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Le lacrima Christi

Le lacrima Christi

Titel: Le lacrima Christi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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conduisait à un pavillon de chasse à colombage. La vaste maison était très délabrée.
    Le plâtre s'écaillait et il manquait des tuiles sur le toit.
    Kathryn se remémora le conte selon lequel, sous chaque tuile, reposait une âme qui attendait de s'envoler du Purgatoire.
    — Dans ce cas, dit-elle entre ses dents, il doit y avoir fort peu de fantômes céans !
    Elle se demanda comment les habitantes se débrouillaient quand le temps changeait et que les nuages lourds de pluie passaient sur les collines.
    La scène qui les attendait était plutôt plaisante. L'huis était ouvert et la Vaudoise, dans sa tunique rouge, assise sur une bûche devant la porte, berçait une poupée de blé emmaillotée et se balançait en chantonnant. L'arrivée de Kathryn et Colum ne la dérangea pas. Ursula accourut, les joues en feu, les mains et les bras blancs de farine. Elle s'arrêta, dévisagea l'apothicaire puis tourna les yeux vers Murtagh qui entravait les chevaux.
    — Nous n'attendions pas de visite, dit-elle en montrant les deux bûches, lisses et enduites de goudron, qui servaient de siège autour d'une table de fortune. Je vais vous donner de la bière. J'en brasse de la bonne.
    Kathryn accepta et Colum s'installa. La Vaudoise leva la tête en souriant et en plissant ses yeux étranges.
    — Bébé dort, roucoula-t-elle. Cela fait déjà longtemps qu'il dort comme un loir. Mais dites-moi, le messager est-il revenu ? Cet homme qui galopait à fond de train sur le chemin en apportant des nouvelles de Londres ?
    — Chut, mère !
    Ursula apporta des gobelets de cuir qu'elle tendit à ses hôtes. Elle resta sur le seuil, derrière sa mère, une main protectrice posée sur son épaule. Kathryn sirota le breuvage doux-amer. Colum murmura des compliments et, levant son gobet, salua Ursula.
    — Merci pour votre accueil.
    — Vous êtes irlandais, remarqua Ursula. Il y avait des Irlandais dans la contrée pendant les troubles ; ils étaient violents mais ne s'en sont jamais pris ni à moi ni à ma mère.
    Ils ont seulement volé nos poulets et bu notre bière.

    Kathryn, son gobelet serré dans une main, tendit l'autre et caressa avec douceur la joue ridée de la Vaudoise.
    — Je suis venue vous interroger...
    — Ne posez pas de questions et on ne vous mentira pas, rétorqua la Vaudoise. Mais votre peau est douce, Maîtresse. Moi aussi, j'avais la peau douce. Il disait qu'elle était aussi douce que de la soie moirée.
    Elle avait oublié sa poupée et tripotait à présent ses mèches de cheveux épars.
    — Noirs comme l 'aile du corbeau mes cheveux, blanche comme neige ma peau.
    Elle hocha la tête.
    — Croyez-vous qu'il va neiger ? Ou fait-il encore trop chaud ? Mais il est mort à présent.
    Elle cilla.
    — Mon corps a vieilli, chargé d'un horrible péché.
    — Nous sommes venus vous parler du labyrinthe, déclara l'apothicaire à Ursula. Personne, sauf Sir Walter, ne savait s'y diriger, n'est-ce pas ?
    — C'est vrai, acquiesça-t-elle. Et autrefois, seul l'ancien seigneur le pouvait. C'était un secret et il ne l'a dit à personne.
    — Pas de secrets pour moi. Il me les confiait tous ; il me les murmurait à l'oreille, intervint la Vaudoise d'une voix rauque, les yeux pleins de larmes. Des nuits d'amour et des draps parfumés. Les fantômes reviennent-ils, Maîtresse ?

    — Peut-être lui reviendra-t-il, répondit l'apothicaire sans tenir compte du hoquet stupéfait d'Ursula. Peut- être reviendra-t-il se promener à nouveau dans le labyrinthe.
    — Oh, ce serait merveilleux ! minauda la Vaudoise.
    Nous y emportions du vin et du pain.
    — Comment se repérait-il ? voulut savoir Kathryn. Ne vous êtes-vous jamais égarés ?
    — Oh, il connaissait le chemin, ça oui ! Il disait que c'était sa lubie. Un jour, je l'ai interrogé et savez-vous ce qu'il m'a répondu ? Il m'a baragouiné en latin : « Sub pede inter liberos. »
    — Sous les pieds parmi les enfants, traduisit Kathryn.
    — C'est ce qu'il a dit. Et maintenant, taisez-vous, exigea la Vaudoise, se souvenant de son poupon. Il va bientôt se réveiller et je dois l'emmener promener.
    — Pourriez-vous nous laisser ? insista Ursula. Je suis navrée mais les visiteurs ne font que l'agiter.
    Kathryn et Colum vidèrent leurs gobelets, remercièrent Ursula, se remirent en selle et s'éloignèrent.
    — Que vous en semble ? s'enquit Murtagh quand ils se retrouvèrent sur le chemin.
    — Sub pede ititer liberos, répéta Kathryn. « Sous les pieds parmi les

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