Le livre du cercle
roi.
Tout
en écoutant la conversation, Elwen se leva et se dirigea droit vers le lit.
Elle tendit l’oreille, attentive au moindre bruit venant de la porte.
— Et
le reste de la salle ?
— Nous
avons suivi vos ordres.
— Vous
comprenez, une fois, à Cluny, tous les bancs avaient été installés n’importe
comment. Résultat, je chantais en tournant le dos à la moitié du public !
— Nous
les avons placés comme vous nous l’avez expliqué, messire.
— Très
bien. J’y serai dans une minute.
Pierre
ouvrit la porte. Il parut légèrement surpris de voir Elwen debout au milieu de
la pièce, mais il lui sourit.
— Hélas,
je dois quitter votre si charmante compagnie, madame. Je suis attendu.
— J’ai
également à faire, dit Elwen en lui retournant son sourire. Si je n’ai pas fini
à temps certaines tâches, je ne pourrai pas assister à votre spectacle. Je suis
honorée que vous vous soyez confié à moi.
Elwen
sentait toute l’amoralité de sa position.
— Dans
ce cas, Grâce, me feriez-vous l’honneur d’une seconde entrevue après le
spectacle ?
— Si
mes devoirs me le permettent.
Pierre
prit son sac, le jeta sur son épaule et lui ouvrit la porte.
— J’espère
que ce sera le cas.
Il
s’engagea dans le couloir.
— Oh
! Un moment ! fit-il en pivotant. Vous avez quelque chose qui m’appartient.
Le
visage d’Elwen s’immobilisa.
— Comment
cela ?
— Ma
couverture, dit Pierre en marchant vers elle. Je serai frigorifié sans elle.
Cette chambre est un vrai tombeau.
— Elle...
elle est trempée ! bafouilla-t-elle. Et si je l’enlève, je vais geler sur
place. Je dirai à un domestique de vous en apporter une. Deux, même.
Pierre
lui fit une révérence.
— Alors
gardez-la. Avec ma bénédiction.
Elwen
attendit un moment, le temps qu’il s’éloigne, puis elle partit dans la
direction opposée. Maintenant que ses nerfs se relâchaient, elle était étonnée
du sentiment de triomphe qui l’envahissait. Sous la couverture, elle pouvait
sentir la forme compacte du Livre du Graal contre sa poitrine.
Quand
elle arriva dans sa chambre, Maria était en pleine agitation.
— Où
étais-tu ? s’exclama-t-elle en bondissant de sa couche. La reine est
mécontente. Tu étais censée l’habiller après son bain !
Le
visage d’Elwen se décomposa.
— Je
pensais avoir un moment.
Exaspérée,
Maria leva les bras au ciel.
— Comment
peux-tu oublier des choses pareilles ?
— A-t-elle
l’intention de me punir?
Maria
lança à Elwen un regard sévère.
— J’ai
dit à la reine que tu étais au lit à cause d’une douleur à l’estomac et je t’ai
remplacée. Ne t’inquiète pas, tu ne rateras pas le spectacle. Je lui ai dit que
tu serais sûrement remise, que ce n’était qu’une légère indisposition sans
doute due à quelque chose que tu as mangé ce matin.
— Quelle
chance j’ai d’avoir une amie comme toi.
— Tu
peux le dire, pesta Maria.
Puis
elle aperçut la couverture.
— Qu’est-ce
que tu fais avec cette vieillerie ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils. Et
qu’as-tu fait de ton bonnet? Tu es toute trempée, Elwen !
— Je
dois te demander quelque chose.
Maria
leva les sourcils d’un air interrogateur.
— C’est
ton amoureux que tu es allée rencontrer sous la pluie pendant que je te
remplaçais ? demanda-t-elle en souriant. Maintenant, tu es obligée de me dire
de qui il s’agit.
— Maria,
c’est important.
Le
sourire de Maria s’évanouit.
— Qu’est-ce
qu’il y a?
— Je
n’ai pas envie de t’impliquer dans toute cette histoire, mais je n’ai pas le
choix. Tu m’as déjà aidée aujourd’hui, et je te jure que je te revaudrai ça,
mais j’ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi et je ne peux pas te dire
pourquoi.
Maria
hocha lentement la tête.
— C’est-à-dire?
— Je
dois envoyer un message au Temple le plus vite possible. Il faut que tu ailles
voir Ramon. Je pense qu’on peut lui faire confiance. Il pourra quitter le
palais sans trop de problème, et il acceptera de porter le message si c’est toi
qui le lui demandes.
Maria
fit semblant de rougir.
— Je
n’en suis pas si certaine. Je ne suis même pas sûre qu’il m’ait remarquée.
— Mais
il est quand même ton ami.
— Peut-être,
oui.
— Je
ne veux pas écrire ce message. Ramon doit rapporter mes paroles en personne.
— A
quelle intention ?
— Un
prêtre. Everard de Troyes.
— Un
prêtre ! Ne me dis pas que tu es amoureuse
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