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Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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poursuivre ? Je ne veux, messire, que vous demander permission de soigner Simon de Brackley.
    Barbeyrac regarda la foule silencieuse, pleine de stupeur et de haine. Son regard retrouva celui du maréchal :
    — Je pourrais vous la refuser !… Le feriez-vous pour moi ou pour l’un de nous trois ?
    — Assurément.
    Un rire. Barbeyrac n’était point dupe de cette assurance-là.
    — Il me plaît de recevoir cet assentiment, messire. Afin que vous n’interveniez avec une opportunité dont je vous sais bon gré d’avance, permettez-moi de vous remémorer que la fin d’un combat à outrance ne peut advenir que de trois façons : la première quand l’un confesse sa coulpe et se rend. Ce que ce Brackley pourrait faire en disant qu’il a péché par orgueil en proposant ce combat…
    — Jamais il n’acceptera.
    — La seconde, quand l’ennemi est mis à mort dans ou hors la lice ; et la tierce façon quand l’ennemi est mis par force hors des barrières et y demeure. En ce cas, la besogne envers ce couard n’est pas parfaite, mais le corps délivré est à la merci des maréchaux pour en faire justice  ! Au vainqueur, après que le vaincu est hors du champ clos, revient le droit de partir à cheval et en armes, à honneur et grande joie… et doivent être confisqués les biens du vaincu… Je me contenterai de son cheval et de son harnois de fer.
    — Messire, tout cela est bien dit… et vrai, fit le maréchal de lice. Et si vous occisez Simon de Brackley, vous aurez son cheval, son armure…
    — Et la liberté, messire ! La liberté !… Celle de regagner la France muni d’un sauf-conduit scellé par Édouard III lui-même, puisqu’il est ici présent.
    Barbeyrac désignait le roi toujours debout, et dont l’attitude obligeait ses voisins à une immobilité de statue. Les dames, elles, s’étaient rassises, et il semblait qu’aucune n’osât commenter cette passe d’armes désastreuse pour Brackley.
    — Puis-je emmener maintenant le blessé ?
    — Retournez-vous donc, messire. On n’a pas attendu votre intervention !
    En effet, Wilf avait aidé Brackley à mettre pied à terre. Il le soutenait en l’emmenant vers son pavillon devant lequel Cobham et Dartford attendaient, furieux que leur compagnon d’armes se fut déshonoré en recevant d’emblée un mauvais coup.
    — Voilà, messire, un sergent qui vous tourne en dérision ! fit onctueusement Ogier. Vos fonctions dans cette lice me paraissent bien amoindries.
    — Je sévirai, soyez-en certains !… Allons, messire Étienne de Barbeyrac, je ne vois pas ce que vous faites encore à cheval puisque vous allez devoir combattre à pied !
    Un sourire un peu sot enrobait la remarque. Le Français s’inclina.
    — Quoi qu’il advienne, ajouta le maréchal de lice en s’inclinant aussi, moi, Russell Chalk, je vous regracie [293] pour Brackley et pour moi-même, de votre magnanimité.
    Barbeyrac sursauta comme sous un coup de fouet.
    — Holà, messire !… Ignorez-vous, vous qui avez mon âge, que la magnanimité, chez les hommes tels que nous sommes, est fille de l’orgueil et de la déraison ? En l’état où vous me voyez après deux ans de détention chez votre roi et chez vos pairs, je ne saurais me montrer magnanime car aucun d’eux ne le fut envers moi… Messire Simon de Brackley mérite la mort ! Je crains qu’il n’ait plus souvent fréquenté le bordeau de maître Ferris, en sa bonne cité, que les champs de bataille, et qu’il ne se soit servi moult fois davantage de son braquemart que de son épée… Ses prouesses consistent à violer les fillettes.
    — Qui vous a dit ?
    — Mon petit doigt, messire. Allons, restons-en là !… Faites dès maintenant préparer ses obsèques… Un petit cercueil suffira car je vous le rendrai en morceaux !
     
    *
     
    — Tu n’aurais pas dû ! reprocha Ogier.
    — Oh ! si… Tu m’as parlé de Griselda. Tu ne peux la venger. Je m’en charge.
    — Tu t’es fait haïr de ce Russell Chalk !
    — Non. S’il n’était pas bon, il ne m’eût rien demandé pour Brackley. Il eût agi tout seul sans mon assentiment.
    — Brackley n’a plus qu’un œil…
    — Bientôt, si je le peux, il n’aura qu’une couille… et même, d’un tranchant, je l’émasculerai !
    Il n’y avait rien à dire. Indifférent à tout, Guillaume regardait la reine et ses compagnes. Parfois, il se mouchait dans ses doigts.
     
    *
     
    Brackley, pour y voir mieux, avait

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