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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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chose à gagner si elle menait à bien cette mission dangereuse, à
savoir la gratitude de Will pour avoir réalisé son rêve, et il y avait aussi
une part d’elle-même qui se sentait tout excitée à l’idée de ce qu’elle était
sur le point de faire. Elle avait l’impression de ressembler aux héroïnes des
histoires qu’elle lisait. De toute façon, le troubadour l’avait probablement
sur lui, se dit-elle en tapant du pied contre le sol pour se débarrasser du
frisson qui lui remontait le dos.
    Peu
après, les portes de la chapelle s’ouvrirent et deux hommes en sortirent. Elwen
les regarda discuter à l’entrée du porche. Elle avait tout à fait conscience du
caractère ridicule de sa situation, petite silhouette dégoulinant de pluie à
moitié cachée par les branches de l’if. Comme Maria le lui avait dit, Pierre de
Pont-Evêque était un homme plein de charme. Certes, il n’était ni très grand ni
très fort, mais ce qui lui manquait de carrure, il le compensait par un port de
tête altier digne d’un homme de haut rang. Il avait des cheveux bruns et des
yeux bleu clair qui brillaient d’un intense éclat.
    — J’espère
que mon spectacle de ce soir saura vous divertir, monseigneur, entendit-elle
Pierre dire à l’autre homme.
    La
voix du troubadour était sonore et mélodieuse.
    — Je
vous prie de remercier pour moi Sa Majesté de m’avoir permis de visiter sa
chapelle privée. On m’avait parlé d’elle comme d’une merveille du monde, et
elle est à la hauteur de sa réputation.
    Son
compagnon prit congé et quitta le porche en maudissant la pluie qui s’abattait
sur lui tel un déluge. La respiration coupée, Elwen regarda Pierre s’approcher
d’elle avec aisance, éclaboussant à chaque pas les bottes qui lui montaient aux
genoux. La pluie semblait glisser sur sa culotte bleue et sa tunique pourpre.
    — Enfin,
je la vois, dans cet océan de brume. Sous la tonnelle, la reine Guenièvre
attend le seigneur Lancelot.
    Pierre
sourit en écartant les branches de l’if.
    — Dites-moi,
madame, est-on un peu plus à l’abri de la pluie sous cet arbre ? Et si c’est le
cas, puis-je vous y rejoindre?
    — Non,
fit Elwen en éclatant de rire et en sortant de sous les branches. La pluie y
est tout aussi forte.
    Pierre
l’étudia un moment. Il était un peu plus petit qu’elle mais Elwen se sentit
intimidée par son regard scrutateur.
    — Alors
pourquoi restez-vous là, à moitié gelée ? Un vrai toit de pierre n’aurait-il
pas mieux convenu ?
    Elwen
ne répondit pas.
    — Vous
êtes une des dames de compagnie de la reine ?
    Elwen
fut surprise. Après tout, s’il connaissait sa position, il pouvait aussi savoir
pourquoi elle voulait lui parler. Peut-être qu’il était sorcier ?
    — Comment
le savez-vous ?
    — Je
me suis renseigné pour savoir qui était cette ombre charmante toujours derrière
moi depuis que je suis ici. Chaque fois que je me retourne, vous êtes là.
    Elwen
se sentit penaude. Elle avait pourtant fait preuve d’une grande prudence, lui
semblait-il.
    — Quel
est votre nom ?
    — Grâce.
    — Comme
c’est approprié, commenta Pierre avec dans les yeux un air charmeur. Et vous,
Grâce, souhaitez-vous savoir si les histoires qu’on raconte à mon sujet sont
vraies ? Si c’est bien le diable qui a écrit mon roman ? Si je suis un
enchanteur démoniaque venu ensorceler le roi grâce à ma magie noire ?
    — Non,
répondit Elwen en se redressant et en s’obligeant à le regarder droit dans les
yeux. Je suis venue demander à un poète de m’éclairer sur son art.
    C’était
au tour de Pierre d’être surpris.
    — Est-ce
bien vrai ? sourit-il en ayant l’air de réfléchir. Eh bien, il me reste un peu
de temps avant de me préparer pour ce soir. Vous pourrez poser vos questions,
dame Grâce, mais seulement une fois que nous serons à l’abri. Peut-être
devrions-nous attendre d’être dans ma chambre. Nous y serons à l’aise pour
discuter de poésie.
    En traversant
le palais, Elwen fit attention à garder la tête baissée en espérant que
personne ne la reconnaîtrait et ne viendrait à l’interpeller. Dans les couloirs
circulait une foule de domestiques, de clercs et de courtisans. Certains
aidaient aux préparatifs pour la soirée, d’autres vaquaient à leurs occupations
habituelles. Pendant tout le chemin, elle entendit les pas du troubadour
derrière elle et ses yeux braqués sur sa nuque. Ils arrivèrent à la chambre où
Pont-Evêque était

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