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Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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eut quelques mots d’échangés, puis deux rires. Un troisième s’y joignit, plus faible, toussotant : Arthur de Winslow. Des ombres surgirent, éteignant en partie la brillance de l’eau. Le regard de Tancrède s’éleva vers le peu de ciel qu’on pouvait entrevoir sous cette arche. Trois jets d’ambre liquide tombèrent, mêlant leurs auréoles dans le ruisseau tandis que la voix d’Édouard IIIdominait leur gargouillis.
    — Dartford !… Dartford !… Notre supremacy restera éternelle. Quand une armée est vivace, homogène, et qu’elle a l’orgueil d’elle-même ; quand les hommes qui la composent obéissent aux commandements, comment ne vaincrait-elle pas ? Chez nous, la multitude des piétons et des chevaliers forme un corps unique dont le mutuel respect est l’âme, en quelque sorte… Je ne méprise pas la piétaille comme mon cousin Philippe… La confiance, messires ! La confiance !… Dans une armée telle que la nôtre, le roi et les princes n’ont qu’à se laisser conduire par leur bon droit, soutenus par la ferveur et l’allégresse de la masse… Vous voyez : je ne parle même pas de hardiesse car elle est fille de la peur… Vous dédaignez vos soudoyers, Dartford, et prétendez à un commandement… Aimez-les, vous aurez maintes connétablies, je vous en fais serment devant un vrai prud’homme… Vous exécrez la plèbe ? Je vous dis : considérez-la comme le terreau dans lequel naîtront des fleurs sans pareilles… Je suis fort accordé avec mon peuple, moi !… Faites-en autant… Tenez, même à la guerre, vous ne pisseriez pas avec vos archers… Vous préféreriez mouiller votre haut-de-chausses !… C’est là une erreur… Un vit est un vit… et je vous invite à enfourner les nôtres.
    Il n’y eut que deux rires. Dartford ne s’était point ébaudi.
    — D’où tenez-vous, sire, dit-il, ce que vous me reprochez ?
    — De votre feue femme, Lionel… Elle était bonne et douce… Une perle !
    Ogier sentit contre son coude le serrement de la main de Tancrède. Il n’osa la regarder.
    — Allez, Lionel, partez, dit Édouard III. Si la dame qui vous attend là-bas est aussi belle que votre Armide l’était, vous êtes un homme heureux…
    Ogier entendit crisser le cuir d’une selle et le frottement de deux semelles sur la grille des étriers. Il y eut un piétinement puis un galop : Lionel de Dartford allait rejoindre une amante dans la maison des bois.
    — Quelle est cette… chuchota Tancrède.
    Une paume prompte, solide, la bâillonna. Quand le silence fut revenu, Arthur de Winslow prit une voix pleurarde :
    — Il me faut ce Franklin, sire !… Et cet archer, Aster, qui m’a tué des hommes… Je crois d’autant plus les dires de cette femme qu’elle était, dans ma demeure, ma house-maid [195] préférée. Que louée soit Élisabeth Pethrick !
    « L’immonde ! » enragea Ogier. « Elle nous a trahis !… Je bénis Dieu qui m’a permis de venir sous ce cagnard pour y apprendre cela ! »
    — Je comprends, Arthur… On a plus de plaisir, parfois, à forniquer une ribaude qui sait y faire sur un peautre [196] qu’une baronne, une comtesse sur un lit d’apparat !
    Ogier sentit sur sa joue l’haleine de Tancrède.
    — Il est répugnant, cousin, murmura-t-elle. Qui est cette Élisabeth ?
    — La goret de mon bon compère… Je l’ai aidé à la tirer d’un bordeau…
    Elle eût ri, sans doute, en d’autres lieux et circonstances. Mais brusquement, l’entretien se faisait en anglais, comme si les deux hommes trouvaient ce langage adapté aux confidences.
    —  We must get rid of that Franklin. Cobham was on the point of killing him, at Sangatte, when Masny, always full of chivalrous feellings as he is, intervened, and resuscitaded him.
    —  Le roi dit, cousin : « Il faut éliminer ce Franklin. Cobham l’aurait achevé, à Sangatte, mais il a fallu que Masny, toujours enclin à de bons sentiments chevaleresques, s’y oppose et le ressuscite. »
    —  Sire, you are very fond of Chivalry yourself You’ve brung the Round Table back.
    —  Winslow fait remarquer que le roi est lui-même épris de Chevalerie et qu’il a ressuscité les rites de la Table Ronde.
    Ogier avait la bouche de Tancrède si près de la sienne que de sa langue, il l’eût touchée.
    —  Arthur ! Arthur ! The fact that I restored the Round Table to life dœsn’t mean I enjoy having all my meals on it !… A bed well supplied is my

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