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Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston

Titel: Le Livre D'émeraude : Les Aventures De Cassandra Jamiston Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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étaient soumis, et ne pouvaient en être exemptés que par le pape ou
l’empereur.
    Forte
de ces pouvoirs démesurés, la Sainte-Vehme avait fait régner une véritable
terreur en Westphalie puis dans l’Allemagne entière. Certains historiens
affirmaient qu ’ à la fin du XIV e siècle il y avait dans l’Empire plus de
cent mille francs-juges qui, par tous moyens, mettaient à mort quiconque avait été condamné par leur tribunal.
    La
confrérie avait continué à agir en
toute impunité jusqu’au XVI e siècle,
époque à laquelle les empereurs Maximilien I er puis
Charles Quint avaient rétabli l’autorité de la justice impériale. Son déclin
avait alors été immédiat, mais il avait fallu attendre 1808 pour que Jérôme
Bonaparte, devenu roi de Westphalie en 1807, supprime définitivement les
tribunaux de la Sainte-Vehme.
    Clayton
referma le livre et s’adossa à son siège. Peut-être faisait-il fausse route en
se focalisant sur la Sainte-Vehme. La vierge de fer n’aurait-elle été utilisée
qu’à des fins spectaculaires, pour attirer l’attention de la police et du
public ?
    Cependant,
Clayton avait l’intuition que le recours à cet instrument de torture
dissimulait un message caché. Le fait que tous les meurtres aient eu lieu le
dix du mois devait aussi certainement avoir une signification.
    S’agissait-il
d’une vengeance ? La haine seule pouvait-elle motiver un rituel aussi
barbare, aussi grandiloquent ? Ou bien un esprit malade s’était-il mis en
tête de rendre la justice à l’instar de la Sainte-Vehme ? Les victimes
s’étaient-elles rendues coupables de crimes justifiant un châtiment
exemplaire ? Rien dans leur dossier ne le laissait supposer, mais la
question méritait d’être approfondie.
    D’une
serviette de cuir usé, Clayton sortit deux daguerréotypes. Le premier était
celui qu’il avait examiné l’avant-veille dans la chambre de sir Godfrey Tyrrel,
le second avait été pris à sa demande dans cette même pièce le lendemain du
meurtre. L’usage de la photographie étant peu répandu dans la police, il avait
dû insister pour les obtenir. Il les posa l’un à côté de l’autre sur la table,
les scruta longuement. Quelle probabilité y avait-il que deux taches de sang
présentent exactement la même forme ? Pratiquement aucune. Et pourtant, la
tache chez sir Godfrey et celle qui se trouvait chez la victime précédente,
Ernest Watkins, au mois d’août, étaient en tous points identiques. Ces flaques
de sang étaient-elles également visibles sur les autres lieux du crime ?
Clayton regrettait de ne pas avoir été en charge de l’enquête depuis le début
des meurtres. Il secoua la tête : en être réduit à contempler des flaques
de sang et y chercher des ressemblances…
    D’un
geste impatient, il repoussa sa chaise et se leva pour regagner sa chambre. Il
devait dormir.
    Ou du moins essayer.

X
    D’un
pas chancelant, elle arpentait un chemin, un long chemin traversant de vastes
plaines où régnaient l’obscurité et la chaleur de l’enfer. Respirer lui était
douloureux, la moindre parcelle de son corps la faisait souffrir. Elle avait
mal, elle avait peur aussi, perdue au milieu de ces contrées inconnues.
    Mais
parfois, elle sentait une présence bienveillante à ses côtés. Quelqu’un était
là, veillait sur elle, la rassurait. Lorsque la fièvre la consumait, que sa
gorge la brûlait, une main fraîche se posait sur son front, un verre d’eau
était porté à ses lèvres.
    Quand
Angelia se réveilla enfin, sa tête était comme prise dans un étau. Elle se
trouvait dans une petite chambre à la propreté immaculée mais garnie avec trop
de modestie à son goût : un papier peint au motif rayé vert et noir de
style Regency passablement défraîchi, une commode surmontée d’un miroir, une
aiguière et un bassin pour la toilette, un vieux tapis aux tons jade sur le
parquet en constituaient tout l’ameublement. Assises sur une chaise près du
lit, ses poupées la fixaient gravement, leurs yeux de verre brillant dans la
pénombre.
    Angelia
se leva avec difficulté et gagna l’unique fenêtre dont elle ouvrit en grand les
rideaux. La blancheur de la lumière lui cisailla le cerveau. Elle referma
aussitôt les tentures d’un coup sec et porta une main tremblante à son front.
La tête lui tournait, et il lui semblait qu’elle allait s’effondrer d’une
seconde à l’autre.
    Elle
retourna s’asseoir sur le lit et se prit la tête

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