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Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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vivement :
    — Crois-tu qu’elle nous a trahis… peut-être sans intention de le vouloir ?
    — Sûrement pas.
    Elle devait se sentir nigaude tant pour l’hommage éclatant mais impertinent, de Dartford, que pour cette couronne ou plutôt ce frontal qui étincelait sur sa tête et la désignait à l’attention de tous. Près d’elle, Jeanne de Kent était ailleurs – auprès de son amant, peut-être. Sa souveraineté d’un jour l’embarrassait.
    À la dextre de Tancrède, vêtue d’un épais manteau blanc, coiffée d’un chapeau de velours mauve auquel un triple rang de perles et une petite enseigne d’émail champlevé conféraient une qualité princière, Odile, indifférente aux propos de messire Shadwel, suivait dans le ciel le reflux des nuages.
    — … pour ce que tout vrai cœur qui tend à bonne renommée doit quérir et parfaire la volonté des dames, comme de ce dont toute perfection de valoir sort et procède…
    La façon dont le héraut de Dartford s’exprimait fit sourire Ogier. Il retrouvait là, dans sa langue, les phrases pédantes et serpentines qu’il avait fréquemment entendues lors de ses cinq années passées en Périgord. Quant aux femmes, les plus belles, selon Shadwel, se trouvaient à Ashby ; les meilleures également. Ces jolies personnes encourageraient les gentilshommes qui allaient s’opposer, à « faire et accomplir » les articles suivants : combats à la lance, deux courses ; puis affrontement à l’épée «  ceinte, tranchante » à pied, et si une arme se brisait, les deux adversaires poursuivraient à la hache.
    — Allons, compères, dit Guillaume admirable de sûreté. C’est tout à fait ce dont j’ai besoin !… Nous n’aurons pas loisir d’empoigner une hache !
    Ogier ne cessait d’observer Tancrède. Pour ne pas se poser fréquemment sur Guillaume, le regard de la jeune femme allait de lui, Argouges, à Barbeyrac, puis volait, papillonnait au-delà, de heaume en heaume, sans jamais atteindre Dartford. Il vit Odile se pencher vers sa cousine et peut-être lui prendre la main sous les pans réunis de leurs manteaux. C’était un mouvement lent, incapable d’éveiller l’attention. Tancrède écouta, dédaigneuse et altière, les paroles qui lui tiédissaient l’oreille. La voyant sourire à son admiratrice et lui répondre brièvement, Ogier crut comprendre que ces quelques mots aimables n’étaient dictés que par une sorte de condescendance : au plus profond de son cœur, Tancrède s’entretenait avec ses souvenirs ou s’interrogeait sur son avenir.
    Soudain le héraut poussa un cri de surprise indignée : avant que sa lecture eût été terminée, Guillaume avait approché son cheval de Dartford et lui avait jeté son gantelet au visage, provoquant une huée sur tout le pourtour du champ, auquel le roi lui-même participa.
    — Jamais tu n’aurais dû ! reprocha Barbeyrac.
    — Je veux hâter le commencement des choses. Ces mailles sont pesantes !
    — On s’en doute, dit Ogier tandis que le héraut de Dartford s’éloignait sous des sifflets qui ne lui étaient pas destinés.
    — Aucun de ces Anglesches n’aura de respect pour toi ! dit Barbeyrac.
    — Je n’ai que faire de leur respect maintenant, Étienne. Je ne me soucie point de leur pitié si je trépasse, et je réprouverai leur admiration si je parviens à vaincre cette ordure !
    « Ses nerfs le lâchent », se dit Ogier.
    Le héraut de Simon de Brackley s’avança. Il était jeune et rougissant d’appréhension. C’était la première fois, sans doute, qu’il apparaissait dans une lice, attirant un millier de regards sur sa personne. Wilf, qui s’était rapproché des Français, leur confia que Brackley avait discuté des termes du combat avec sa dame et ses amies.
    — Alors, dit Barbeyrac, il y aura du vice là-dedans ! Je me méfierai !
    D’une voix pointue mais qui devait porter loin, le héraut proclama le défi imposé par dame Anne de Brackley, en tournant lentement sur lui-même afin d’être entendu de tous :
    —  À l’honneur de la Trinité, de la glorieuse Vierge Marie et de madame Sainte-Anne, je, celle qui croit avoir puissance sur vous, Simon de Brackley, pour ce que je désire l’augmentation de votre honneur et renommée… aussi pour voir, savoir et connaître si obéirez à mes commandements, j’ai avisé et délibéré certains chapitres d’armes que je veux être par vous exécutés…
    —  Le mieux, dit

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