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Le lit d'Aliénor

Le lit d'Aliénor

Titel: Le lit d'Aliénor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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appelait la caresse, mais déjà je ne contrôlais plus rien. Un sanglot d’abandon et de désir me noua la gorge. Mes reins me brûlaient. Je jouis dans un cri qui libéra des larmes dans mes yeux et mon ventre avec la même violence.
    Il se redressa et moula son corps au mien contre le mur de moellons. La froidure des pierres pénétrait l’étoffe contre mes reins. Il lécha mes larmes en caressant mes cheveux. Je ne pouvais plus désormais me contenter de sa tendresse, j’avais besoin qu’il me possède, qu’il s’empare de ma virginité sans me laisser plus rien de l’enfance.
    J’implorai d’une voix que je ne reconnus pas :
    – Aime-moi.
    Mais il secoua la tête avec un sourire tendre et pathétique à la fois qui me désempara.
    – Non, mon aimée, non.
    Je ne comprenais pas. Des larmes jaillirent de nouveau que je ne pus contrôler et ruisselèrent sur mes joues, lui demandant pourquoi sans oser le dire. J’avais mal de son refus, mal de son membre viril sous l’étoffe, dressé contre mon ventre offert qu’il s’interdisait de prendre.
    – Ne pleurez pas, je vous en prie, murmura-t-il. Je vous aime plus que tout au monde, Loanna, mais vous ne m’appartenez pas, comprenez-vous ? Plus que votre plaisir, c’est vous tout entière que je veux. Je vous sais vierge d’un corps d’homme, mais je ne peux vous ouvrir au mien que dans ma maison, et uniquement si votre cœur et votre âme sont à moi. Si le désir me brûle, qu’il soit plus violent encore, qu’il me dise le bonheur d’être votre vassal ; parce que j’ai plus de respect pour vous que je n’en ai jamais eu pour aucune autre !
    J’aurais voulu crier, le gifler, le maudire, mais mes forces m’avaient abandonnée. Seule ma pluie s’écoulait, emportant dans ses ruisseaux celle qui tombait à présent des nuages gorgés au-dessus de nos têtes. Il me berça doucement, et je sentis son désir s’apaiser, résigné.
    – Il faut rentrer à présent, décida-t-il. L’orage approche, je ne veux pas que ses eaux trop violentes abîment le sel de votre peau. J’aime son parfum et son goût. Je vous attendrai aussi longtemps qu’il le faudra.
    Loanna de Grimwald n’existait plus. Je n’étais plus à cet instant qu’une toute petite fille qui ignorait encore qu’elle était la descendante de Merlin l’Enchanteur. Il rajusta la capeline sur mes épaules et, s’éloignant de quelques pas, m’entraîna vers le sentier. Je l’y suivis en titubant. Je ne sais comment je parvins à regagner ma chambre. Mes pensées étaient à l’image du déluge qui plombait l’Aquitaine : une course sans fin dans l’anéantissement.

6
     
     
    La réponse de mère me parvint au matin de cette même nuit, mais non sous la forme d’un de mes messagers volants.
    Un baiser léger comme l’air m’éveilla d’un sommeil sans rêve, et je la vis à mon chevet, flottant dans la lumière du jour naissant. Elle me sourit affectueusement, et, s’il ne s’était agi de son image emportée par un vent de magie, je me serais jetée dans ses bras comme je le faisais enfant. Je l’admirais avec bonheur.
    – Mère, que je suis heureuse de vous revoir !
    – Tu m’as manqué aussi, Canillette, même si je te suis pas à pas depuis que tu m’as quittée.
    Elle posa sa main de lumière sur la mienne, et sa chaleur m’envahit en même temps que me revenait une profonde tristesse :
    – ô Mère, je me sens tellement perdue par moments. J’ai l’impression de détenir tout le savoir du monde et cependant d’être incapable de m’en servir.
    – Allons, les événements se placent en leur temps, ma toute petite. Tu as toujours voulu aller plus vite que les courants sur lesquels nous flottons. Certaines forces nous égarent parfois, retardent le cours de nos prévisions, et c’est en cela que nous trouvons notre raison d’être. Henri grandit, devient fort. Il sera bel homme et plaira le moment venu à ta fougueuse amie. Pour l’heure, les Templiers mettent tout en œuvre pour que l’Aquitaine devienne terre de France. Étienne de Blois est avec eux. Il leur a cédé une partie de ses biens contre leur soutien. Pourtant, sa couardise et sa fourberie le rendent impopulaire. Bientôt, Mathilde reprendra le trône d’Angleterre et lors, sois-en certaine, leurs projets seront compromis.
    – Quels sont ces projets, mère ?
    – Posséder, ma fille. L’Église veut le pouvoir absolu. Elle manœuvre les rois, fait tomber les

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