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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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arbustes sont tout près les uns des autres et se sont entremêlés en poussant.
    On ne peut plus les distinguer. Avez-vous vu les haies de Normandie, Maîtresse Swinbrooke ? Sir Walter prétendait que c'était une meilleure défense qu'un mur de pierre.
    Kathryn se releva et épousseta sa robe.
    — Au moins neuf pieds de haut, murmura-t-elle.
    — Et trois de large, ajouta le père John.
    — Pourrait-on se déplacer en marchant dessus ?
    interrogea-t-elle.

    — Non, il faudrait des planches, sinon on s'enfoncerait, et les branches sont acérées.
    Il reprit sa marche et Kathryn n'eut d'autre choix que de le suivre. Luberon, déterminé à ne pas se laisser distancer, trottait, crachotant et haletant, sur ses talons. Le chapelain tournait et virait. Kathryn remarqua que l'herbe était bien foulée. Elle était sur le point de demander comment il se faisait que le prêtre connaisse aussi bien le dédale quand Colum lui donna un brusque coup de coude et lui désigna le sol. Une corde épaisse serpentait le long du sentier.
    — Qui a mis ça là ? questionna-t-elle.
    — C'est moi qui en ai eu l'idée, répondit le père John sans s'arrêter. Quand l'alarme a été donnée, personne n'a pu trouver le centre. Nous avons dû user de planches pour franchir les haies et, une fois arrivés à la Croix des pleurs, j'ai ordonné qu'on apporte de longs rouleaux de corde.
    Nous les avons attachés ensemble pour indiquer le chemin
    ; et même là, il nous a fallu des heures.
    Kathryn crut qu'ils n'en finiraient jamais de tourner et de virer mais un des sentiers menait enfin à la clairière. Elle entrevit la croix, les marches et l'allée gravillonnée tout autour. Le cadavre ensanglanté gisait comme un ballot de haillons mouillés. Çà et là, il y avait des empreintes éclaboussées de sang. Le père John suivit son regard.
    — Je suis navré, marmonna-t-il. Quand les valets ont trouvé le corps ils étaient bouleversés, ils ne savaient pas...

    — Est-ce là qu'on l'a découvert ? questionna l'apothicaire.
    Elle releva le bas de sa robe et fit le tour pour se placer près des pieds nus tachés d'herbe de Sir Walter.
    — Il était un peu plus loin, ajouta le père John.
    Kathryn montra les bancs de pierre de chaque côté de l'entrée.
    — Je vous serais reconnaissante de vous asseoir.
    Pendant que ses compagnons s'exécutaient, elle regarda avec attention le corps mutilé : la haire était trempée de sang, les bras tendus et un peu tordus. Elle s'agenouilla et examina les jambes striées de veines. La chair était froide et les muscles se rigidifiaient. De l'herbe et des brindilles souillaient la plante des pieds. Elle remonta les manches de sa robe, retourna la dépouille et essaya de ne pas broncher quand du sang se mit à sourdre. Tout le devant du corps en était imbibé. Elle prit le petit grattoir en bois qu'elle emportait toujours avec elle, puis se pencha en avant avec grand soin et nettoya le genou ensanglanté.
    Elle observa alors le grattoir et soupira devant les petits fragments de terre et de pierre. Elle se remit debout, posa l'instrument de bois près du cadavre et se dirigea vers le prêtre.
    — Mon père, Sir Walter accomplissait ce rituel une fois par mois, n'est-ce pas ?
    — Non, répondit-il en secouant la tête. Quand il le pouvait, toutes les semaines à midi, le vendredi, heure où a commencé la Passion du Christ. Il entrait dans le labyrinthe vêtu seulement d'une chemise de crin et la corde au cou.
    — La corde ? s'étonna Kathryn qui retourna sur ses pas et baissa les yeux. Je n'en vois point. On l'a sans doute emportée avec la tête ?
    Le prêtre, un peu tremblant, acquiesça.
    La jeune femme s'accroupit et posa la main sur son genou.
    — Vous êtes encore frappé d'horreur par la mort de votre maître et cela affectera votre esprit et votre cœur. Il a été assassiné. Je dois savoir ce qui est arrivé.
    — Mon maître est venu céans vendredi, déclara le père John d'une voix blanche en se cachant la tête dans les mains. La corde au cou, en chemise de crin et pieds nus. Il avait son chapelet.
    Il montra le cadavre du doigt.
    — Il est quelque part sur lui.
    Kathryn se leva et alla derechef examiner le corps.
    — La coupure est franche, dit-elle à mi-voix. On lui a sectionné la tête comme on coupe un épi de blé. Sir Walter est arrivé près de la croix, continua-t-elle en parlant tout haut. Il s'est agenouillé juste devant la première marche. Il s'est peut-être

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