dois d'abord faire le point avec Belfond. Allez lui tenir compagnie, je vous rejoindrai après.
– Et Malo ? Vous n'avez pas été trop dur j'espère ?
– Ne vous tourmentez pas. Pouvoir raconter ce qui est arrivé va l'aider à surmonter sa peine. Le mieux est qu'il rejoigne son lycée avec notre ami.
– Je comprends, je vais de ce pas rassurer notre père. Oh j'oubliais : Javier, le cousin d'Arnaud, s'est annoncé pendant que vous discutiez. Il vous attend également au salon. Je vous laisse.
Puis s'adressant à Gervais :
– Occupez-vous des blessures de Monsieur.
Le serviteur courut chercher un onguent tandis que François retrouvait ses hôtes. Ni l'un ni l'autre ne fit le moindre commentaire devant l'état des mains du gentilhomme que Gervais s'empressa de bander.
– Bonjour François, commença l'hidalgo, je suis heureux de vous revoir indemne. Voyager à notre époque est de plus en plus dangereux. Avez-vous retrouvé la trace de votre épouse ?
– Échec complet, mon cher.
Javier fut navré de l'apprendre. Belfond fit une moue de circonstance : il n'avait jamais vraiment cru que le cardinal Mazarin puisse être le commanditaire de la tuerie de Mont Menat.
– J'ai eu le temps de réfléchir en parcourant les routes, reprit François. Je suis convaincu qu'il y a quelqu'un tapi dans l'ombre qui nous manipule.Il doit certainement savoir qu'il n'a pas enlevé la bonne personne ; pourtant, s'il ne l'a pas tuée, il continue de la séquestrer. Pourquoi ? C'est en trouvant cet individu, le tueur du petit Enzo, que j'aurai le fin mot de l'histoire.
Ses compagnons le regardèrent, surpris, aussi François
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