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Le jour des barbares

Le jour des barbares

Titel: Le jour des barbares Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alessandro Barbero
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nombreuse, mais leur dispositif de
reconnaissance ne paraît pas avoir été très efficient (il est vrai qu’il s’agissait
en partie de régiments de cavalerie lourde, cataphractaires ou clibanarii, qui
combattaient enfermés dans des armures impénétrables et ne pouvaient certes pas
être envoyés comme éclaireurs). L’armée de Valens était déjà arrivée assez loin
vers l’ouest dans sa marche vers les montagnes, où l’on pensait que l’ennemi
campait encore, lorsqu’une patrouille d’éclaireurs vint rapporter que les Goths
étaient beaucoup plus proches que prévu, descendaient la vallée de la Tundza et
risquaient de déboucher sur Andrinople, derrière la colonne romaine.
    Il est impossible de ne pas reconnaître, une fois de plus, l’habileté
stratégique de Fritigern, qui de toute évidence envisageait de barrer la route
de Constantinople pour bloquer les voies de ravitaillement de Valens, lui couper
la retraite et l’obliger à se battre sur un terrain défavorable. Mais l’empereur
commençait à apprendre et réagit avec promptitude : les Goths traversaient
une zone montagneuse, où ils avançaient assez lentement, et l’on pouvait encore
réussir à leur barrer le passage avant qu’ils aient achevé leur manœuvre de
contournement. Valens envoya des troupes adéquates, rapides – cavalerie et
archers –, occuper les cols par lesquels les Goths auraient pu déboucher. Les
barbares, de leur côté, se déplaçaient avec précaution, ne voulant pas risquer
de se faire attaquer par surprise dans la montagne ; au lieu de chercher à
forcer l’allure, ils décidèrent de parcourir un cercle encore plus grand. L’idée
était toujours de déboucher sur la plaine et de couper la route de Constantinople,
mais maintenant que les Romains avaient identifié leur position, l’effet de surprise
avait disparu. À partir des rapports qui lui parvenaient sous sa tente, Valens
n’était pas à même d’évaluer avec exactitude la force de l’ennemi ; il ne
savait pas s’il avait affaire au gros de l’armée ou à un détachement pouvant
être aisément vaincu. Finalement, il reçut un rapport plus précis que les autres :
une patrouille d’éclaireurs avait longuement observé l’ennemi en marche et, selon
eux, il n’y avait pas là plus de dix mille hommes. Valens en avait davantage
sous ses ordres, peut-être le double. Il donna immédiatement l’ordre de revenir
en arrière, à Andrinople, pour attaquer les Goths dès qu’ils apparaîtraient sur
la plaine.

2.
    L’armée de Valens atteignit les faubourgs d’Andrinople et s’y
installa, dressant un camp fortifié, muni d’un fossé et d’une palissade. Les
Romains procédaient toujours ainsi lorsqu’ils s’arrêtaient quelque part en
présence de l’ennemi, et cela leur avait toujours réussi ; aucun
commandant n’aurait négligé une précaution aussi élémentaire. Valens devait se
sentir tout à fait tranquille. Les troupes ennemies qui se dirigeaient vers lui,
toujours suivies à distance et épiées par les éclaireurs, étaient plus faibles
que les siennes. En outre, on pouvait espérer, dans quelques jours, voir déboucher
de la vallée de la Maritza l’avant-garde de l’armée de Gratien. Peu après son
arrivée, en effet, l’empereur fut rejoint par l’un des généraux de son neveu :
ce même Richomer, commandant de la garde impériale d’Occident, qui avait dirigé
les forces romaines réunies à la bataille des Saules. Richomer apportait une
lettre de son empereur, dans laquelle celui-ci promettait d’arriver bientôt et
conseillait à son oncle de ne pas courir de risques inutiles tant qu’il ne
serait pas là.
    Comme on peut l’imaginer, cette lettre de son jeune neveu n’était
pas précisément faite pour mettre Valens de bonne humeur. Il réunit son conseil
de guerre et consulta ses généraux sur la conduite à tenir. La plupart
estimèrent que Gratien avait raison : il aurait été sot de prendre des
initiatives séparées puisque, dans peu de jours, ils pourraient rassembler les deux
armées. Le parti de la prudence avait à sa tête le commandant de la cavalerie, Victor :
un autre personnage qu’il vaut la peine de connaître de plus près, car c’était
un représentant typique des élites militaires de l’époque. Lui aussi était un
fils d’immigré – un Sarmate, pour être précis –, issu d’un de ces peuples des
steppes connus pour leur impétuosité, exactement comme les

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