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Le jour des barbares

Le jour des barbares

Titel: Le jour des barbares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alessandro Barbero
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renvoya donc les ambassadeurs
et se prépara à sortir du campement pour affronter l’ennemi et voir ce qui
allait se passer. De toute façon, si Fritigern ne mentait pas, il faudrait tout
de même une démonstration de force pour obliger les barbares à se soumettre.

5.
    À l’aube du 9 août, l’armée de Valens sortit du campement et
se mit en marche pour rejoindre les Goths. Le trésor, qui accompagnait toujours
la personne de l’empereur, et les enseignes de la dignité impériale, furent mis
en sécurité dans l’enceinte d’Andrinople, sous la garde des ministres civils
qui avaient suivi le souverain. Les bagages de l’armée, avec les chariots de
vivres et les bêtes de somme, restèrent dans le campement près des murs de la
ville, et plusieurs détachements furent laissés pour y monter la garde.
    Le territoire d’Andrinople est une région de collines, malaisée
à traverser pour une colonne en marche, d’autant plus qu’à l’époque il n’y
avait pas de véritable route, mais seulement une piste de terre battue. La
seule grande voie romaine, dans cette zone, était la via Egnatia, qui
partait de la capitale, traversait Andrinople et se poursuivait vers l’ouest, tandis
que, pour rejoindre les Goths, Valens devait marcher avec son armée vers le
nord. L’été était torride, le terrain desséché, et les troupes, en marchant, soulevaient
un immense nuage de poussière. Il fallait traverser plusieurs petits cours d’eau,
mais ils étaient tous à sec, et l’herbe des prés était jaunie. La marche dura
toute la matinée ; c’était presque la huitième heure des Romains (entre
une et deux heures de l’après-midi, selon notre manière actuelle de compter le
temps) quand l’armée arriva enfin en vue du site où les Goths avaient installé
leur campement.
    Les généraux romains savaient parfaitement que les troupes
ennemies se trouvaient là, parce que les éclaireurs à cheval ne les avaient pas
perdues de vue : elles étaient retranchées, comme à leur habitude, dans le
vaste cercle que formaient leurs chariots, si bien qu’à l’extérieur on ne
voyait pas âme qui vive. Les Goths savaient, eux aussi, que l’ennemi arrivait, à
cause du nuage de poussière qu’il soulevait ; mais lorsque l’avant-garde
romaine devint vraiment visible à l’horizon, il s’éleva de ces chariots, remplis
de guerriers dissimulés, un chœur de hurlements, de vantardises, d’insultes.
    Le lieu exact où les Goths s’étaient installés et où se
déroula la bataille d’Andrinople n’a jamais été identifié avec certitude, mais
une solide hypothèse a été proposée. À la même distance de la ville que ce que
suggèrent les indications fournies par Ammien, il y a un village turc appelé
Muratçali (nous sommes ici dans la partie européenne de la Turquie, presque à
la frontière bulgare). Le village est niché entre des collines basses qui à l’époque
devaient être en partie cultivées, avec des vignobles et des oliveraies ; il
y a une source d’eau, c’est donc une excellente position pour établir un
campement, et elle est facile à défendre en plaçant la barrière des chariots
tout autour, sur les hauteurs.
    Il est difficile de dire, une fois de plus, combien d’hommes
Fritigern avait avec lui. Les éclaireurs en avaient compté dix mille, et l’on
pense généralement qu’ils s’étaient trompés, mais peut-être pas de beaucoup. Valens,
donc, avait une armée plus nombreuse. Mais l’empereur ignorait un élément crucial :
le campement n’abritait pas les forces gothiques dans leur intégralité, parce
qu’une grande partie de la cavalerie, comprenant les bandes d’Alains et de Huns,
avait été envoyée à l’extérieur chercher du fourrage, et les éclaireurs romains
ne s’en étaient pas aperçus. Tant que les barbares restaient enfermés dans leur
enceinte de chariots, il était impossible de les compter, et Valens n’avait
aucune raison de se croire mal informé.
    Lentement, avec méthode, selon une séquence d’instructions
précise, l’infanterie romaine commença à se placer en ordre de bataille, en vue
du cercle des chariots, tandis que la cavalerie s’élargissait rapidement sur
les flancs et s’avançait, comme pour éprouver, et peut-être entourer, les positions
ennemies.

6.
    Quelle était la composition exacte de l’armée de Valens ?
C’est là une question à laquelle nous ne pourrons jamais répondre, car le seul
document qui

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