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Le jour des reines

Le jour des reines

Titel: Le jour des reines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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livrerai ; et choisira mon dit compagnon lequel il lui plaira des deux chapeaux ; et aura chacun tel gorgerin qui lui plaira et avec ce, je baillerai deux selles dont mon dit compagnon aura le choix… »
    En chevauchant vers Renaud de Cobham, Ogier se remémorait les conventions du second chapitre du défi. Il fut mal accueilli par l’appelant et Dartford qui portaient visiblement sur leur cœur, l’un la médiocrité de sa parformance, l’autre le deuil de Simon de Brackley.
    — Je vous vois en selle, Argouges, une lance à la main et qui plus est garnie d’un pennonceau fourni par une belle dame de mes amis !
    — Ce n’est pas moi, messire, qui suis allé vers elle.
    C’était dit nettement, sans solliciter d’indulgence.
    — J’ai publié que je fournirais les bassinets, les colletins, les selles et les lances. Que soupçonnez-vous de ma part ? Auriez-vous méfiance à mon égard ?
    — Oui, messire.
    — Oh ! Oh ! fit Dartford avec un rire désagréable.
    Promptement Ogier se détourna vers lui :
    — Messire, si je vous ai déplu par quelque inadvertance, lancez-moi votre gant : nous nous verrons après.
    Cobham s’ébaudit :
    — Il n’y aura pas d ’après !
    —  Holà ! nous ne sommes plus à Sangatte, messire. Vous l’allez constater.
    La réponse était nette, offensante. Simultanément les deux Anglais mirent les poings aux hanches comme des chevaliers d’essence supérieure considérant un blanc-bec. C’était ainsi, songea Ogier, que Lancelot et Perceval avaient dû observer Galaad lors de sa venue à Camelot. Derrière eux, deux chevaux étaient prêts, sellés, couverts d’un houssement de brussequin [306] vermeil.
    — Choisissez… Vous avez un droit de préférence.
    Accroché par un cordon passé dans sa « vue », un bassinet pendait à chaque troussequin. Il était aisé, sitôt après le choix, de verser dans la coquille de fer une poudre inodore et maléficieuse.
    — Messire Cobham, ceci n’est point conforme aux conditions de votre défi. Vous fournissez tout ce qu’il faut, certes, mais prêt à l’usage… Comment vérifier ?
    — Ma parole de chevalier.
    Ogier sourit. Sa parole ! Comment eût-il pu s’y fier ? Sa chevalerie ! Il savait ce qu’il convenait d’en penser depuis Sangatte.
    — Un cheval nu, messire, et un bassinet propre. Vous eussiez dû m’attendre avant de procéder…
    Un cri de rage parut insuffisant à Cobham. Il s’approcha d’un pas, les poings en avant, et les deux hérauts – le sien et celui de Dartford – qui se tenaient immobiles près des chevaux eurent comme un sursaut d’horreur pour ce manquement aux usages.
    — Vous attendre, messire !… Vous attendre pendant que vous vous paonniez [307] devant les dames !
    « Un dogue vert de rage ! » C’était l’impression qu’Ogier recevait de cet homme dans la face duquel il retrouvait un peu les traits pervers de Bertrand Guesclin.
    — Rien ne vous obligeait, messire Cobham, à demeurer céans. Sans doute avez-vous, là-bas, votre épouse et des amies… et il y a aussi votre suzerain… Il vous fallait les aller saluer… Ils en eussent été contents… Mais brisons là ! Ou vous dénudez un de ces chevaux et me laissez le soin de procéder à tout sans hâte… Mais non, messire, je ne dis pas Sangatte, mais sans hâte, ou alors…
    Dartford crut opportun d’intervenir. Si Cobham ressemblait à un dogue, il avait tout, lui, du lynx qui sommait son heaume présentement tenu par son écuyer : une tête plate, des yeux de chat et jusqu’à des poils fauves au-dessus des oreilles.
    — Nous avons cru bon de faire ce que vous nous reprochez parce que les jouteurs – nonante jouteurs, messire ! – attendent, et que rien n’est plus déplaisant que des joutes aux flambeaux !
    — Vous en avez retardé le commencement plutôt que de l’avancer.
    Las de ces stériles parlures, Ogier décida de châtier l’orgueil et la matoiserie de ces deux malandrins :
    — Messire Cobham, puisque vous souhaitez en terminer vélocement, je propose ceci à votre agrément : je courrai sur ce Noiraud sans votre bassinet… Ni le mien.
    — Tête nue !
    — Vous l’avez dit… Quant aux lances, je prendrai volontiers celles que vous me fournirez, puisque celles qui sont du côté de la France semblent désormais destinées à Guillaume de Rechignac… Mais je ferai ma première course avec celle que j’ai choisie et que vous voyez dans ma

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