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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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elle une galerie sombre, étroite et humide s'enfonçait dans les ténèbres. Les pierres des parois, à la taille grossière et aux arêtes coupantes, n'étaient pas les mêmes que celles du manoir. Le sommelier conseilla à la jeune femme d'être prudente. Le sol était de terre battue et Kathryn comprit qu'elle se trouvait dans la crypte de l'ancien château. Des caveaux voûtés et des renfoncements, quelques-uns pourvus de soupiraux grillés percés haut dans le mur qui donnait sur la cour centrale, flanquaient le couloir. Hockley expliqua qu'on y stockait tonneaux de vin, bûches, outils et énormes barriques de bière. Ils avancèrent encore. Le bruit de leurs pas sonnait creux et l'écho de leurs voix était sinistre. Kathryn avait froid et restait sur ses gardes. Le sol était inégal, le plafond bas, et la lumière des lanternes faisait danser leurs ombres comme autant de fantômes du passé. Ils tournèrent au coin. Il n'y avait plus de resserres mais deux autres tunnels, l'un à droite et l'autre à gauche.
    — Par ici, Maîtresse.
    Le sommelier l'entraîna à gauche. Le passage se rétrécissait encore et Kathryn frôlait le plafond de la tête. Ils parvinrent enfin au bout, là où avait été construit un mur de briques rouges que Hockley frappa de la main.
    — Sir Walter l'a fait réparer juste après avoir acquis Ingoldby.
    — Pourquoi ?
    — Plus loin, le tunnel est rempli de décombres et dangereux. Personne ne sait vraiment où il mène.
    Kathryn s'accroupit et examina le mur avec attention.
    Solide et constitué d'un épais mortier entre chaque rangée de briques, c'était l'œuvre d'un maître maçon.
    — Il faudrait un bélier pour l'abattre, précisa Hockley.
    — En effet, acquiesça Kathryn en se frottant les mains l'une contre l'autre.

    — Nous ferions mieux de faire demi-tour, déclara son compagnon. Il n'y a qu'un repas par jour et je n'ai pas encore pris le mien.
    Kathryn ne se le fit pas dire deux fois : l'étroitesse du souterrain, le silence, la lumière tremblotante et les ombres mouvantes la mettaient mal à l'aise. Ils regagnaient le couloir principal et le sommelier bavardait encore quand elle perçut un bruit devant eux. Elle s'arrêta et posa la main sur le bras de Hockley.
    — J'ai entendu quelque chose.
    — Absurde ! rétorqua-t-il. J'ai les clés de la cave.
    Personne ne peut descendre ici sans mon autorisation.
    — Mais n'avez-vous pas laissé la porte ouverte ?
    — Si, admit-il. Avez-vous peur, Maîtresse ?
    — J'ai entendu du bruit, répéta-t-elle. Si c'est un serviteur, pourquoi ne nous appelle-t-il pas ?
    — Ne bougez pas.
    Avant qu'elle puisse l'en dissuader, il s'était avancé, lanterne levée.
    — Qui va là ? cria-t-il.
    Kathryn entendit derechef le même bruit. Elle ne pouvait comprendre de quoi il s'agissait ; on aurait dit un grincement, comme si on tirait sur une corde. Elle scruta les ténèbres devant Hockley. Y avait-il quelqu'un ? Le bruit, de nouveau, puis des pas. Le sommelier, lui aussi, commençait à s'inquiéter. L'apothicaire lança un coup d'œil sur sa gauche où, dans l'une des caves, des sacs de grains s'empilaient sur des planches de bois.
    — Maître Hockley, vous devriez venir...
    L'homme se retourna. Un bruissement semblable à celui des ailes d'un oiseau rompit le silence. Le sommelier se dirigeait vers elle quand, soudain, il chancela en avant comme s'il avait été poussé dans le dos. Il s'arrêta, vacillant, les traits déformés par la souffrance. Il tendit le bras, la lanterne se fracassa sur le sol et la chandelle s'éteignit. Hockley s'effondra sur les genoux, puis à plat ventre. Kathryn aperçut l'épais carreau empenné fiché dans son dos. Elle entendit le bruit derechef : celui d'une arbalète. On en tendait la corde. Le sang coulait déjà à gros bouillons du nez et de la gorge de Hockley dont le corps était agité de spasmes. Un autre bruit. Kathryn se jeta dans la cave de gauche au moment où le carreau d'arbalète fendait l'air et s'enfonçait dans le mur. Elle saisit sa lanterne et regarda autour d'elle. Elle était piégée.
    — Qui êtes-vous ? À qui en avez-vous ? cria-t-elle.
    Elle cherchait désespérément un moyen de détourner l'attention de l'assaillant. Elle leva la torche et faillit crier de soulagement. Elle avait cru que la cave ne pouvait se fermer, mais à présent elle y voyait plus clair : les battants de la porte, rien de plus que de fragiles planches de bois comme celles d'une écurie de

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