Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
l'apothicaire.
    La justice divine, sans parler de celle du roi, doit s'accomplir.
    Eleanora proposa un gobelet de vin à sa maîtresse. Cette dernière le refusa et, d'un geste, signifia à Gurnell et à Thurston de se retirer. Mais quand la porte se referma derrière eux, elle chuchota quelques mots à sa suivante qui se leva et lui servit du vin. Kathryn sirota le sien mais, estimant qu'elle avait assez bu, elle déposa sa coupe sur un petit échiquier qui se trouvait près d'elle. Elle donna un léger coup de coude à Colum pour lui signaler qu'il devrait se taire et rester bouche cousue. La châtelaine porta le gobelet à ses lèvres et regarda l'apothicaire.
    — Je sais ce que vous allez me demander, Maîtresse, aussi vais-je vous aider. Mon mari aurait pu être mon père.
    Comme vous le savez, mes parents sont de riches marchands de Londres. Mon père a des intérêts dans maintes affaires, que ce soit le bois de la Baltique, les harengs de la mer du Nord, le lin des Pays- Bas ou le vin d'Espagne et du Portugal. Il a des amis dans les cours de Castille et d'Aragon, et c'est là que j'ai rencontré ma suivante, Maîtresse Eleanora. Nous avons grandi ensemble.
    Elle sourit.
    — Nous étions deux jeunes femmes dans un dur monde d'hommes. Je voulais faire un beau mariage. Sir Walter avait belle allure et le roi approuvait cette union. Alors, pourquoi aurais-je élevé des objections ? N'est-ce pas notre sort, à nous les femmes, que de nous plier aux exigences de nos compagnons ?
    Kathryn ravala sa réflexion à temps. Lady Elizabeth, son chapelet pendu à son poignet comme un bracelet, but une gorgée avec la gourmandise d'un chat lapant un bol de crème.
    — Nous nous sommes mariés il y a juste trois ans ; c'était le mariage du printemps et de l'hiver. Je n'étais point éprise de Sir Walter, mais j'ai pensé qu'au fil du temps je finirais par l'aimer.

    — Cela s'est-il produit ?
    — J'en suis venue à le respecter. C'était un homme d'honneur, bien qu'il fût perdu dans ses pensées. S'il était là il se montrerait courtois et chevaleresque. Il vous entretiendrait de médecine ou de la ville de Cantorbéry. Il montrerait ses chevaux à Maître Murtagh. Quant au fond de son âme...
    Elle s'humecta les lèvres.
    — J'avais parfois l'impression d'être mariée à un homme encapuchonné, les yeux cachés. Oh, certes, il me choyait !
    ajouta-t-elle avec un sourire contraint. Notre union ressemblait à bien d'autres ; elle était fondée sur l'amitié.
    — Vous parlait-il du passé ?
    — Fort peu.
    — Et des Athanatoi ?
    — Il m'a plusieurs fois narré ce qui était arrivé, mais sans entrer dans les détails, comme un homme qui se souviendrait d'un rêve.
    — Et la bataille de Towton? s'enquit l'apothicaire sans tenir compte du hoquet de surprise de Colum.
    — Towton avait laissé une sanglante cicatrice dans son âme, répondit la châtelaine avec véhémence. Allez à la cathédrale ou à celle d'York. Vous y trouverez une foule de prêtres qu'engraissait l'or versé par mon époux afin de dire des messes pour les victimes des massacres. Oui, c'était un cauchemar qu'il n'avait jamais oublié. Mais Sir Walter était ainsi fait.
    Lady Elizabeth reposa son gobelet et tourna les yeux vers Murtagh.
    — J'ai rencontré Édouard d'Angleterre et ses capitaines : George de Clarence, Richard de Gloucester, Hastings, Howard et la bande des Rivers ! dit-elle d'un ton venimeux.
    Vous avez dû les voir aussi, Maîtresse Kathryn ! Ils avançaient vers le trône en pataugeant dans des mares de sang sans en avoir cure. Sir Walter était différent : s'il était vaillant soldat, il n'était pas cruel.
    — L'a-t-on menacé ?
    — Je vous ai déjà répondu, Maîtresse. Pas que je sache.
    — Et qu'en était-il de sa maladie ?
    — Il a eu des troubles d'estomac l'hiver dernier. Frère Ralph, de Greyfriars, fut une aide précieuse. Et, avant que vous me le demandiez, continua-t-elle avec malice, c'est peut-être pour cela qu'il a prêté le Lacrima Christi au prieuré.
    — Que va-t-il se passer maintenant qu'il a été dérobé ?
    — Sir Walter était courroucé mais pas trop bouleversé.
    Lady Elizabeth ferma les yeux puis les rouvrit.
    — Il a marmonné quelque chose au sujet de la justice divine qui s'était accomplie. J'ai deviné, d'après ce que m'en a dit le père John, que la relique vient d'une église de Constantinople. Pour être franche, je ne crois pas que mon mari s'en souciait réellement.
    Elle

Weitere Kostenlose Bücher