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Le lit d'Aliénor

Le lit d'Aliénor

Titel: Le lit d'Aliénor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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résister à ces fers-là. Mais un frisson de colère le saisit en entendant le vent lui porter leurs rires.
     
    – L’aimes-tu ?
    Aliénor avait posé la question qui lui brûlait les lèvres depuis son arrivée. Ils tenaient à présent leurs chevaux par la bride et marchaient pieds nus sur la plage, laissant l’eau jouer entre leurs orteils.
    – C’est une femme merveilleuse, répondit Raymond.
    Il savait bien où voulait en venir sa nièce. Il avait toujours su ce qu’elle attendait de lui.
    – Ce n’est pas ce que je te demande.
    – Cela a-t-il vraiment de l’importance ? Ce n’est pas cela que tu veux savoir.
    Aliénor soupira profondément. Comme il la connaissait bien malgré toutes ces années !
    – Alors dis-moi, exigea-t-elle doucement, comme une prière.
    Raymond figea son pas et la laissa s’éloigner un peu, pour mieux juger de sa silhouette fine encore malgré sa précédente grossesse. Aliénor se retourna. Le soleil lui fit cligner des yeux, et elle dut mettre une main en visière. Raymond secoua la tête en se mordant la lèvre, puis d’un geste déterminé il lâcha la bride de son cheval. En deux enjambées, il fut devant elle et glissa une main souple autour de sa taille. Aliénor rosit de plaisir. Us s’affrontèrent un instant du regard tandis qu’elle nouait sans pudeur ses bras autour de la nuque puissante, puis Raymond l’attira vers sa bouche avec violence.
    – Oui, dit-il simplement lorsqu’il la repoussa.
    Aliénor éclata d’un rire léger.
    – Oui quoi ?
    – Oui, je t’aime encore, ma sauvageonne, et pas une ne t’arrive à la cheville.
    – Pas même Constance ?
    Il la souleva de terre et la porta dans ses bras comme un fétu de paille, tandis qu’elle s’accrochait à son cou de ses doigts noués.
    – Pas même Constance…
    – Et encore, ajouta-t-elle tandis qu’il la posait avec délicatesse dans un renfoncement de roche, au creux d’un lit discret de sable fin, tu n’as rien vu.
    – Présomptueuse ! gémit-il.
    Mais déjà il se perdait dans les lacets du corsage, furetant à pleines mains entre ses cuisses ouvertes que la jupe relevée découvrait avec impertinence au soleil. Aliénor cambra ses reins musclés par ces longues chevauchées et enserra à les broyer les mains épaisses entre ses jambes. Raymond se cabra et de nouveau leurs regards s’affrontèrent, puis il partit d’un rire joyeux et força les muscles à céder sous sa poigne de fer. Alors seulement, elle s’abandonna, jusqu’à n’être plus que cette enfant qui n’était pas encore une reine.
     
    Louis la gratifia d’un regard ironique qu’il appuya d’un cinglant :
    – L’air du large vous a fait grand bien, ma reine, vous avez le teint fort vif !
    – Et du sable dans les cheveux, s’empressa d’ajouter Béatrice perfidement, en modulant sur le même ton : Sans doute ce vent du large qui se joue des coiffes les plus serrées.
    – Vous auriez dû nous accompagner, dame Béatrice. Cela vous aurait fait grand bien aussi, lui lança la reine, feignant d’ignorer qu’elle avait encore le feu aux joues et au corps.
    – Dieu m’en préserve, Majesté, s’inclina celle-ci. Pour rien au monde je n’aurais voulu défaire ce chignon qui, comme me l’a si agréablement fait remarquer notre bon roi, maintient ma nuque fraîche.
    Louis pâlit. À quoi donc jouait sa dame de cœur ? Il se promit de réprimander Béatrice pour ce ton de défi qu’il n’aimait pas. Comment pouvait-il reprocher quoi que ce soit à la reine, si elle laissait supposer quelque connivence entre eux ? Il ne pipa mot tout le reste de la journée et se tint loin de l’une et de l’autre jusqu’au soir.
     
    Le lendemain, une dramatique nouvelle nous parvint. La centaine de nos compagnons laissés à Adalia avaient disparu. Comnène avait tenu parole, et nos gens s’étaient embarqués pour nous rejoindre. Hélas, une tempête soudaine s’était abattue sur le navire non loin des côtes, et tout portait à croire qu’il avait sombré au large de la Syrie. Raymond d’Antioche fit célébrer une grande messe en la cathédrale Saint-Pierre, à la mémoire des martyrs, et nombre d’entre nous s’en furent se recueillir sur la tombe de l’évêque Adhémar du Puy qui avait guidé les premiers combattants vers la reconquête des Lieux saints. Un voile de tristesse s’abattit sur l’ost royal. Chacun de nous avait perdu un être cher. Je ne pouvais quant à moi

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