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Le lit d'Aliénor

Le lit d'Aliénor

Titel: Le lit d'Aliénor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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l’ennui que lui promettait Louis, elle s’en fut le rejoindre dans la salle du conseil.
    Autour de l’imposante table étaient assis Robert de Dreux, le frère du roi, Raoul de Vermandois, Geoffroi d’Anjou, le comte de Toulouse, Étienne de Blois, Thibaut de Champagne et bien d’autres. Une carte de l’Orient chrétien déployée au centre se piquait de pointes de fer surmontées d’une fleur de lys en divers endroits, ourlant un itinéraire qui prenait forme en fonction des appuis des souverains dont on devait traverser les terres.
    Aliénor vit les têtes se lever à son entrée et, aussitôt après que ses vassaux furent debout, leurs fronts se courber en une révérence qui la rosit de plaisir. Elle salua chacun avec courtoisie et, magnifique, alla occuper son siège.
    Louis n’avait émis aucune objection cette fois, lorsqu’elle avait annoncé qu’elle participerait aux préparatifs du voyage. D’ailleurs, depuis plusieurs semaines, sous le coup de cette agitation et de sa propre effervescence, il était devenu plus aimable à son égard et même plus entreprenant en sa couche. De sorte que leur relation était paisible. Pour l’heure, elle transmit à son époux le bref de Raymond. Louis grimaça en le commentant : les nouvelles de Jérusalem allaient dans le même sens. Ces infidèles rôdaient autour des murs, affaiblissaient le moral des soldats, pour, on s’en doutait, mieux attaquer lorsqu’ils jugeraient le moment opportun.
    Louis avisa que Conrad, l’empereur d’Allemagne, s’était joint à son idée et que son armée, puissante et valeureuse, agirait de concert avec celle de France.
    Ce jour, comme la veille, se passa à échafauder des plans, à soulever des questions de tactique et à envisager diverses manœuvres. Rien qui semblât bien nouveau à la reine, mais qui permettait toutefois de laisser le royaume dans une paix relative, puisque, ainsi rassemblés, leurs gens ne songeraient plus à leurs guerres, mais à la guerre.
    Lorsque, au terme de cinq heures de palabres, on se sépara pour rejoindre la salle à manger, Louis disparut promptement derrière une tapisserie plaquée sur le mur du corridor. Le passage secret qui datait de la construction du palais menait à la petite chapelle. Béatrice l’y attendait. Il la serra affectueusement dans ses bras avant de poser sur ses lèvres douces un chaste baiser. Voilà plus de deux mois qu’ils se voyaient ainsi, loin des regards, se rejoignant en ce lieu pour prier. Il n’était pas question pour Louis de commettre le péché de chair avec celle qu’il vouait à la sainteté. Leur communion toute spirituelle le comblait. Béatrice et lui partageaient la même inspiration, la même flamme divine.
    Du moins était-ce ce qu’il croyait. Sa belle se contentait par obligation de ces étreintes qui confortaient l’amour du roi, mais la laissaient pantelante de désir. Son rêve le plus cher aurait été de donner à Louis ce fils qu’il souhaitait tant et que la reine lui refusait. Elle se disait, pour garder patience, que son heure viendrait. Pourtant, lorsque la nuit se refermait sur le palais, une silhouette furtive se glissait jusqu’à sa chambre et forçait sa porte, exaltant tous les vices dont cette icône blonde était pourvue. Étienne de Blois la dégoûtait autant qu’il l’attirait, et c’est de cette perversion même qu’elle nourrissait son ventre.
     
    – Montrez-nous encore, Denys !
    – Voyez, vous fendez par la garde, ainsi !
    L’épée partit vers l’avant, soulevant un « Ah ! » de satisfaction suivi d’une salve d’applaudissements.
    – Damoiselles ! Voyons ! Nous se sommes pas au spectacle ! grondai-je d’une voix forte.
    Depuis que les dames de compagnie d’Aliénor avaient décidé d’accompagner leur époux et surtout leur amant en Orient, elles suivaient un entraînement digne des meilleurs soldats du roi. Denys n’était pas vraiment ravi d’apprendre le maniement des armes à ces péronnelles qui s’inquiétaient surtout du meilleur angle pouvant les mettre en valeur. J’avais donc fort à faire pour combattre leur penchant naturel à jouer les séductrices et je comptais assez sur les talents de Panperd’hu qui, le soir venu, racontait de terribles récits sur les Turcs et la première croisade. Plus d’une de ces pimbêches avait des vapeurs à l’évocation de têtes tranchées et grillées au-dessus d’un feu de camp pour servir ensuite de mets de choix au chef

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