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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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du Pardonneur », Les Contes de Cantorbéry, 1387
    — Maîtresse Swinbrooke, ce qui s'est passé me navre sincèrement. Si je découvrais le coupable...
    Par-dessus son épaule Lady Elizabeth Maltravers jeta un coup d'œil à Gurnell qui hocha la tête.
    —-Ingoldby Hall, continua-t-elle, est bâti sur une garenne de tunnels. C'est en soi un vrai labyrinthe. Nous n'avons point trouvé votre agresseur, mais le pauvre Hockley est mort et nous devons le venger.
    Elle se pencha en avant. Son beau visage était pâle comme l'ivoire et, peut-être parce qu'ils étaient cernés, ses yeux bleus semblaient plus sombres.
    — Vous auriez dû être en sécurité, Maîtresse Swinbrooke, néanmoins j'aurais aimé que vous me demandiez mon avis. J'aurais insisté pour que Maître Gurnell ou l'un de mes gardes vous accompagne. Je vous sais gré aussi de votre travail. Vous avez, je crois, donné des soins à quelques-uns de mes gens, ajouta-t-elle en souriant. Je vous dois récompense.
    — Madame, votre hospitalité suffit.

    L'apothicaire serra son gobelet de posset. Le vin avait commencé à refroidir et elle n'avait plus besoin de la serviette. En fait, elle se sentait plutôt stupide. Elle avait réussi à garder son calme jusqu'à ce que Colum l'escorte dans sa chambre. Elle était restée quelques instants étendue sur le lit, frissonnante, essayant de reprendre ses esprits et d'apaiser son cœur tout en maudissant sa bêtise.
    Amelia lui avait apporté un bol de bouillon chaud, du pain frais et un petit gobelet de vin additionné d'alcool. Kathryn était certaine qu'il contenait une infusion de camomille afin de la calmer. Malgré le désordre de ses vêtements, elle avait sommeillé un court instant et s'était sentie mieux à son réveil. Elle s'était levée, lavée et changée sans tenir compte des coups pressants de Colum à la porte. Elle lui avait crié qu'elle allait mieux et le rejoindrait dans quelques minutes. L'Irlandais avait perdu tout son charme désinvolte
    : quand elle sortit, il faisait les cent pas dans la galerie, tapotant le pommeau de son épée, prêt à entrer dans la lice pour affronter l'ennemi de Kathryn.
    — Je n'aurais pas dû vous laisser ici. Vous n'auriez pas dû descendre là-dedans !
    — Auriez dû ! N'auriez pas dû ! riposta la jeune femme.
    Maître Murtagh, si je ne faisais que ce que je devrais faire, peut-être ne devrais-je pas vous épouser ! ajouta-t-elle avec un sourire contraint.
    Colum eut l'air perplexe.
    — Je plaisante !

    L'arrivée d'Amelia, qui avait monté l'escalier quatre à quatre pour leur annoncer que la châtelaine désirait les voir dans sa chambre, mit fin à la discussion. Ils s'étaient vite repris et étaient à présent assis sur des chaires devant la vaste cheminée de la luxueuse chambre de Lady Elizabeth.
    Kathryn n'avait jamais vu pareille opulence : tableaux flattant l'œil dans des cadres dorés à l'or fin, lambris luisants, tapis d'Orient d'un bleu profond sur le parquet ciré, coffres et arches, un grand lit décoré à quatre montants, en chêne sombre, qu'enveloppaient et dissimulaient de lourdes courtines rouge sang à glands d'or. Des paniers de fleurs diffusaient un doux parfum qui se mêlait à l'odeur de la cire d'abeille. Sous l'un des oriels se trouvait une table de travail. Il y avait aussi un beau lavarium sculpté et une grande armoire dont une porte ouverte laissait voir les riches habits et les mantes qui y étaient rangés. Il n'y manquait même pas un splendide miroir d'argent à l'intérieur d'un cadre de bois fixé sur une tablette jonchée de pots de fards et de fioles de parfums.
    Lady Elizabeth et sa suivante étaient assises face à face.
    Toutes deux portaient de coûteuses robes de deuil ornées de parements blancs au col et aux manches. Leurs cottes bleu foncé descendaient jusqu'à leurs pieds chaussés de bas. Les sandales de Lady Elizabeth, d'un violet sombre, étaient décorées de petits boutons d'ivoire. Eleanora, elle, avait glissé ses pieds dans des socques de bois qui semblaient assez incongrues dans cet élégant décor. Elles étaient coiffées d'un voile noir bordé d'argent. Lady Elizabeth avait pris place dans une chaire qui avait tout d'un trône et Eleanora, sur un tabouret capitonné près d'elle, serrait contre elle un herbier. Gurnell et Thurston se tenaient derrière leur maîtresse. Ils avaient tous les deux l'air inquiets et tourmentés par cette horrible agression perpétrée contre une invitée de

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